Le talent s’inspire de l’enracinement dans la culture d’origine, de la fierté de la porter et de la montrer au monde extérieur. L’esprit empli des souvenirs du pays natal, Bahia Kiared vit librement sa citoyenneté à l’autre bout du monde, à Montréal. Ses modes d’expression sont la peinture et la littérature.
À travers le monde, des étoiles algériennes brillent de leur savoir-faire. Dans les arts, les Algériens crèvent les écrans, hantent les maisons d’édition, remplissent les villes de leurs chants et peuplent les galeries d’exposition. Le talent s’inspire de l’enracinement dans la culture d’origine, de la fierté de la porter et de la montrer au monde extérieur. L’esprit empli des souvenirs du pays natal, Bahia Kiared vit librement sa citoyenneté à l’autre bout du monde, à Montréal. Ses modes d’expression sont la peinture et la littérature. À 12 ans, elle composait ses premières poésies. Mais c’est à sept ans qu’elle faisait des dessins que sa mère encourageait et corrigeait. Les deux arts vont se croiser avec le temps, se nourrissant de leur complémentarité. “En termes d’expression, la peinture est relaxante, elle me détend et me procure une forme de bonheur… L’écriture, quant à elle, me fait du bien mais seulement quand j’écris pour moi-même. Si c’est un projet littéraire, c’est stressant, car il n’est pas toujours facile de mettre un point final.” Pour cette diplômée en habillement de l’Institut de Birkhadem qui a enseigné le dessin de mode en Algérie pendant neuf ans avant de partir au Canada en 2004, “peindre, c’est d’abord se faire plaisir. Au Canada, à chacune de mes expositions, j’aime m’identifier en tant qu’Algérienne pour montrer la culture de mon pays… Ayant enseigné le dessin de mode, j’ai gardé cet amour pour le costume en général et pour la tenue traditionnelle algérienne en particulier. Dans mes tableaux, on retrouve souvent la robe kabyle, algéroise ou chaouie, une empreinte dont je suis fière”. Pour peindre, Bahia Kiared associe les matériaux en toute liberté. A-t-elle des idoles ? “J’apprécie les grands maîtres, mais, sans prétention, je pense qu’il faut rester soi-même et écouter son cœur pour créer des choses. J’aime mon esprit libre et autonome. Je dis cela peut-être parce que je suis autodidacte.” De 2012 à 2017, Bahia Kiared a exposé dans divers espaces à Montréal où ses tableaux ont été appréciés. La littérature, son autre passion, débute en 1983 par des nouvelles publiées dans Révolution Africaine, à Alger. Vint ensuite Le temps de la douleur, roman publié aux éditions Barzakh en 2003, qui “est un hommage aux Algériens morts dans la tragédie de la Seconde Guerre mondiale… Le livre s’ouvre sur les pleurs du départ, car la plupart des hommes ne revenaient pas. J’ai tenu à raconter ce chapitre méconnu du passé”. L’écrivaine travaille actuellement sur un autre roman historique sur la participation des Algériens à la Seconde Guerre mondiale, à l’issue de laquelle ils seront victimes des mêmes trahisons de la part des autorités coloniales. D’Alger à Montréal, son second roman, publié en 2015 chez Edilivre (après le refus d’éditeurs canadiens), critique la politique d’immigration du Québec où il existe “une discrimination perceptible au quotidien, dans le monde du travail, dans les médias…”. Aujourd’hui, Bahia Kiared travaille dans une entreprise de design à Montréal, cette ville où elle aime vivre et où elle a “appris à être libre… Ceci dit, le Canada n’est pas le paradis ; il y a des problèmes comme partout ailleurs, mais quand on a la sécurité, le respect et un travail, on arrive à avoir une vie digne de ce nom”. Non conformiste, elle pense que l’art est avant tout innovation. “Le plus important, c’est de travailler avec son cœur, et tout le reste suivra.” Aux Algériens de découvrir son œuvre.
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Posté Le : 26/01/2018
Posté par : canadalgerie
Source : Liberte