Algérie

Bande dessinée africaine Manque d'authenticité



Bande dessinée africaine                                    Manque d'authenticité
Constat - Frappée du sceau du mercantilisme, la bande dessinée africaine ou algérienne manque d'originalité et d'identité.
Y a-t-il une bande dessinée authentiquement africaine '
Au niveau de la création, la bande dessinée africaine existe, mais au niveau du contenu, c'est-à-dire de l'histoire, elle subit des influences. En effet, il y a des auteurs qui s'emploient à raconter une histoire qui se passe ailleurs qu'en Afrique, à New York ou à Tokyo. Autrement dit, la bande dessinée africaine et, entre autres, algérienne, manque, dans certains cas, de personnalité. Même au niveau du graphisme, il y a une influence de la culture, voire de la vision occidentale. Certains bédéistes algériens vont carrément faire dans le manga (bande dessinée japonaise). Notons que le manga se présente comme la proposition qui domine le monde, la référence par excellence. Car il répond parfaitement à la loi du marché.
Ainsi, la bande dessinée africaine ou algérienne manque d'originalité et d'identité, puisqu'elle est frappée du sceau du mercantilisme.
Quant à l'Algérie, il n'y a pas une bande dessinée originale, comme cela se faisait dans les années 1970 et 1980, avec M'kideche ou Slim, où les personnages, ayant du caractère et de l'originalité, étaient authentiquement inspirés de la réalité. Igo Diarra, un éditeur malien de bande dessinée, dira : «Il est temps pour nous de repenser le 9e art selon nos propres traditions et par rapport à notre vécu», et d'ajouter : «Il faut prôner, en toute liberté et sans complexe, la bande dessinée authentiquement africaine, une bande dessinée réalisée dans son contexte contemporain.» En d'autres termes, il ne faut pas que le 9e art soit le vecteur de clichés ou porteur d'exotisme ou d'images pittoresques. «Seule la sincérité compte parce que les plus belles histoires dans le monde dépassent les frontières, si on est artiste au sens plein du terme», soutient-il. Igo Diarra déplore, par ailleurs, l'image de l'homme africain véhiculé dans le monde par certains auteurs occidentaux de bande dessinée ou de films d'animation. Pour illustrer ses propos, il cite l'exemple de la nudité prégnante qui existe dans le film 'Kirikou'.
«Quelle image voudrait-on donner de l'Afrique et ses peuples à travers une bande dessinée», s'interroge-t-il avec regret. C'est pour cette raison qu'il faut briser les clichés.
S'il y a des bédéistes pour lesquels le dessin importe peu ' c'est notamment le cas d'Etienne Shreder, pour qui «seules comptent son histoire et la manière dont elle est racontée ou écrite» ' il n'en demeure pas moins, en revanche, qu'Igo Diarra soutient un 9e art proprement africain, avec ses codes et son imaginaire, avec son tempérament et sa sensibilité. Certes l'identité se fait à travers l'histoire, mais une bande dessinée revêt plus d'originalité et plus de personnalité lorsqu'elle comporte tous les ingrédients locaux, c'est-à-dire quand elle est pétrie d'âme locale.
«Il est temps pour nous de prendre nos responsabilités, de créer des produits locaux qui marchent chez nous d'abord», dira Igo Diarra, et d'insister : «Nous pouvons utiliser les mêmes armes mondiales mais la quintessence restera africaine.»


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