Des chefs d’établissements se démènent comme ils peuvent pour ne pas renvoyer les enfants chez eux.
Z’mala est le quartier le plus ancien de la ville de Batna. Il date du milieu du 19ème siècle. Dans ce quartier on rase les petites maisons coquettes pour les remplacer par des constructions qui ne répondent parfois à aucune norme architecturale. Ce sont des propriétaires privés et ils sont libres de concevoir comme ils le voient! Comme le scrutin se déroulait dans des écoles primaires, c’était l’occasion pour nous de visiter deux établissements de ce vieux quartier. D’abord, l’école Fethallah Messaoud. Véritable vestige, datant de 1958, elle héberge quelque 600 élèves avec deux classes d’examen de fin de cycle primaire. Tôt dans la matinée glaciale du fameux jour du scrutin, des ouvriers de l’APC s’affairaient à réparer la chaudière pour que, nous a-t-on dit, le vote se passe dans de bonnes conditions. Chose qui, apparemment, n’était pas nécessaire pour ces enfants qui viennent quotidiennement y passer toute la journée!
Ce sont, pour rappel, des enfants âgés entre 5 et 11 ans. Quelques rafistolages et la chaudière s’est mise en branle apportant ainsi un peu de chaleur aux surveillants et autres chargés du scrutin qui avaient quand même gardé leurs manteaux et autres kachabias. Vu la situation, une visite de l’école s’était imposée trois jours après l’opération des locales. A l’entrée, un tas de cartons bourrés de bulletins bleus et blancs, et les kits qui ont servi d’isoloirs étaient entassés juste à l’entrée où nous sommes reçu par le gardien de l’école. «Ils ont fini le vote et ils sont partis en laissant tout en l’état», nous a-t-il expliqué, comme pour s’excuser. «J’ai ramassé tout ça et j’ai dû passer toute la journée à nettoyer salle par salle et à transporter tout ce matériel pour le déposer ici. J’attends que les services de la commune passent pour le prendre», dira-t-il. Ce jour-là, le directeur était en train de courir à gauche et à droite pour aller supplier ces mêmes services de venir réparer de manière définitive la chaudière. «Sinon je serai obligé de renvoyer les enfants chez eux», nous a-t-il avoué, l’air consterné, à son retour.
A l’entendre parler des conditions intenables dont est organisée la gestion de nos écoles primaires, il n’ y a vraiment pas de quoi être fier de ce secteur. Etre directeur d’une école primaire ici, n’est pas une sinécure. Devant s’occuper de toutes les questions matérielles puisqu’il joue le rôle de gestionnaire, factotum, et qu’il s’occupe des relations extérieures, on ne voit pas ce qui lui reste comme marge à consacrer au volet pédagogique! Autrement dit, sa véritable mission. «En sus de toutes cela, je dois m’occuper de la distribution de quelque 1.000 repas froids par jour et ce n’est pas chose aisée lorsqu’il s’agit de garantir l’alimentation des enfants en veillant aux règles d’hygiène», a-t-il ajouté. L’école en question possède une cantine dotée de tout le matériel, sauf que les autorités lésinent pour le recrutement du personnel. Pourtant, à entendre les autorités et les responsables du secteur à l’heure des évaluations, on croit réellement que nos écoles baignent dans le bonheur ! Juste derrière cet établissement, une deuxième école, Khelif Hadda, qui vit presque les mêmes conditions. Bénéficiant d’un programme d’extension, quatre classes devaient, selon les délais, être déjà réalisées.
En effet, selon ce que nous avons recueilli sur place, les travaux confiés à un entrepreneur connu pour ses retards dans la réalisation, ont démarré au mois de juillet et n’ont pas du tout avancé, perturbant ainsi le bon déroulement des cours. «Hier, j’ai dû appeler les services de la commune pour qu’ils intiment l’ordre à l’entrepreneur d’arrêter le bruit infernal de sa bétonnière. Les enfants sont en pleine période d’examen et ont besoin du calme», nous a déclaré le responsable de l’établissement. Les portes de 7 salles de classe ont été fracturées par un responsable de daïra le jour du scrutin aux environs de 4h30 du matin ; l’autre conséquence négative générée par l’opération du vote et dont s’est plaint notre interlocuteur. «C’est parce que j’ai fait un peu de retard que ce responsable a perdu patience et a cassé les portes. Je me retrouve aujourd’hui avec des dépenses en plus», s’est plaint le responsable. Voici le constat des lieux où doit être dispensée la science à nos chérubins qui méritent beaucoup mieux que la langue de bois distillée lors des réceptions et autres «Tekrimate».
Lounes Gribissa
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Posté Le : 06/12/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Lounes Gribissa