- A chaque nouvelle rentrée, le spectre de la grogne sociale se profile. L'Etat a jusque-là absorbé cette colère par des révisions salariales, mais aujourd'hui de nouvelles grèves sont annoncées. Jusqu'à quand l'Etat pourra-t-il maintenir cette relative paix sociale '
La paix sociale est liée à la réalisation des objectifs du développement régional et territorial et non à la prise de décisions aux conséquences négatives. On avait averti contre l'injection de nouvelles liquidités à travers l'augmentation des salaires, car elle impacte l'inflation. C'est ce qui s'est produit quand le gouvernement a augmenté les salaires de 15%, les prix de certains produits ont augmenté de 50% et le taux d'inflation prévu à 3,8% dans la loi de finances 2012 a atteint 7,2% en juillet de la même année. Evidemment, il y a d'autres raisons à l'inflation comme la spéculation et l'anarchie dans le secteur du commerce résultant de la faiblesse de l'administration économique. Néanmoins, les mesures prises par le gouvernement qui consistaient à acheter la paix sociale par le relèvement du pouvoir d'achat sont limitées désormais. Même la lutte contre les marchés informels qui est en train de s'opérer actuellement s'inscrit dans le même cadre des solutions urgentes et non étudiées. Ce qui est attendu de nos responsables, c'est de mettre en place de vraies politiques fondées sur la réforme de l'administration économique qui doit s'accompagner d'une lutte contre la corruption et la spéculation, de la mise en place des vraies conditions de concurrence, de la libéralisation du commerce extérieur de la mainmise des lobbies et la réforme du système fiscal. En somme, prendre des mesures structurelles à long terme et non des décisions superficielles qui peuvent davantage nuire que résoudre des problèmes.
- Quels sont, à votre avis, les dossiers les plus prioritaires que le gouvernement doit prendre en charge à la nouvelle rentrée '
Les dossiers prioritaires sont nombreux : on peut citer la réhabilitation de l'appareil exécutif afin qu'il se rapproche de la bonne gouvernance en remplaçant les responsables qui ont échoué dans leur mission sur la base du seul critère de la compétence. La mise en place d'une politique avancée en matière de développement rural et l'amélioration de la gestion des communes, la réhabilitation du service public, la lutte contre la corruption, la décentralisation du pouvoir de décision et l'équité dans la distribution régionale de la rente afin de parvenir à un développement équilibré.
- Depuis les élections législatives, le gouvernement était comme paralysé. Jusqu'à quel point la gestion des affaires économiques subira-t-elle l'incidence des enjeux politiques '
Quand des gouvernements sont installés dans le cadre d'absence des éléments d'une bonne gouvernance, les ministères concernés connaissent une période de transition d'au moins six mois et parfois même ils subissent des changements radicaux soit dans leur plan d'action ou dans leur composante humaine. Ceci ne fait pas les affaires du développement et menace la stabilité du pays. La stabilité du front social ne tiendra pas longtemps si les choses ne changent pas en raison de l'incapacité du gouvernement à prendre en charge les préoccupations sociales. En matière d'emploi par exemple, le taux de chômage n'a baissé que de 0,2% entre 2009 et 2011 malgré les dépenses faramineuses de l'Etat. Par ailleurs, il y a des difficultés qui sont attendues sur le plan des équilibres financiers en raison de la baisse prévue des cours du pétrole et de la hausse attendue des prix des produits alimentaires. La production nationale des hydrocarbures se dirige vers la baisse en raison de la diminution des investissements étrangers directs. Par ailleurs, l'instabilité des taux d'intérêt sur les marchés financiers mondiaux réduit la valeur des avoirs de l'Algérie à l'étranger. Enfin, la durée de vie supposée du pétrole algérien, proche des 30, alors que l'Europe se dirige à l'horizon 2050 vers le remplacement des énergies conventionnelles par des énergies propres. Tout cela suppose la mise en place de politiques nationales basées sur la bonne gouvernance, le développement humain et la relance de l'économie globale en lieu et place d'un développement sectoriel.
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Posté Le : 10/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Safia Berkouk
Source : www.elwatan.com