Ce constat a été fait, hier, par le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maïga, venu à Alger pour, justement, s'entretenir de la question avec le président Bouteflika et son homologue algérien. Dans une déclaration à la presse, M. Maïga – qui est réputé pour avoir une bonne maîtrise du dossier et des dangers qui peuvent en découler, une maîtrise qu'il doit sans aucun doute à son passage en 1993 à la tête de la DGSE (services de renseignement maliens) – a estimé que la situation sécuritaire au Sahel «reste grave et préoccupante».
Ce n'est pas tout. L'envoyé spécial du président malien, Amadou Toumani Touré, a révélé par ailleurs qu'il était porteur d'un message au chef de l'Etat algérien contenant une «analyse de la situation régionale et comment nous voyons l'évolution et le renforcement de nos relations bilatérales dans un contexte extrêmement perturbé où toutes les menaces auxquelles nous étions confrontés se retrouvent amplifiées». Amplifiées par quoi ' M. Maïga fait très certainement allusion aux retombées sur le front de la lutte antiterroriste de la crise libyenne. Compte tenu de cette nouvelle donne, le chef de la diplomatie malienne recommande «d'instaurer une sécurité immédiate dans la région, mais aussi une stabilité plus globale et plus durable».
Le décor ainsi planté, Soumeylou Boubeye Maïga, qui est natif de la ville de Gao, dans le nord du Mali, a insisté sur l'idée que le règlement durable de la problématique posé par le terrorisme et le grand banditisme au Sahel «nécessite que nous conjuguions encore plus nos efforts pour pouvoir trouver les réponses les plus adéquates à cette situation». Une chose est sûre, le tout nouveau chef de la diplomatie malienne est quasiment assuré de recevoir un retour d'écoute favorable puisque le gouvernement algérien ne cesse, depuis plusieurs années, d'alerter le Mali autant que le Niger et la Mauritanie sur les graves risques que fait peser la menace terroriste. A ce propos, une source proche du dossier a confirmé mardi que le gros de la visite à Alger du MAE malien sera consacré au Sahel, non sans ajouter aussi que «la situation n'est pas très bonne» et que l'heure est à la «coopération tous azimuts».Â
Cet état des lieux pour le moins inquiétant a d'ailleurs amené dernièrement le chef de l'Etat à réunir le Conseil national de sécurité (CNS) pour prendre les mesures appropriées au plan opérationnel pour prévenir et, le cas échéant, faire face à une dégradation de la situation au plan sécuritaire. Notre interlocuteur s'est réjoui néanmoins du fait que la coopération régionale ne démarre pas de zéro, allusion faite à l'installation, l'an dernier à Tamanrasset, d'un comité d'état-major opérationnel conjoint entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Cette structure est, rappelle-t-on, chargée de coordonner les opérations de lutte antiterroriste menées dans la région. La nomination de M. Maïga par le président Amadou Toumani Touré au ministère malien des Affaires étrangères est, en tout cas, de nature à favoriser les relations algéro-maliennes dans le domaine de la sécurité dans la mesure où celui-ci est souvent présenté par les observateurs non seulement comme un vieil ami de l'Algérie et un diplomate racé, mais également comme un partisan de la tolérance zéro à l'égard des groupes terroristes.
Le choix fait par le chef de l'Etat malien de rappeler M. Maïga aux affaires peut ainsi àªtre perçu comme une volonté nette de sa part de sortir les relations du Mali avec l'Algérie de la zone de turbulences dans laquelle elles se trouvent depuis plusieurs mois (en raison principalement de divergences assez prononcées sur l'évaluation de la menace terroriste au Sahel et la manière de la traiter) et de les redéfinir sur de nouvelles bases. C'est peut-être ainsi qu'il convient de comprendre le sens du message écrit adressé par ATT à Abdelaziz Bouteflika.
A rappeler que la visite Soumeylou Boubeye Maïga intervient au lendemain de la diffusion par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) d'une vidéo contenant des messages des quatre otages français au Niger «suppliant» le président Nicolas Sarkozy de retirer les troupes françaises d'Afghanistan. Ces quatre Français, tous des employés d'Areva, font partie du groupe de sept personnes qui ont été enlevées en 2010 à Arlit, dans le nord du Niger. Les Français ne sont pas les seuls étrangers visés puisqu'une touriste italienne a été également kidnappée au début du mois de février dernier à Alidéna, à 250Â km au sud-est de Djanet (wilaya d'Illizi).
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Posté Le : 28/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com