Balle perdue : Benchikha, Les choix du coeur et les impératifs de la performance

Les explications fournies par le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, sur certains de ses choix de joueurs laissent à  désirer. L'objet ici n'est ni de remettre en cause ses compétences (avérées) ni discuter de la valeur des joueurs et encore moins le gêner dans son immense travail.Bien au contraire. Toutefois, il faut s'interroger sur les motivations qui ont guidé certains de ses choix. Comme par exemple convoquer Rafik Halliche qui n'a pas joué depuis des mois, Hocine Metref qui revient tout juste d'une blessure qui l'a éloigné des terrains et des trois derniers matches de son équipe (ES Sétif). A priori, de Rafik Halliche, il veut en faire un cas d'école. C'est-à-dire sélectionner un joueur en équipe nationale, alors qu'il accuse un déficit énorme en matière de compétition. Le football de haut niveau est régi par des règles strictes et immuables dans certains domaines. Comme ne prendre en sélection que les joueurs les plus aptes et les plus en forme. Malheureusement, le défenseur de Fulham ne remplit aucun de ces critères. Tout le monde est d'accord avec Abdelhak Benchikha lorsqu'il affirme que l'ancien défenseur du NAHD est un élément moteur de la défense de l'équipe d'Algérie. Ce statut ne doit, en aucun cas, le soustraire à  la règle admise par tous et partout : «Un joueur qui manque de compétition ne doit pas àªtre convoqué.» En prônant le contraire, le sélectionneur a ouvert la porte aux abus et surtout à  la grogne et mécontentement de tous ceux qui triment chaque week-end et qui, malheureusement, ne se retrouvent jamais dans la liste des heureux élus. Dans le cas de Rafik Halliche, la raison indiquait de le laisser à  la disposition de son club pour se battre pour une place de titulaire qu'il ne saisira pas en s'éloignant pour quelques jours des entraînements de Fulham. Le joueur acquiert la forme au sein de son club, pas en sélection. En prenant la décision d'appeler un joueur qui ne joue pas en club, Abdelhak Benchikha a, involontairement, ouvert un front dans lequel vont s'engouffrer tous les mécontents de la sélection. Avait-il besoin de cela ' A sa décharge, il faut reconnaître qu'il ramasse les dégâts qu'il n'a pas provoqués. Il hérite d'une situation difficile qu'il est obligé de gérer avec doigté et beaucoup de clairvoyance parce que les loups l'attendent au tournant. En fait, lui, il ne manque pas de courage et de cran. Simplement, il doit agir avec discernement et ne pas tomber dans le piège de l'affectif qui a creusé les tombes de beaucoup de ses prédécesseurs. En tant que sélectionneur, il ne lui revient pas, en premier, de faire des cadeaux. Au contraire, c'est aux joueurs de lui prouver qu'ils méritent d'être en sélection à  la faveur de leurs belles prestations en club. Les joueurs intermittents, qui jouent de temps en temps, sont des fardeaux pour un coach national. Ce n'est pas au cours d'un stage de quatre, voire cinq jours qu'un sélectionneur peut compenser un déficit de compétition qu'accuse un joueur par rapport à  ses coéquipiers. Les choix de carrière doivent àªtre assumés prioritairement par les concernés (joueurs). S'ils font de mauvais choix en matière de transfert, ce n'est pas à  l'équipe nationale et encore moins au sélectionneur de les supporter. Enfin, un professionnel et un joueur évoluant en Algérie doivent àªtre placés sur un pied d'égalité lorsqu'il s'agit de critères de sélection. Le reste, tout le reste, relève du domaine réservé et exclusif du coach. Dans les pays ou le football brille, il n'y a pas de place en sélection pour les joueurs qui ne sont pas compétitifs.Abdelhak Benchikha, qui a eu le courage d'assumer ses choix et d'expliquer pourquoi des titulaires indiscutables ont été laissés à  la maison, doit éviter de prêter le flanc à  ses détracteurs sur des chapitres aussi sensibles que ceux des critères de sélection.