Algérie

Balises : Le parti de l'administration Dossier : les autres articles


Le projet de loi sur les partis politiques, qui sera examiné par le Parlement au cours de sa session d'automne, a soulevé une vive polémique auprès de certaines formations politiques.
Hormis les partis de l'Alliance présidentielle qui ont applaudi au contenu de ce projet par discipline partisane et conformément à leur engagement au service du programme présidentiel, les autres formations se réclamant de l'opposition y ont vu un nouveau tour de vis dans la gestion de la vie politique et partisane du pays.
Le rôle de gardien de l'ordre républicain accordé par ce projet à l'administration est perçu par certaines formations comme une volonté de l'administration ' et par conséquent du pouvoir politique dont elle est l'émanation ' de se substituer en la matière à la justice. L'administration n'est-elle pas qualifiée de premier parti politique à l'occasion de chaque consultation électorale organisée en Algérie, en dépit des dénégations officielles proclamant sa neutralité '
Le chantier de la réforme de l'Etat et de ses institutions dans leur rapport entre elles et avec le pouvoir politique engagé par la commission Missoum Sbih est tombé en désuétude sans que l'on sache ni quelles sont ses conclusions ni pourquoi il a été jeté à la trappe. Tant que le système ne s'est pas réformé, que la séparation des pouvoirs consacrée par la Constitution continue à être une simple vue de l'esprit, il sera impossible de réconcilier l'administration avec son environnement. Ces derniers ne sont pas dupes pour croire que l'administration est souveraine dans les décisions qu'elle prend. Pour interdire ou autoriser une activité politique, une réunion, une marche.
Pour agréer ou rejeter la demande de création d'un parti politique. On a vu comment des projets déposés dans les formes légales sont restés dans les tiroirs du ministère de l'Intérieur sans aucune possibilité de recours pour leurs responsables.
Entre l'administration au niveau central ou territorial et les formations politiques, il y a une profonde crise de confiance. Laquelle puise sa source de toutes ces années d'autoritarisme de l'administration qui a fait le sale boulot pour le compte du pouvoir politique. Cette méfiance, cette défiance existent toujours. Elle ne pourrait être comblée par des discours. Comment convaincre des acteurs politiques qui ont souffert des blocages de l'administration que cette dernière puisse retrouver sa vocation citoyenne ' Qu'elle est désormais au service de la société et non d'une caste ' Des puissants ' Les partis qui ont stigmatisé les velléités de l'administration de vouloir, par procuration du pouvoir politique, régenter la vie politique, ont mille fois raisons de se montrer hostiles au pouvoir régalien que le projet de loi octroie à l'administration dans ses rapports avec les partis.
Et pourtant, à bien y regarder de près, la mission confiée à l'administration de prendre des mesures conservatoires dans des situations exceptionnelles de remise en cause de l'ordre républicain ' comme ce fut le cas par le passé, en attendant que la justice statue tout en donnant, par ailleurs, la possibilité aux parties concernées de déposer un recours devant le Conseil d'Etat ' cette procédure là n'a rien d'attentatoire aux libertés. Dans l'absolu. Si, bien évidemment, l'administration est véritablement neutre.
Car en attendant que la justice, dont on connaît la lenteur dans le fonctionnement et les interférences politiques dont elle est l'objet, se saisisse et dise le droit, il faut bien qu'il y ait une structure pour gérer l'urgence. Ceux qui appellent à ce que l'autorité judiciaire recouvre tous ses droits en la matière ignorent ou feignent d'ignorer que la justice de la nuit a existé et a encore de beaux jours devant elle tant que le système ne s'est pas réformé. Entre l'immixtion de l'administration dans les affaires des partis et la décision de la justice, qui n'est pas toujours aussi bien acceptée parce que jugée partiale et non indépendante, le résultat est le même.
La seule différence, c'est qu'on aura simplement mis les formes démocratiques en mettant le sort des partis entre les mains de la justice plutôt que d'être comptable devant l'administration.
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