Algérie


Batna
Une citadelle debout depuis 1000 ans nonchalante envers le temps qui passe, témoins des siècles d'histoire, semble aujourd'hui s'adonner au spectacle d'une urbanisation débridée usant du béton qui envahit la vallée.Sur les rives de l'oued qui longe la ville sur son côté sud, certains arbres se parent déjà de fleurs blanches alors que d'autres, bravant le froid, exhibent fièrement leurs premiers bourgeons. Les habitants, eux, ne sont nullement surpris puisque depuis déjà longtemps ils avaient prévu de fêter le printemps. Cette manifestation millénaire persiste et défie le temps. Balcons et fenêtres sont parés de tapis aux couleurs chatoyantes. Les deux minarets qui dominent la citadelle n'échappent pas à la règle comme pour dire que religion et traditions ne se contredisent pas. En contrebas, aux abords de la route et au pied de la cité un coin a été aménagé pour la circonstance.Des fillettes en robes chaouies, assises à même le sol, exhibent les tâches quotidiennes des femmes : l'une roule le couscous, l'autre file la laine, une autre secoue l'outre pour préparer le petit lait, une quatrième s'affaire avec un mortier répétant des gestes augustes transmis par les mamans. Les habitants, femmes, enfants et hommes sont partis, comme le veut la tradition, de bonne heure vers la montagne afin de récolter quelques branches de chêne, de genévrier ou autres herbes vertes, couleur symbolisant le printemps.Vers 11h une procession formée par le reste des habitants chargés de préparer à manger s'ébranle pour aller à la rencontre des cueilleurs. La jonction se fait à mi-chemin de la montagne sur un grand terrain et la fête commence. Les chevaux merveilleusement harnachés, comme conscients de ce qui les attend, montrent une certaine impatience à galoper. Leurs cavaliers armés de «fouchis» (sorte de tromblons) sapés à la traditionnelle, bien assis sur les selles en cuir ciré et bariolées tirent d'une main ferme sur les brides afin d'immobiliser leurs montures qui affichent la même irritabilité, prêts à bondir. Et sous le rythme des bendirs (tambourins) et les sons des flûtes chaouies, ils s'élancent dans une course effrénée en tirant des salves tantôt à tour de rôle tantôt ensemble.Le rythme de la musique entraîne les présents, désarmés, qui se laissent aller à quelques pas de danse. Les youyous des femmes fusent de partout et la joie atteint l'apothéose. La journée se termine par un match de «thakourt», une sorte de hockey sur gazon, sport pratiqué un peu partout dans les régions d'Algérie. «Avant, c'était un tournoi qui durait une semaine entière et même les femmes participaient à ces matches», nous explique Moussa Kalla, président de l'association «Thafsouth» (printemps). «Aujourd'hui, de nouvelles m?urs se sont installées et font obstacles à la pratiques de nos rituels», a-t-il ajouté.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)