Algérie

Batna : Le manuel parascolaire, une catastrophe pédagogique


Rien ne semble arrêter des prétendus éditeurs qui alimentent le marché du livre et du manuel scolaire par des « horreurs » qu?ils appellent manuels ou précis. Un chapelet de fautes, d?erreurs, de niaiseries et de fadaises transforme le soit-disant manuel en mille et une erreurs. Aucune matière enseignée n?échappe aux nouveaux « éditeurs » : informatique, langues, médecine, architecture et autres matières considérées comme importantes, surtout pour les classes d?examen, et en particulier les futurs bacheliers. Une cible de choix et surtout un gain facile, il n?y a aucun contrôle, mais aussi et surtout aucun droit à payer. Nous avons interrogé des libraires et aussi des gens du métier, à savoir enseignants et inspecteurs d?enseignement. Ils sont unanimes : le secteur, jusque-là épargné par la contrefaçon et l?ersatz, attire comme des mouches les faussaires qui ont du flair, et le rush ou l?engouement que connaissent certaines matières, telles que la langue française, l?informatique, l?initiation à l?Internet, qui constituent un pactole inespéré pour les éditeurs d?un jour. Pour R. Guerfi, propriétaire d?une librairie depuis 1962, le piratage était prévisible, il nous dira à ce sujet : « Si le manuel scolaire édité par l?Etat a été plagié et l?hymne national écorché, je ne vois pas pourquoi les pirates se gêneraient pour dupliquer ce qui est sur le marché en toute impunité, depuis une dizaine d?années. Ils ont inondé le marché du manuel parascolaire par des monstruosités en bénéficiant de l?impunité ; ils se croient tout permis. Pour votre information, aucune discipline n?est épargnée, nous avons vu dernièrement des manuels de langue arabe sans ponctuation? »S. Sadouki, enseignant de langue française au cours moyen, conforte les propos de notre premier interlocuteur et ajoute : « J?ai trouvé chez mes élèves des prétendus cahiers pour l?apprentissage de l?alphabet de la langue française, en plus des dessins très mal faits, des fautes d?orthographe inacceptables et des traductions littérales qui prêtent à rire, mais peut-on le faire quand il s?agit de nos enfants ? » Effectivement, aucune discipline ou matière n?échappe au piratage et à la duplication sauvage. Nous avons pu voir quelques spécimens de cette nouvelle forme de fraude, retrouvés chez des citoyens : le constat est amer, mais combien réel. En plus de la duperie, il est impossible de retrouver trace, ni de l?auteur ni de l?éditeur, car il n?y a aucune mention, ni au prélude, ni au verso, sauf dans les cas où le travail est de bonne facture, sinon l?adresse est fausse ou inexistante. M. Mahmoudi, inspecteur de langue française des cours moyens, enfonce le clou, en déclarant. « Si le livre scolaire officiel n?est pas épargné, et la bourde de l?hymne national le prouve, je vois mal comment l?Etat peut protéger ou encore surveiller le domaine de la publication où un grand désordre règne ». Il ajoute, en guise de mot de la fin : « La publication du livre est une chose trop sérieuse et trop sensible pour la laisser à n?importe qui, ce qui se passe, hélas ! C?est devenu une marchandise comme les oignons ou les pommes de terre. Il est peut-être souhaitable que l?institut national de recherche en éducation (INRE) élargisse son champ d?action pour avoir droit de regard sur la production, et surtout la duplication faites par des éditeurs et producteurs privés, en attendant la création d?un organisme ou commission dans ce sens ». La tâche est rude mais impérative, on ne le dira jamais assez.
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