Algérie

Balle au centre


Balle au centre
Ce n'est plus une discipline sportive, mais le football prend de plus en plus une allure de tragicomédie dans le pays. Un arbitre-assistant qui quitte spectaculairement l'aire de jeu en mettant à profit, au cours d'un match de football, un arrêt impromptu de la rencontre. Des dirigeants de club qui, dès que l'arbitre siffle la fin d'une partie, ne s'épargnent plus de commentaires aussi sensationnels les uns que les autres et lesquels font, bien entendu, la joie des représentants de la presse d'autant plus qu'ils assurent l'intendance par la suite et pour la semaine avec toutes les réactions prévisibles des parties directement et même indirectement ciblées. Et autant d'acteurs indélicats qui refusent d'aller s'expliquer devant des commissions lesquelles, même si elles peuvent être sujettes à caution quant à leur neutralité, n'en empêchent pas moins ceux qui comparaissent devant elles de s'exprimer clairement. D'autant plus qu'aujourd'hui avec une presse aux aguets plus rien ne peut être caché.Enfin, il y a également un ministre qui se positionne officiellement dans un conflit, jusque-là latent, entre le président de la Fédération algérienne de football et un wali. C'est dire que ce n'est plus sur un terrain de football que se résolvent les différends, sportifs s'entend, mais par presse interposée. Pourtant tout serait plus simple si toutes les personnes qui gravitaient autour de la discipline avaient d'abord la gueule de l'emploi et disposaient surtout des compétences exigées par une activité réputée, sous d'autres cieux, pour son esprit chevaleresque.Effectivement, il ne se passe plus une journée de compétition nationale, et peu importe d'ailleurs la division, qui ne porte pas des stigmates, et parfois malheureusement plus que des rodomontades de dirigeants anachroniques, voire déjantés, un drame comme cela a été le cas il y a quelques semaines à Tizi Ouzou. Pis, certains n'ont pas hésité à faire dans la récupération à partir de cette tragédie qui a coûté la vie à un hôte de l'Algérie, comme en témoigne cette intervention d'un supposé représentant d'un comité de supporters s'enorgueillissant de donner le nom de la victime à un trophée national, «une initiative à laquelle même le pays natal du défunt n'a pas pensé» a même sardoniquement ajouté l'invité de l'émission sportive d'une télévision privée. Comme si la victime était morte pour la patrie.L'ironie dans tout cela reste évidemment la masse de verbiage autour d'indues situations, les professions de foi, les doctes recommandations, les conseils «avisés » de gens considérant toutes avoir la meilleure démarche et, pour d'autres, la solution idoine. Pourtant le décès du footballeur Ebossé aurait dû logiquement servir d'électrochoc à une compétition dont les dérives continuent malheureusement de suivre leur cours. Si le ministre des Sports désavoue le wali de Blida, autant considérer qu'il désavoue le président d'un club qui s'acharne depuis des années à faire des dirigeants des instances sportives nationales un paillasson et qui, comble du paradoxe, n'a jamais été inquiété. Pour tellement moins que les violences éthiques que subit le football algérien, des personnes ont, sous d'autres cieux, vu leur fin de carrière en plus de l'opprobre générale. À contrario, ils semblent à chaque fois en sortir renforcés, ragaillardis, magnifiés dans le championnat national. Un peu comme le géant Antée, lequel dans la mythologie grecque se relevait plus fort à chaque fois qu'il était expédié au sol par Hercule.Tout ce qui se passe sur la scène ne fait que donner du grain à moudre à ceux qui n'ont toujours fait qu'attendre que l'opportunité leur soit donnée pour se mettre pour une fois en exergue, car ils ont désormais compris que pour obtenir des lettres de noblesse il faut d'abord avoir des attitudes deroturier.A. L.


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