Algérie

BANQUE MONDIALE Leçons pour «une bonne» Gouvernance


Au cours d'initiation à la gou-vernance que propose de lui donner laBanque mondiale, l'Algérie accole le concept d'endogéniésation pour pouvoirintégrer dans des schémas d'évaluation des indicateurs spécifiques à chaquepays. Cette approche a été transmisehier par le président du Conseil national économique et social (CNES) quiorganise durant deux jours à la résidence El-Mithak, un séminaire sur « lesindicateurs composites de gouvernance ». Edouard Al-Dahdah, spécialiste dusecteur public est son hôte pour être cette voix autorisée de la Banquemondiale qui en explique le contenu. « La gouvernance est l'exercice del'autorité au nom des citoyens sur le pays ». C'est la définition qu'il donne àce concept qui qualifie de « neutre comme l'Etat ».  Mais s'il est précédé de « bonne», cela lui ajoute selon le communicant, « une dimension normative ». EdouardAl-Dahdah avoue que les institutions de Bretton Woods ont commencé à réfléchirsur la gouvernance au lendemain des événements du 11 septembre. « Pourquoi le Moyen-Orient et l'Afriquese ferment-ils à la démocratie et au développement ? sommes-nous interrogésstupidement », a-t-il fait savoir à une assistance composée de représentants dedivers horizons. Représentants que Mohamed-Seghir Babès appelle « réseauconnaissant » qui est venu comme « apprenant » face aux experts de la Banquemondiale. « Nous avons donc penser à évaluer la gouvernance sur la based'indicateurs universels comme la justice, les droits humains, l'égalité, laparticipation... pour voir comment y arriver » explique Al-Dahdah. Il note quele rapport sur la gouvernance élaboré en 2003 par la Banque mondiale sur larégion MENA en parle dans le détail. Le coordonnateur des systèmes des NationsUnies en Algérie, De Bernis, évoquera dans ce sens, les objectifs de développementdu Millénaire parmi lesquels la gouvernance, dit-il, « est un élément clef ».Parce que fait-il remarquer « sans la gouvernance, il n'y a pas dedéveloppement ».  Pour De Bernis qui est le fils dupère de l'Industrie industrialisante, « c'est une gouvernance internationalequi rappelle aussi aux pays développés leurs obligations comme l'annulation dela dette, l'aide publique au développement, l'accès au marché...». Pour lesEtats qui doivent la prouver, la gouvernance doit être évaluée selon lui « enfonction des particularités de chaque pays ». Il promet que «les institutionsinternationales sont là pour soutenir les efforts nationaux de manière modesteet humble. Vous pouvez compter sur nous». «ON EST EN TRAIN DE NOUS REGARDER À LA LOUPE»Le président du CNES lui rend l'amabilité en lui disant « merci de nousaccompagner dans cela, vous le faites d'une façon exemplaire ». Avant,Mohamed-Seghir Babès avait lancé « on est en train de nous regarder à la loupeà travers nos indicateurs, notre phase de transition, nos systèmesd'évaluation, nous considérons comme extrême nécessité le fait de faire croiserles standards internationaux établis, convenus, avec l'endogéniésation ». Leprésident du CNES fera de ce dernier concept la condition de l'Algérie pour seprêter à l'évaluation de sa gouvernance ». Il explique que pour le faire ilfaut, dit-il que « nous rentrions dans l'ordre des questionnaires, c'est-à-diremettre une part de nos ingrédients dans le code d'accès, parce que jusqu'àmaintenant, l'agenda mondial est élaboré d'une manière unilatérale par toujoursles mêmes acteurs ».  Babès estime qu'ainsi « nous enconstruirions les outils ensemble, façon de nous rendre complètementresponsables de ce qu'il se fait et l'être de façon adulte, partenaires etacteurs à part entière ». Il dira dans ce sens aux journalistes en marge duséminaire que « Transparency aurait pu nous consulter pour faire son rapport,il aurait été plus crédible ». Le représentant de la Banquemondiale à Alger, Yves Duvivier approuve les remarques de Babès puisque dèsl'ouverture du séminaire, il rassure en indiquant que la démarche enclenchéepour évaluer la gouvernance « ne doit pas être dictée mais choisie, acceptéepar le pays ». Sa garantie à cela, la signature en janvier dernier, d'unprotocole de coopération dans ce domaine entre l'institution qu'il représenteet le CNES en ne manquant pas de préciser que «la Banque mondiale n'est pas làaujourd'hui pour jouer son rôle original de bailleur de fond mais apporte uncertain nombre de connaissances pour les partager ». D'où, l'organisation deséminaires méthodologiques « de calcul d'indicateurs sur la base d'une palettede techniques en vue d'avoir les différentes possibilités pour apprécier lagouvernance ». C'est son collègue Edouard Al-Dahdah qui se chargera deprésenter dans le détail les enquêtes menées à cet effet. Il le fera d'unemanière comme il le dit si bien « très technique et même un peu lourd ».«ET LA MARGE D'ERREUR ?»« Calculer » la gouvernance sur la base de standards internationaux,n'est-ce-pas une manière d'uniformiser les indicateurs et imposer des modèlespré-établis ? Interroge un intervenant. Qui donc de la pertinence de certainesvariables par exemple culturelles et fonction et rôle de la légitimitépolitique.  « On prend le plus petitdénominateur commun pour établir une comparativité entre ce qui se fait ici etce qui est retenu là bas (dans le monde). On reconnaît que par la perte dudétail, on perd la finesse mais par cette technique, on gagne en comparabilitéparce qu'elle encourage à aller de l'avant, à pousser à la réalisation desréformes. Elle oblige ainsi à une sorte de concurrence », lui répond Al-Dahdah.De Bernis reproche lui pour sa part « pourquoi n'avez-vous pas englobé dans vostechniques, la coopération internationale comme le paiement de la dette ? ».  Il interroge aussi à juste titre« un pays qui envahit un autre, n'est-ce-pas de la mauvaise gouvernance et dansce cas, ne faut-il pas arrêter d'évaluer la gouvernance aux frontières et voircomment les pays agissent sur la scène internationale ». Sinon « comment lessources elles-mêmes font-elles leurs enquêtes et calculent leurs indicateurs ?» demande le coordonnateur des systèmes des Nations Unies en Algérie. Commeréponse, Al-Dahdah se suffit à reconnaître que « aucun de ces indicateurs neconcerne la gouvernance internationale, elle est présentée dans des travauxd'experts mais pas comme élément clef ». Le communicant passe à autre chose etexplique « l'efficacité » des techniques retenues comme moyen d'avoir permisd'évaluer la gouvernance en Irak et en Libye. « Leur gouvernance était mauvaisemais s'est améliorée quand ces deux pays sont passés dans le bon camp ». Iln'expliquera pas cependant, si c'est ou non et l'embargo et l'invasionaméricaine qui ont permis respectivement à la Libye et l'Irak de passer dans«le bon camp ». Al-Dahdah estime que «la légitimisation des enquêtes de laBanque mondiale est prouvée en démontrant si la taille de l'échantillon despays questionnés est grande ou pas, si le nombre des questions l'est ou pas(...) ».  Enquêtes faites selon lui de «90% d'universalité et de 10% de particularité ». Et la marge d'erreur ? « Pluselle est grande et plus l'indicateur du pays est faible », répond-il. Aucun intervenant ne luidemandera son appréciation du mécanisme d'évaluation par les pairs que lesinitiateurs du NEPAD se targuent d'avoir créé pour apprécier la gouvernance enAfrique et auquel l'Algérie s'y est prêtée. La parole ne sera pas donnée aux journalistespour des considérations de « timing ».
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