Algérie

Ballet diplomatique à Alger



Après avoir accueilli depuis le début de l'année les ministres tunisien et français de l'Intérieur, le président turc, le prince héritier saoudien, le chef de la diplomatie roumaine... la capitale ouvrira ses portes au Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.Si à travers sa révolution qui l'a conduite à son indépendance l'Algérie avait suscité l'admiration du monde, la lutte sans répit qu'elle a menée, seule, contre le terrorisme a fait d'elle une référence en la matière. Sa stabilité retrouvée, sa résilience attestée aux crises financières qu'elle a traversées au fil du temps à cause de la dégringolade des prix du pétrole demeurent probablement un des non-dits de ce ballet diplomatique qu'elle connait depuis des mois. Présidents, chefs de gouvernement, ministres... ont en fait une destination privilégiée. Après avoir accueilli depuis le début de l'année les ministres tunisien et français de l'intérieur, le président turc, le prince héritier saoudien, le chef de la diplomatie roumaine... la capitale ouvrira ses portes au Premier ministre espagnol Mariano Rajoy. Que viennent-ils tous chercher à Alger' Avant de tenter de répondre à cette question il est certainement utile de rappeler que l'Algérie est vue, scrutée autrement. L'image de destination risquée, déconseillée est en train d'être gommée. Ce n'est pas une quelconque circonstance de hasard encore moins celui d'un coup de baguette magique car l'Algérie a vraiment morflé, bavé de cette insidieuse et injuste réputation qu'on lui a collée à la peau. C'est le fruit d'une reconstruction de longue haleine. D'une stabilité retrouvée grâce aux revers infligés aux groupes islamistes armés, aux réformes qu'elle a engagées pour son développement, la promotion de la liberté d'expression et de la démocratie. De la consolidation de ses institutions, de l'assainissement de son environnement économique qui garantit l'attrait de l'investissement. L'amendement de la loi sur les hydrocarbures en est l'exemple type. Sans cela pas la peine de s'attendre à ce que l'on se bouscule au portillon. On ne s'aventure pas dans un pays à risques la fleur aux dents. L'Algérie n'est plus dans cette situation. En plus d'offrir des opportunités d'investissements avérées elle est «exportatrice nette de paix» et joue un rôle de premier plan dans la résolution des conflits. Les hôtes de l'Algérie, nous ne citerons que ceux qui y ont séjourné récemment, l'ont noté. «Ma visite en Algérie s'inscrit dans le cadre de la tradition de communication visant à examiner et à mettre à profit les expériences propres au service de la sécurité des deux pays et peuples, algérien et tunisien», a déclaré, le 7 janvier, le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Brahem qui a donné le «la» à ce ballet diplomatique de l'année 2018. Le président turc Recep Tayyip Erdogan qui lui avait emboîté le pas avait à la veille de son arrivée, le 26 février, sur le territoire national commencé par louer le rôle «essentiel» de l'Algérie «dans l'instauration de la paix et de la stabilité dans une région confrontée à des troubles en permanence». Le ministre saoudien de l'intérieur a atterri, le 4 mars, sur le tarmac de l'aéroport Houari Boumediene, une semaine après l'homme fort d'Ankara. Si le communiqué qui l'annonçait mettait en exergue le «renforcement des relations historiques privilégiées entre les deux pays et du développement de la coopération bilatérale», il ne faut pas être grand clerc pour deviner que le conflit du Yémen où le Royaume wahhabite est plongé jusqu'au coup a été au centre des discussions entre les deux parties et que le prince héritier Abdel Aziz Ben Saoud Ben Nayef Ben Abdelaziz Al-Saoud a prêté une oreille attentive à la position algérienne. Son homologue français allait faire quelques jours plus tard une déclaration «flamboyante» qui en dit long sur le «statut» retrouvé de l'Algérie au sein du concert des nations. «Les deux pays (France et Algérie, Ndlr) peuvent devenir des acteurs qui aideront à recréer une zone de paix, de prospérité, de développement autour du Bassin méditerranéen. Je crois qu'une alliance profonde entre nos deux pays pourrait changer la phase du monde dans cette région», a souligné Gérard Collomb, le 15 mars à Alger dans une allocution prononcée à l'occasion de la tenue de la rencontre walis-préfets qu'il a coprésidée avec son homologue algérien Nouredine Bedoui. Un événement qui a précédé d'une semaine la 35ème session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, qui s'est tenue à Alger qui a regroupé le gratin mondial de la lutte contre la criminalité. Des représentants de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol), du Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme, du Projet de lutte contre le terrorisme dans la région Mena, de l'université arabe Nayef des sciences de sécurité...Un ballet diplomatique qui vient d'être momentanément clos par le chef de la diplomatie roumaine qui n'a pas manqué de mettre en exergue la dynamique qui anime la diplomatie algérienne en ces temps de grandes turbulences. «La Roumanie suit avec beaucoup d'intérêts les efforts déployés par l'Algérie afin de solutionner d'une manière pacifique les conflits et les tensions dans la région, mais aussi, dans le monde», a déclaré Teodor Melescanu, qui a effectué une visite de deux jours (samedi et dimanche derniers) dans notre pays, rappelant son rôle déterminant dans le retour de la paix au Mali ainsi que ses efforts déployés pour mettre fin à la crise libyenne, salués par la communauté internationale. Cela sera ensuite, en principe, au tour du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy d'être l'hôte d' «El Mahroussa» au début de ce mois d'avril. Sa venue a été annoncée par le ministre du Commerce Mohamed Benmeradi sous le signe d'un partenariat économique exceptionnel à promouvoir. L'occasion d'évoquer le conflit du Sahara occidental. L'Algérie qui soutient le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui comme le stipulent toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ne manquera certainement pas de rappeler la responsabilité historique de l'Espagne, ancienne puissance colonisatrice, dans ce conflit...La liste reste ouverte.


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