Balle au centre

Le Premier ministre a parlé. Bien sûr, parler fait partie de son métier, on s'y est donc habitué. On s'est aussi habitué à l'entendre au micro comme chef de parti. Il y a eu rarement une différence perceptible entre les deux, mais on s'habitue à tout, les folles illusions comprises.
Mais cette fois, il lui était difficile d'être le même. Pas faute d'avoir essayé pourtant. En commençant par cette maline propension à transformer les défaites en victoires. Son rival du sérail a obtenu trois fois plus de sièges que lui ' ça lui suffit apparemment d'être second, même dans des proportions outrageusement différentes de ce qu'elles ont été jusque-là. Dans la foulée des réactions aux résultats des législatives, il avait dépêché il y a une semaine son porte-parole Miloud Chorfi pour dire à la presse le contraire de ce que déclarait un autre cadre du RND qui s'était découvert une âme de contestataire.
Le score du parti était donc bon. Une fois Seddik Chihab remis à sa place et l'opinion publique «éclairée» sur l'appréciation officielle des résultats, on pensait que M. Ouyahia allait naturellement vers d'autres arguments, plus politiques, pour expliquer sa satisfaction. A commencer par cette question de fond : la vague verte promise à l'Algérie qui n'allait pas être différente des autres pays de la région n'a pas eu lieu.
Comme on ne peut pas soupçonner le Premier ministre de renoncer à ce qui fait un peu sa marque de fabrique, il faudra nous résoudre à croire qu'il avait plus important à dire. Et en termes d'inédit, nous avons été vraiment servis. Le pathétique aveu d'échec du gouvernement par exemple ! S'il a précisé qu'il est collectif, c'est pour justement pour signifier qu'un autre match bien plus important va commencer. Balle au centre donc.