Algérie

Balises : la portée d'une décision



Saïd Sadi ne briguera pas un autre mandat pour la présidence du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). La décision est prise et elle est irréversible. Lorsqu'il l'a annoncée hier aux militants du parti réunis en congrès ordinaire à  la coupole du 5 Juillet à  Alger, l'émotion était à  son comble. Les congressistes, émus par une décision à  laquelle nul ne s'attendait, le réclament alors et lui demandent de rester. Mais Saïd Sadi insiste et affirme son option de se décharger de la responsabilité qu'il a toujours assumée pour devenir simple militant. «A chaque génération sa mission, à  chaque période ses exigences», a soutenu le désormais ex-président du RCD, qui fait comprendre que ce n'est pas un choix fait à  la hâte. «J'ai longuement réfléchi, je m'en suis ouvert aux membres de la direction. Il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent», confie-t-il.  Pour ceux qui pensent que c'est un retrait ou un renoncement, voire un abandon, le président du RCD assure et rassure qu'il restera «militant». Car, estime-t-il, «l'on n'a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et de s'exonérer d'un engagement personnel dans les luttes qui sont menées pour la démocratie». Le chemin semble déjà tracé et M. Sadi préconise un meilleur investissement dans la société civile. Selon lui, «la prochaine phase consiste à  communiquer plus et mieux pour sensibiliser nos compatriotes et les aider à  fédérer les énergies qui s'expriment chaque jour dans nos villes et villages». Loin donc d'être prise sur un coup de tête, la décision de Saïd Sadi de renoncer à  la présidence du parti est en effet mûrement pensée. Mieux, elle est éminemment politique. Sur le plan médiatique, il faut le dire, c'est un véritable coup de tonnerre. Son retrait fera date ; une belle leçon de pédagogie politique. Il est le premier chef d'un parti de l'opposition à  prendre une telle décision. Le message qu'il veut délivrer : passer le flambeau à  la jeunesse qui a besoin de s'épanouir, d'accéder à  des postes de responsabilité. Saïd Sadi a en fait tracé le chemin à  suivre et donne l'exemple dans un pays où la pratique politique est pervertie. Son renoncement à  la présidence du RCD redonnera, à  coup sûr, à  la politique ses lettres de noblesse. Il la réhabilite. En devenant simple militant du parti, Saïd Sadi frappe et interpelle les consciences. Il reflétera désormais la plus mauvaise image pour tous ceux qui pensent que la responsabilité et le pouvoir sont un héritage divin. Le président sortant du RCD affirme, toutefois, que ce ne sont pas «les allusions, les chantages et les amalgames» qui l'ont poussé à  faire le choix de se délester de la responsabilité. Il souligne d'ailleurs que personne ne peut le complexer sur le fait qu'il ait passé 20 ans à  la tête du parti. «Ceux-là ne m'atteindront pas», a-t-il martelé. Le seul motif, laisse-t-il entendre, est sa profonde conviction qu'il faut laisser la place aux jeunes.


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