Algérie

Batna enterre ses morts



Hier, au lendemain de l?attentat suicide qui a happé la vie à 22 personnes, la ville de Batna plongeait dans un calme plat. La population était encore sous le choc et semblait hésiter à sortir. Peu de magasins étaient ouverts la matinée. Les trottoirs de la ville sont vides. L?on voit seulement des policiers et d?autres agents de sécurité, tous corps confondus, qui quadrillaient la résidence d?Etat de la wilaya où le président de la République avait passé la nuit à la fois en guise « de solidarité avec les victimes » et pour effectuer sa visite dans la wilaya qui a été annulée hier à cause de l?attentat. C?est le week-end, certes, un vendredi de surcroît, mais le drame de la veille y est pour beaucoup. Les habitants semblent ainsi avoir préféré rester tranquilles chez eux que de risquer leur peau à l?extérieur. Surtout que le Président est toujours en ville. La présence policière dans le moindre recoin de la ville, sous les terrasses et sous les ponts, aurait convaincu les citoyens de rester à la maison. Le chef de l?Etat avait annoncé la veille qu?il avait décidé d?effectuer sa visite de travail telle que programmée avant l?attentat. Cela a été interprété par nombre de citoyens comme un défi aux terroristes. Ainsi, le chef de l?Etat a entamé sa tournée aux environs de 9h30, sous un dispositif sécuritaire des plus draconiens. Tout au long des cinq points qu?il a visités, le Président traînait derrière lui une véritable armée. La visite a été expéditive. Mis à part un accueil populaire de quelques centaines de personnes au centre-ville, le chef de l?Etat avait effectué sa tournée, cette fois-ci, sans bain de foule. Il était également peu loquace, lui qui a l?habitude de rechercher le petit détail pour s?assurer de tout. La seule intervention notable est celle qu?il a faite au niveau du premier point de sa visite où il a posé la première pierre du projet de la couverture de l?oued traversant la ville de Batna. Là, il a totalement désapprouvé le choix limité d?une seule entreprise, à savoir Cosider, pour la réalisation de ce projet. « Je n?aime pas les projets confiés à une seule entreprise », a-t-il avoué. Après avoir terminé sa visite de travail, le premier magistrat du pays est retourné au chef-lieu de wilaya où il a pris part à la prière des morts avant de regagner dans l?après-midi Alger. Entre-temps, la capitale des Aurès a enterré ses morts. Par ailleurs, et au moment où le Président se trouvait à l?intérieur de la résidence de la wilaya, des milliers de personnes ont marché un peu dans la ville dénonçant l?attentat suicide et le terrorisme dans son ensemble. Les manifestants se sont rendus devant le siège de la wilaya tout en criant « vive Bouteflika », « Djeich, chaâb maâk ya Bouteflika » (l?armée et le peuple sont avec vous Monsieur Bouteflika) ou encore « aouhda talitha » (troisième mandat). Le ministre de l?Intérieur est ensuite sorti féliciter la foule pour son courage. Les organisateurs de la manifestation qui a duré près d?une heure ont distribué un communiqué où ils appelaient à une révision constitutionnelle rapide afin de « permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat ».


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