Algérie


Balise
Le semblant de campagne électorale suit son cours. Les Algériens vaquent de leur côté à leurs occupations, faisant peu cas des vociférations de ces voisins bruyants. Ils attendent patiemment l'après-17 avril puisque pour l'avant, tout est dit et tout est fait pour faire passer la pilule Bouteflika. Un malade qu'on présente pour guérir l'Algérie de ses maux !Mais au-delà de la mascarade, de ses concepteurs et de la folklorisation de la chose politique, le message essentiel à retenir est que les Algériens ne veulent pas répondre par la force au coup de force. On ne harangue pas les foules pour les meetings électoraux ou pour manifester dans la rue juste à l'appel d'un huchet. Il faut cesser de voir en ce peuple une masse ou une foule prête à être maniée et modelée comme une pâte pour l'un ou pour l'autre des projets. Cette méprisante et élitiste vision d'en haut ne peut trouver dans la société ni adhésion ni intérêt. Les peuples n'ont pas la mémoire courte, ils sont eux-mêmes porteurs de mémoire et faiseurs d'histoire.Que l'on ne se méprenne pas sur le compte des Algériens : ils prennent le temps que les décideurs n'ont plus. Ils ont la patience que les intellectuels n'ont pas. Et cela ne veut pas dire qu'ils ne saisissent pas les vrais enjeux. Ils observent, attendent mais ne perdent pas de vue l'essentiel, leur survie et celle du pays, quand ceux d'en haut sont dans le calcul de la seule pérennité de la rente.L'élection, qui a créé une fissure dans les plaques tectoniques du système, rafistolée pour l'occasion de la préservation des intérêts de chacun des membres du sérail, n'a fort heureusement pas réussi à diviser les Algériens, même si d'insistantes tentatives criminelles continuent de nourrir les troubles à Ghardaïa.Les Algériens retiennent leur souffle et leurs nerfs, car les bombes ne manquent pas et les détonateurs sont à portée de mains aventureuses et criminelles. Le défi est de désamorcer tous les engins annonciateurs de probables catastrophes menaçant l'unité d'un pays qui a recouvré son indépendance il y a à peine un demi-siècle. Sommes-nous capables de faire vivre ce pays pour des siècles encore et le guérir de la malédiction des invasions ' Sommes-nous prêts à sortir du cercle vicieux des conflits d'intérêts des tenants du pouvoir pour enfin ne travailler que pour le seul bien du pays ' Ce sont les questions qui se poseront aux Algériens le 18 avril et au-delà. Les réponses donneront le ton à la transition qu'appellent de tous leurs v?ux formations et personnalités politiques.L'élection devient un détail et la reconstruction du consensus national l'essentiel. Mais comment faire cette transition, par qui et dans quel objectif ' On le saura après l'élection, en gardant en vue l'attitude des décideurs qui, pour l'heure, n'affichent aucune volonté de céder au changement pacifique et misant dangereusement sur le statu quo. Il est des moments de l'histoire qui interpellent la conscience des hommes. Méditons cet hommage du roi d'Espagne à l'artisan de la transition démocratique, Adolfo Suarez : «La douleur n'est pas un obstacle pour se souvenir de l'un des chapitres brillants de l'histoire de l'Espagne, la Transition, menée par le peuple espagnol dirigé par Adolfo et par moi avec un groupe exceptionnel de personnes de différentes idéologies, unies par une grande générosité et un haut sentiment de patriotisme.»La mort de Suarez sonne de ce côté-ci de la Méditerranée comme un rappel de ce pas de géant que l'Espagne a franchi pour passer du franquisme à la démocratie. L'Algérie est appelée à écrire un autre brillant chapitre de son histoire, à apposer aux côtés de la page de sa glorieuse Révolution. Ce chapitre s'écrira avec le peuple et par des hommes et des femmes pétris de hauts sentiments de patriotisme et de générosité. Espérons-le?




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