Algérie

Ban Ki-moon d'accord avec... le général Clausewitz Le monde à l'épreuve du conflit syrien



Ban Ki-moon d'accord avec... le général Clausewitz                                    Le monde à l'épreuve du conflit syrien
Il y a quelques mois, la Ligue arabe envoyait au cimetière des vérités dérangeantes le rapport de la première mission des observateurs internationaux qu'elle avait dépêché en Syrie en décembre 2011. Confiée à un militaire soudanais en retraite, le général Diabi, la mission écrivait noir sur blanc que des groupes armés, qu'elle n'apparentait pas encore à l'opposition politique à Bachar al-Assad, faisaient violence à la population civile.C'était l'observation de trop pour le Qatar et l'Arabie saoudite qui s'empresseront de faire oublier et le rapport et le général Diabi. Mais voilà qu'au commencement des attentats qui se sont mis à ensanglanter la Syrie, dans un doute entretenu par l'opposition et ses parrains sur leurs auteurs, le Secrétaire général de l'organisation internationale reprenait en termes différents -diplomatie oblige- dans une de ses déclarations ce point précis du rapport Diabi. C'était au moment où la crise montait en cadence dans la militarisation, en 2011, et où elle commençait à s'internationaliser. «Il y a une troisième partie dans le conflit», dira l'ancien chef de la diplomatie sud-coréenne.L'émissaire de l'ONU et de la ligue arabe pour la Syrie, qui vient de rendre le tablier, est lui aussi sorti des poncifs diplomatiques pour motiver sa démission. Kofi Annan a justifié l'échec de sa mission par l'insuffisance du soutien que devaient lui apporter les grandes puissances qui l'ont désigné, mais aussi par les armes que ces pays ont fournies à la rébellion syrienne, accélérant ainsi sa militarisation et hypothéquant une solution politique. A défaut de réformer l'ONU et son Conseil de sécurité en l'amenant vers l'accomplissement de son premier devoir, la vérité et l'objectivité, les deux éminents diplomates auront eu au moins le mérite de dévoiler la vraie nature de l'organisation qui les emploie : «un machin», comme l'avait dit le général de Gaulle. D'ailleurs, c'est simple : quand l'ONU ne leur accorde pas de blanc-seing pour une expédition punitive contre un pays donné-ce fut le cas de la Libye-, les Etats-Unis, leurs alliés et leurs supplétifs arabes s'en vont voir du côté de l'Otan, leur bras armé. Et si ce n'est pas possible, parce que des missiles russes peuvent entrer en action, ils arment des opposants, et c'est le scénario mis en 'uvre en Syrie, où des «djihadistes» venus de tous les pays prennent part au djihad, pardon à la guerre. Mais il était dit que la Syrie connaîtrait son «printemps arabe». Le régime de Bachar al-Assad, entièrement renfermé sur les clans et le pouvoir des «moukhabarate», leur a grandement facilité la tâche, il faut en convenir. La dynastie Al-Assad avait pourtant le choix d'opter pour une transition beaucoup moins meurtrière, fût-elle douloureuse. Mais Machiavel l'avait dit en son temps. Et sa sentence est plus que jamais d'actualité : «Une guerre prévisible ne peut s'éviter, mais seulement repoussée.» Dans une région où la stratégie de la tension a atteint son paroxysme avec tous les éléments d'une géopolitique explosive, c'est une autre sentence, d'un général stratège cette fois, qui s'est vérifiée. «La guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens», est une formule célèbre de Clausewitz, théoricien prusse de la guerre. Voilà qui met d'accord, un siècle et demi plus tard, le général et le diplomate. Quand Ban Ki-moon dit que ce qui se passe en Syrie est une «guerre par procuration», il n'est pas en contradiction avec Clausewitz et toutes les péripéties diplomatiques auxquelles est soumise l'ONU le démontrent clairement. Le retour de la «diplomatie de la canonnière» étant désormais avéré, les acteurs occidentaux qui s'agitent autour de la Syrie devraient aller au bout de leur logique et préparer une nouvelle «Conférence de Berlin» pour se partager les richesses et les gains politiques du «printemps arabe» et célébrer comme il se doit l'arrivée au pouvoir de leurs nouveaux vassaux, les intégristes islamiques qu'ils combattaient hier.
A. S.

La folie de la guerre dans les villes
Les insurgés syriens n'ont pas opté pour la guérilla urbaine, comme l'ont fait en Amérique latine, notamment, les révolutionnaires qui luttaient contre les dictatures militaires dans les dernières décennies du XXe siècle. Pourtant, nul ne peut prétendre que les opposants de Bachar al-Assad ignoraient le coût en vies humaines à régler, rubis sur l'ongle, pour leur stratégie consistant à mettre la guerre au c'ur des villes. On l'a vu à Homs, où ils ont été anéantis, et ces tout derniers jours à Damas même, où l'armée régulière les a pourchassés en mettant les grands moyens et, ajouterait-on, sans être regardante sur ces moyens et leurs dégâts. Inconscients, les opposants syriens 'Non seulement ils sont loin d'être des «fous de Dieu» ou des fanfarons guerriers qui ont surestimé leurs capacités, mais leurs actions militaires obéissent à une stratégie planifiée et procèdent d'une logique qui fait du sang versé et d'une comptabilité macabre quotidienne une véritable arme de guerre. Qu'ils portent des coups à l'adversaire et c'est la récupération propagandiste, qu'ils se fassent laminer et c'est la victimisation relayée et amplifiée par les grands médias des pays occidentaux qui les soutiennent, les commanditent et leur livrent quelques armements pour entretenir le conflit. Si on devait se fier aux seules chaînes satellitaires du Qatar et de l'Arabie saoudite, il y a déjà belle lurette que Bachar al-Assad et ses partisans auraient pris la poudre d'escampette et se seraient réfugiés à Moscou ou Caracas.S'ils ne sont ni des fous ni dirigés par des «illuminés» qui n'ont que le commandement religieux pour doctrine, pourquoi, alors, se sont-ils engagés dans une confrontation suicidaire ' Il faut dire que, selon plusieurs sources d'information totalement ignorées par les «faiseurs d'opinion» au service des intérêts occidentaux et israéliens dans la région, les pertes subies par les factions armées rebelles engagées dans la guerre urbaine se chiffrent par dizaines de milliers depuis les affrontements de Homs. Toutes les informations indiquent qu'une identique tragédie humaine va être vécue, ces jours-ci, par la deuxième grande ville et capitale économique du pays. Dans Alep encerclée par vingt mille hommes de l'armée régulière et soumise à des bombardements démentiels, le Conseil national syrien, instance politique de la rébellion, encourage six à huit mille rebelles à livrer un combat inégal et, selon toute vraisemblance, perdu d'avance. Après avoir repris Damas et «traité» les dernières poches de résistance, les forces de Bachar al-Assad ne vont pas faire de quartier dans cette deuxième métropole de deux millions et demi d'habitants et où se trouve concentré l'essentiel de l'activité économique du pays.Certes, les rebelles ne sont pas totalement démunis en armement. Barack Obama a récemment autorisé la CIA à leur fournir certains types d'armement via la Turquie voisine. Les services secrets français et britanniques ne sont pas en reste, alors que l'Arabie saoudite et le Qatar n'ont jamais fait mystère de leur soutien financier et en armement à la rébellion à qui il ne manque, désormais, que l'aviation et quelques divisions mécanisées pour lutter à armes égales. Malgré ce puissant soutien logistique, leur défaite, voire leur écrasement, semble inscrit dans les faits. Comme s'ils ne connaissaient pas la nature du régime de Damas et ses méthodes, le fait qu'ils se soient imbriqués à la population civile n'a strictement rien changé à la donne. Il suffit de voir l'aviation du régime à l''uvre pour s'en convaincre. La zone d'exclusion aérienne, qu'ils n'ont cessé de réclamer à cor et à cri, ne leur a pas été «offerte» par le Conseil de sécurité de l'ONU pour cause de veto russe et chinois. Il ne leur reste donc qu'à jouer à fond sur le registre de l'émotionnel et de la victimisation et à crier au massacre. Quand on porte la guerre dans les villes sans garantie de maîtrise et de victoire militaires, faut-il ensuite s'étonner du résultat '
A. S.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)