Algérie

Badiaa, la moudjahida qui est montée au maquis dès 15 ans Saïda



Badiaa, la moudjahida qui est montée au maquis dès 15 ans Saïda
Elle venait à peine d'achever ses 15 printemps. La passion enracinée pour la patrie, le courage et le devoir de contribuer à l'indépendance l'ont conduite, en novembre 1956, au maquis.Derkaoui Halima, plus connue sous le nom de Badiaa au maquis, nous a reçu chez elle à Saïda pour nous parler de son parcours de combattante dans les rangs de l'ALN. A 72 ans, elle se souvient des douloureuses années passées au maquis : «Quelques mois après la mort de mon frère tué au maquis à l'âge de 23 ans, je suis montée du côté de la tribu des Ouhaiba à Aïn Manaa (Saïda). Je suis rentrée dans une ferme qui servait de merkez (soutien à la révolution), je connaissais ses occupants. Il y avait 11 djounoud qui étaient un peu gênés par ma présence et surtout de ma ferme décision de les rejoindre. Certains ne voulaient pas de moi, mais Kaïd Mostefa trancha en ma faveur : ''il faut la garder''.
Dès le lendemain, on commença à m'entraîner et à démonter les armes, j'étais formée pour sensibiliser les femmes et collecter l'argent pour la révolution. Deux mois après, ma cousine Abidine Rachida, 18 ans, m'a rejointe. On était toujours sur le qui-vive, on ne restait que peu de temps au même endroit, craignant d'être localisées. Le problème de logistique faisait défaut : peu d'armes, peu de djounoud, on mangeait des dattes et du riz. Par mesure de sécurité, notre katiba s'est scindée en plusieurs petits groupes, le nôtre comportait trois combattants et deux moudjahidate. Nous nous sommes déplacés à la 4e Région, où j'ai rencontré Daho Ould Kablia, ses frères et sa s'ur Saliha. Un jour, dès l'aube, alors que nous étions dans un douar, on a été encerclés après un regroupement de la zone 6 avec Commandant Medjoub, Tayeb Nehari et docteur Damerdji, fin 1957. On a été repérés. Deux de mes compagnons d'armes ont été abattus froidement, le docteur Damerdji et un autre du soutien. J'ai reçu une terrible gifle quand j'ai refusé de lever les bras.
Alors que les balles crépitaient avec un autre groupe de moudjahidine proches de nous où 11 djounoud perdirent la vie, le soldat français, un appelé, apeuré, chargé de nous surveiller, ne pensait qu'à sa survie. On a profité de son manque de vigilance pour disparaître dans la nature pour rejoindre une autre katiba à plusieurs dizaines de km. Cinq mois après, on est venus au même endroit pour récupérer les armes qu'on avait cachées. Quelque temps après mon mariage au maquis, j'ai été capturée et mon mari a été tué. Je fus emprisonnée et torturée par un harki à l'actuelle mosquée Madahib el Arbaa de la ville, alors que j'étais enceinte. Comme je n'avais pas encore 18 ans et que je venais de mettre au monde un nouveau-né, on m'accorda la résidence surveillée jusqu'à l'indépendance.»


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