Algérie

Baguage de poussins flamants roses à Ezzemoul



Baguage de poussins flamants roses à Ezzemoul
Baguage de poussins flamants roses

120 volontaires ont permis le bagage de 638 flamants roses à Oum El Bouaghi.

Six cent trente huit ! Nombre record qui n’a rien à voir avec le nombre de pulsations par minute qu’ont enregistrées les protagonistes du projet. Pour sûr que leur pression cardiaque a dû frôler le plafond. Non, il s’agit du nombre record de baguages de poussins flamants roses. Et qu’on ne s’y trompe pas : le nombre est record puisqu’il dépasse de loin tous les baguages effectués en 2009 par les ethnologues d’Europe et d’Afrique.

Ça s’est passé ici, en Algérie à quelques kilomètres de la capitale avec pour théâtre une zone humide des plus difficiles d’accés.

RETROSPECTIVE

Le rendez-vous était donné pour le 31 juillet dernier dans le lac d’Ezzemoul pour une opération délicate de baguage de poussins flamants roses. Pas moins de 120 volontaires ont participé à l’opération réunissant ainsi enseignants et étudiants des universités de Guelma, Oum El Bouaghi, Ouargla et Constantine.

On savait que pas moins de 10 000 couples de flamants roses séjournaient sur le site et les observateurs avaient pu dénombrer la naissance d’environ 6 000 poussins. De quoi mettre à mal l’idée longtemps reçue que les flamants roses trouvés en Algérie étaient de passage pour l’hiver. La nidification a été prouvée une première fois en 2004 et depuis, le nombre de naissances ne cesse d’augmenter.

Le flamant rose couve son œuf durant 30 jours, puis une fois éclos, les poussins sont élevés en crèche durant 12 semaines. C’est à l’âge de deux mois et demi qu’ils prennent leur envol et c’est à ce moment là qu’il faut les baguer, avant qu’ils ne partent mais aussi quand ils sont suffisamment robustes et grands pour optimiser l’opération de baguage.

L’opération se prépare donc longtemps à l’avance par un repérage du site, une observation rigoureuse de l’espèce et la sensibilisation à grande échelle de la population locale. En effet, on avait vu des tentatives capoter parce que les œufs avaient été vilipendés par la population locale.

Mais cette fois-ci, il n’en fût rien. Le professeur Samraoui, du laboratoire de recherche et de conservation des zones humides à l’université de Guelma, tient au contraire à préciser que tout a été possible grâce aux gens du village avant d’ajouter qu’ils seront certainement ceux-là mêmes qui protégeront efficacement à l’avenir le flamant rose.

10 000 couples, 6 000 poussins, 120 volontaires répartis en 6 équipes de six couleurs différentes pour 655 bagues que le professeur Samraoui avait naïvement pris avec lui.

« Je pensais baguer quelque 200 poussins mais j’ai pris 655 bagues, comme ça, sans vraiment réfléchir », avoue-t-il.

La chance était avec eux mais pas uniquement. Car dans une opération délicate comme celle-ci, la chance ne suffit pas.

Délicate, parce que l’îlot de garaêt Ezzemoul, situé dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, est difficile d’accès et comme s’ils avaient pressenti, les flamants étaient enfoncés bien à l’intérieur de la sebkha. Délicate aussi, parce que les poussins flamants roses sont fragiles et peuvent succomber au stress. Il a fallu les réunir en troupes, réussir à faire éloigner les parents et les nourrices, les amener sans trop de brusquerie dans un enclos aménagé pour l’occasion, pis, il faut les saisir un par un pour procéder au relevé des plumes (pour l’ADN) et les mensurations et finir par leur poser une bague autour de la patte.

A RETENIR QUE DANS LE MONDE, IL EXISTE ENVIRON 30 SITES DE REPRODUCTION ET QUE DANS LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN, ILS SONT ENCORE MOINS NOMBREUX.

En France, la Tour du Valat avait réalisé en 1970, en Camargue, un îlot artificiel où nichent 10 000 couples. L’îlot de garaêt Ezzemoul n’est pas artificiel et regroupe également quelque 10 000 couples. Une zone extraordinaire de reproduction de flamants roses, heureusement éloignée du passage des routes et autoroutes…


NB : Photos disponibles sur le site : www.flickr.com/photos/bsamraoui


Article de ZinebA.Maïche / El Watan du 10 septembre 2009
Par Abdelouahab Karaali


Un grand bravo et toutes mes amitiés à M. Karaali et aux membres de l'association "El Mebdoue" qui font un travail de conservation remarquable. Boudjéma Samraoui
Boudjéma Samraoui - Biologiste - Guelma, Algérie

11/08/2011 - 17905

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