Algérie

Baisse de la production, une vieille urgence



La Banque centrale et l'ONS alertent depuis plusieurs années sur un secteur en proie à un malaise structurel. Des anciens responsables du secteur expliquent le déclin de la production par le vieillissement des gisements.La précipitation avec laquelle le gouvernement, censé gérer les affaires courante, a procédé à l'adoption du projet de loi sur les hydrocarbures a de quoi susciter le doute et des questionnements. Et pour cause, la crise du secteur des hydrocarbures remonte, au moins, à 2006. La Banque d'Algérie relevait, en 2010, que le secteur des hydrocarbures est entré en récession en 2006 et depuis, la tendance décroissante de sa valeur ajoutée s'est poursuivie, enregistrant des variations annuelles négatives.
Dans son dernier rapport annuel, la Banque d'Algérie indiquait qu'"après la forte expansion en volume enregistrée en 2016 (7,7%), l'activité économique dans le secteur des hydrocarbures renoue avec les baisses de production enregistrées durant les années 2006 à 2014 avec une croissance négative de la valeur ajoutée (-3,0%) et corrélativement une contribution négative à la croissance globale (-32,4%)".
Le même constat a été fait par l'Office national des statistiques (ONS). "Le secteur des hydrocarbures s'est de nouveau caractérisé par des baisses d'activité dès 2017 et encore plus marquées en 2018, soit respectivement -2,4% et -6,4%", relève l'ONS, dans sa dernière publication consacrée aux comptes économiques en volume de la période 2015 à 2018. Toujours selon l'ONS, la croissance du secteur des hydrocarbures a connu une baisse importante au 1er trimestre de cette année, chutant de -7,7% contre -2,4% durant la même période de l'année écoulée. La baisse de la production des hydrocarbures, entamée depuis quelques années déjà, semble être liée à des difficultés plutôt structurelles.
Dans son livre Algérie, sortir de la crise, publié en 2015, l'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, relevait un recul notable des productions entre 2006 et 2014. "232,3 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) ont été produites en 2005 contre seulement 200 millions de TEP en 2012, soit près de 15% de baisse", a-t-il écrit. Les anciens gisements de pétrole et de gaz sont en déclin et leur exploitation devient de plus en plus difficile techniquement. "Entre 2008 et 2012, la production du principal gisement saharien de gaz, Hassi R'mel, a baissé de 31%", a constaté M. Benachenhou, ajoutant que "la production commercialisée du secteur recule plus vite encore en raison des besoins de la réinjection".
Pour l'ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, "même si le territoire est considéré comme sous-exploré alors qu'il est couvert à 64% par des permis de prospection et de recherche, on constate que le potentiel conventionnel résiduel est en train d'évoluer négativement depuis une décennie". Cette dynamique de production en berne est liée également au problème de management qu'a connu Sonatrach.
Le groupe public des hydrocarbures a "consommé" plus de 7 PDG en quelques années. Cette instabilité dans le top management de la société n'est pas de nature à assurer une mobilisation, forte, des cadres. Pour ainsi dire, la crise que connaît le secteur des hydrocarbures remonte à une douzaine d'années, alors que l'actuel gouvernement tente de faire croire qu'il y a véritablement urgence à promulguer une nouvelle loi, condition sine qua non, selon lui, à l'amélioration de l'attractivité du domaine minier national.

Meziane Rabhi


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