La stratégie de Paul Wolfowitz décriée A la tête du groupe de la Banque mondiale depuis deux ans, l?ancien secrétaire adjoint américain à la Défense, Paul Wolfowitz, est de plus en plus critiqué quant à sa stratégie. Ce débat, qui fait rage au conseil d?administration, intervient alors qu?a débuté cette semaine la reconstitution des fonds de l?Association internationale de développement (AID), l?un des principaux outils de financement de la banque qui doit, pour l?alimenter, mobiliser ses Etats membres. La controverse est publique depuis que les médias américains ont révélé, fin janvier, le compte-rendu d?une réunion houleuse entre le président et ses administrateurs, engagés, selon la chaîne de télévision Fox News, dans une « guerre de tranchées ». La discussion portait sur la stratégie de la banque, exposée dans un rapport de la direction : « Plusieurs membres ont souligné que le contenu du rapport ne répondait pas à leurs attentes », indique le compte-rendu, diffusé sur l?internet. « Ils ne savaient que penser de la liste et du classement des priorités dans l?exposé », poursuit-il. « En l?absence d?un cadre convenablement articulé, les orateurs ont estimé difficile d?en comprendre et d?en calculer les implications budgétaires », ajoute-t-il. Les représentants de la France et de la Suisse ont estimé qu?il s?agissait d?« une occasion perdue », tandis que ceux du Canada et de la Chine ont jugé qu?il n?était pas possible de discuter un budget sans objectif stratégique. Même le représentant des Etats-Unis a estimé que les priorités devaient être « clarifiées ». Ce n?est pas la première fois que l?ancien faucon de l?Administration Bush suscite l?ire de ses actionnaires. Lors de l?assemblée générale annuelle de la banque, en septembre 2006, ses membres avaient rejeté son plan de lutte anticorruption jugé contre-productif et peu efficace. La Grande-Bretagne, la France et l?Allemagne s?étaient notamment inquiétées du projet de M. Wolfowitz de pré-conditionner l?aide aux pays en voie de développement à des critères de bonne gouvernance. L?Administration américaine l?avait en revanche soutenu. « C?est comme si on prenait un marteau pour écraser une mouche », juge-t-on de source diplomatique européenne. Cet effort n?est pas contestable en soi ; ce qui est contestable c?est qu?il devienne « de facto central et unique », ajoute-t-on de même source. La valse des hauts dirigeants est un autre sujet d?agacement au sein de l?institution, aggravé par la nomination de proches du nouveau président et une gestion réputée particulièrement centralisée des dossiers. En août 2006, c?est le vice-président en charge du Moyen-Orient, Christian Portman, qui a annoncé son départ, après s?être opposé à l?envoi de personnel supplémentaire en Irak. « Wolfowitz est là depuis 21 mois (juin 2005, ndlr) et on ne sait toujours pas ce qu?il veut faire de la Banque mondiale », résume un expert des questions de développement. L?intéressé s?en défend et répond invariablement : lutte anticorruption et... Afrique. Au mois de décembre 2006, c?est un groupe d?experts indépendants qui a remis en cause dans un rapport la crédibilité des études de la Banque mondiale (BM). Il a été relevé que l?institution financière internationale ne retient souvent des études qui sont menées que les conclusions qui cadrent avec ses propres politiques sans les approfondir suffisamment. Les rédacteurs du rapport, commandé par François Bourguignon, vice-président et économiste en chef de la BM, relèvent que la qualité des études de l?institution financière a commencé à se dégrader dès lors qu?elle est moins regardante sur le choix de ses experts. « Je ne dis pas qu?il n?y a pas assez de gens, je pense qu?il n?y a probablement pas assez de bons éléments », affirme à ce propos à l?AFP Angus Deaton, professeur d?économie à l?université de Princeton et un des auteurs de ce rapport compromettant.
Posté Le : 11/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : R. E.
Source : www.elwatan.com