«Baramij»

L'Algérien non «paradiabolé» est-il à plaindre ? Un soual auquel on serait tenté de répondre par l'affirmative, eu égard aux émissions aussi intéressantes que passionnantes qui lui échappent. Mais l'on peut penser, aussi, qu'il ne peut pas regretter d'avoir perdu ce dont il n'avait pas conscience d'avoir possédé. Ce qu'il perd à coup sûr, par contre, c'est cet indicible plaisir que procure le fait de zapper. Ah ! Quelle joie et quel soulagement, aussi, de pouvoir échapper à l'insidieuse tentative de violence assenée à coups de «mousselsel arabi» qui s'incruste dans notre écran (est-il le nôtre ?), qui a fini par ne même plus faire pleurer nos adolescentes. Ces navets sont rediffusés pour les insomniaques (pour les assommer ?), n'en déplaise à ceux qui préféreraient le produit local. Ils doivent être nombreux à penser, à tort ou à raison, qu'un «sketch-chorba» ou une «farce-kalentika» peut bien valoir une sauce à la «mouloukhia» irriguée par les débordements du Nil. Indigestion pour indigestion, faisons travailler les «cuistots» algériens; on trouvera toujours un antidote pour une intoxication d'origine locale. Et la «cuisine» algérienne pourrait s'améliorer si on permettait aux gens de la pratiquer régulièrement. Mais c'est une autre histoire qui passe par des chemins sinueux aux voies impénétrables. Celui qui peut échapper à l'inspiration du verbiage creux des «doktors» et des «mouhendès» n'a qu'à éteindre sa télé pendant que l'ENTV, clonée en trois chaînes (que Dieu lui pardonne), continuera à improviser un programme faisant dans le nimportequoitisme, comme si ses responsables étaient convaincus de l'indifférence des téléspectateurs. Pourtant, la dernière émission de « Alhan oua chabab » nous prouve par son professionnalisme qu'on est capable du beau. A croire que ce pays ne sera sauvé que par les femmes. Merci Leïla.