Algérie

Bataille de Guergour (Miliana), une démonstration de la barbarie du colonisateur



La bataille de Guergour (Miliana) survenue le 17 octobre 1957, constitue une preuve "tangible" de la cruauté du colonisateur français et de sa barbarie à l'adresse des populations algériennes avides d'indépendance et de liberté, affirment des intellectuels de la ville.Mais, à l'inverse de ce que pensaient les instigateurs de cette attaque qui porte le nom de l'oued prenant naissance à Miliana pour se déverser à Khémis Miliana, celle-ci n'a pas réussi à fléchir la mobilisation de la population de l'ensemble de la région, lui faisant prendre conscience de la justesse de la cause pour laquelle se battent ses concitoyens, ont-ils tenu à mettre en évidence.
Relevant que la bataille de Miliana est intervenue quelques jours seulement après celle d'Alger (8 octobre) à l'issue de laquelle d'illustres combattants tels Ali la Pointe, Mahmoud Bouhamidi et Hassiba Benbouali étaient tombés en martyrs, l'enseignant à la faculté d'histoire de l'université "Djillali Bounaâma" de Khémis Miliana, AbderahmaneTounsi, a noté que la mobilisation suscitée par la bataille de Miliana a gagné toutes les régions de l'Algérie.
"Même si l'Armée de Libération Nationale (ALN) et l'Organisation civile du Front de Libération nationale (OCFLN) avaient été quelque peu affaiblis suite à cette bataille, il n'en demeure pas moins que l'adhésion à la cause nationale de nombreux pans de la population s'est élargie à toutes les régions d'Algérie", a-t-il fait remarquer.
Voulant venger les victimes de la bataille d'Alger, Si Abdelaziz aux commandes d'un groupe de moudjahidine entreprenait d'entrer à la caserne de Miliana (située au sud de la ville en contrebas de l'hôpital) par les égouts y affluant en vue de tuer le maximum de soldats français, a-t-il expliqué.
Ayant eu vent de ce plan, Bigeard et Massu ordonnèrent à leur troupes d'encercler la caserne. Les moudjahidine dont 11 sont morts héroïquement livrèrent bataille aux paras, leur faisant subir de lourdes pertes que la presse n'a jamais publiées pour sauvegarder le moral de la population française très éprouvée et désespérée.
La cruauté à son paroxysme
Un ex-enseignant et non moins passionné de l'histoire de la ville de Miliana dont il a écrit cinq livres, Mohammed Landjrit a, pour sa part, mis l'accent sur la cruauté dont ont fait preuve les troupes de Bigeard et de Massu au cours de cette bataille.
Remarquant un attroupement autour du jet d'eau du centre-ville, M. Landjrit, jeune collégien alors âgé de 13 ans, voulut assouvir sa curiosité, découvrant un spectacle des plus affligeants formé de cadavres de moudjahidine tués lors des combats et que l'Armée française n'a pas hésité à exposer en guise de représailles et à titre dissuasif.
"C'était une manière de dire aux Algériens +si vous prenez part à des actes de violence contre l'armée française, voilà ce qui risque de vous arrivez+", a-t-il affirmé, observant que par leur geste, les sanguinaires Bigeard et Massu ont fait preuve d'"un sens inégalable de sauvagerie".
"Mais, ce qui renseigne sur l'esprit machiavélique des autorités militaires françaises c'est que contrairement à ce que l'on pense, les cadavres exposés autour du jet d'eau de la ville n'étaient pas ceux des moudjahidine tués lors de la bataille de Miliana mais ceux de personnes abattues alors qu'elles s'apprêtaient à rejoindre leur demeure après une journée de travail", a-t-il témoigné.
"Se trouvant par infortune sur les lieux de l'accrochage, ils ont été habillés à la hâte et exposés de telle sorte à ce que tout le monde puisse les voir, l'essentiel étant la dissuasion des plus téméraires à soutenir" les moudjahidine, a-t-il encore ajouté.
Pour lui, la présence des soldats français à Miliana vient en réponse de la sollicitation faite par le maire de la ville, Bonnet qui, quelques jours avant la fameuse bataille, avait sollicité les hautes autorités militaires de son pays pour assurer une plus grande sécurité des colons.
En effet, a-t-il expliqué, il ne passait pratiquement pas un jour sans que les moudjahidine ne prennent pour cible des bars de la ville, tendant même des embuscades contre les soldats français.
Lui emboîtant le pas, l'ex-directeur du musée de Miliana, Abbas Kébir Benyoucef a, pour sa part noté que dans le sillage de cette bataille qui a duré 10 jours, l'hostilité à l'égard des Algériens a été telle que tous ceux qui étaient suspectés d'appartenir ou d'aider l'ALN étaient embarqués et dirigés vers la caserne théâtre des affrontements.
"Toutes les pratiques de torture étaient permises dès lors qu'elles étaient supervisées par Bigeard et Massu", a-t-il soutenu, signalant que dans les régions s'étendant jusqu'à Hammam Righa, les villageois vécurent, de longs mois durant, le calvaire au quotidien, subissant les séances de tortures les plus abjectes (chalumeau, baignoire).
M.Benyoucef a affirmé que sous la torture, nombreux étaient ceux avaient rendu l'âme, finissant dans une fosse commune, creusée dans le cimetière de Koudiet el Ghrab.
"Même l'environnement n'a pas été épargné par l'acharnement des envahisseurs dans la mesure où des arbres centenaires et des vergers entiers ont été rasés pour empêcher les moudjahidine de s'y cacher", a-t-il noté avec désappointement.


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