Algérie

Bal d'amour : Poétique et chorégraphique



Il ne la connaissait jusque-là que par le biais du théâtre qui depuis les années 1990 a tissé de fructueuses passerelles avec elle. Il a su gré à  l'association Les 3 loges  pour sa chorégraphie poétique Bal d'amour. Représenté sans les moyens d'éclairage nécessaires pour un plein rendu de sa scénographie (un unique projecteur), il a récolté des applaudissements à  la fin de chacun de ses tableaux. Le premier d'entre eux s'ouvre à  l'heure du fadjr. Noir absolu brisé par un appel à  la prière sur un  fond d'une musique à  la résonance bourdonnante. Puis, une flaque de lumière découvre progressivement, assis sur un tabouret, de dos, un corps féminin habillé d'une longue robe noire moulante. Un «taqassim» voluptueux s'élève, accompagnant les contorsions d'un corps en proie à  une névrotique agitation. Il traduira tout au long du spectacle des râles d'amour. C'est d'ailleurs ainsi, Râle d'amour, qu'aurait pu àªtre intitulé ce Bal d'amour version Guemiri Khadija, un texte de Christophe Martin dont elle n'a pris que l'idée. Autrement, il aurait nécessité la présence de quatrorze comédiens, hommes et femmes. Guemiri a réduit la distribution à  elle seule, son personnage résumant la quintessence des treize autres, tous aiguillonnés par une éperdue quête d'amour. La scénographie, minimaliste au possible, use de trois tabourets. Ils sont parfois objets inertes, parfois personnages, celui de cet homme présent/absent, objet du désir amoureux. «…Car même mort, je te veux/Si tu l'es, je te préférerais bouddhiste/pour que brûlés, tes cendres parviendraient à  mes narines(…) Là où tu seras, tu seras l'air que je respire», clame le personnage féminin. La poésie, en arabe, de la Jordanienne Joumana Mostefa, et en français de Goumiri Khadija, est déclinée en plusieurs langues. Son lyrisme vient habiller, par intermittence, les mouvements chorégraphiques et mettre des mots sur le rêve qui s'évapore. Tout en intériorité, en une pudique retenue, Bal d'amour réussit la gageure d'évoquer le désir charnel, la frustration, la tendresse qui fiche le camp, les blessures à  l'âme et le droit au bonheur. Slimane Habbès, en conseiller artistique, a su se mettre en retrait, évitant de vampiriser le spectacle de son immense talent de chorégraphe. «Bal d'amour»Â  se clôt sur une autre aube, répétant à  l'infini en une désespérante unité de temps et de lieu, un fait de toute éternité : le mal d'amour.


 


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