Algérie

Bardo : Les exclus du relogement sont toujours là


La situation au niveau du quartier Bardo a évolué vers le pire pour plusieurs familles, «oubliées» par cette 2ème tranche de l'évacuation des habitants vers la nouvelle ville Ali Mendjeli. D'autant que leur expulsion a coïncidé avec le début du mois de Ramadhan et la rentrée scolaire.

Installés sous des tentes, offrant un spectacle désolant vu du pont Sidi Rached, ou tout autre lieu surélevé, près d'une cinquantaine de ménages luttent contre l'adversité au pied de la ville des ponts. «Nous n'avons pas savouré une chorba chaude durant ce Ramadhan», devait résumer les choses une vieille qui vit sous une tente avec ses enfants. Et pour les pères de familles, autant que pour les mères d'ailleurs, la scolarisation des enfants constitue une autre préoccupation de taille. Si pour les ménages évacués vers Ali Mendjeli la prise en charge des enfants scolarisés a été satisfaisante, le cas ne l'est pas pour ceux qui sont restés. «Où pourrais-je inscrire mes enfants ?», s'est lamenté un parent d'élève. «Ne sommes-nous pas des citoyens qui ont des droits, au moins le droit au logement et à la scolarisation des enfants ?», s'interroge un jeune homme exclu de la liste des familles évacuées du site de Bardo.

En tout cas, le temps a été suspendu pour toutes ces familles qui semblent se dissoudre dans l'espace entre l'être et le néant. Le décor d'une cité en «ruines», où les bulldozers rasent toutes les habitations libérées de leurs occupants, ajoute à la détresse de ces familles qui, au delà de la problématique de leur occupation des lieux (légale ou illicite), mérite plus d'attention de la part des autorités locales, des élus et de la société civile. «C'est de toute évidence bien mieux que de laisser les choses pourrir dans l'indifférence», comme le souligne le mouvement El-Islah (le seul parti à réagir vis-à-vis de l'opération de relogement des habitants de Bardo) dans un communiqué transmis à notre rédaction. Plus loin encore, le communiqué plaide pour la sauvegarde des droits de l'homme dans cette affaire de relogement des riverains de Bardo.

La tragédie plane sur ce quartier qui, depuis la fin du mois d'août, vit au rythme des émeutes, des expulsions manu militari, des arrestations et des mises sous mandat de dépôt. Et ces deux derniers jours, c'est la mort qui plane sur les lieux. Ce samedi dans la matinée, un homme de 45 ans tue sa femme à coups de couteau et finit par se donner la mort en se poignardant et en ingurgitant de l'esprit de sel.

Hier encore, l'écroulement d'un mur d'une bâtisse en démolition avait provoqué la mort d'un ouvrier et causé de graves blessures pour un deuxième travailleur. Un mauvais sort est-il jeté sur Bardo ? Croire ou ne pas croire aux coups du mauvais sort, la tension est immanquablement appelée à monter lors de la 3ème tranche de l'évacuation, ciblant des zones «sensibles», dont l'avènement est prévue pour l'après-Ramadhan.


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