Algérie

Bachir Derrais



Bachir Derrais
Le réalisateur Bachir Derrais qui prépare, depuis quelques années déjà, un film sur Matoub Lounès explique les raisons de ce choix. «Sa vraie vie m'intéresse. Pas le côté people. C'était un écorché vif.Il a eu une vie de cinéma, très difficile et une enfance instable. Sa vie se déroule en parallèle avec l'histoire d'Algérie, de la guerre de Libération, l'indépendance, le maquis de 1963, le coup d'Etat de Boumediène, Avril 1980, l'arabisation, Octobre 1988, le terrorisme, etc. Et puis Matoub est souvent un acteur au sein de tous ces événements. Ce film va se faire avec les yeux de Matoub, de l'enfance jusqu'à sa mort. L'Algérie a été injuste envers lui, car Matoub était un patriote qui est allé jusqu'à prendre les armes contre les terroristes. On va passer au film sur Matoub dès qu'on aura fini avec celui de Ben M'hidi», confirme-t-il. Un beau clin d'?il, en vérité que cette transition cinématographique qui permet de passer de Larbi Ben M'hidi à Matoub Lounès. Dans l'appartement qui lui sert de bureaux à la société de production de films où il est en train de terminer le montage de son dernier film, Bachir Derrais égrène ses souvenirs : «Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises mais n'avons pas été amis. On a sympathisé un jour que je l'ai rencontré à Saint Michel et on a longuement discuté trois jours avant son retour fatidique en Algérie. C'est après son assassinat que je l'ai vraiment découvert. C'était quelqu'un de très humain et de très sensible et c'est là que j'ai découvert vraiment Matoub. Et c'est là que j'ai décidé de développer un scénario pour parler, au-delà de l'artiste, de l'homme qu'il était», dit-il.«Un talent fou»Bachir Derrais estime qu'on parle beaucoup plus de lui comme un rebelle que comme l'immense poète et artiste qu'il était. «Matoub était un phénomène comme il s'en produit rarement dans la vie d'un pays. Ce n'est pas un intellectuel qui a fait un parcours universitaire, c'est un autodidacte, un orateur avec un talent fou. Il avait le verbe, la force des convictions, la spontanéité, l'attachement qui ont fait de lui une légende. Peu de gens ont réussi à se faire aimer de cette façon», soutient-il encore. Le réalisateur estime que les médias ont été injustes avec l'héritage culturel qu'il a laissé, la vie qui a été la sienne et les souffrances qu'il a endurées. «Il a eu une vie terrible. Au vu de tout ce qu'il a donné et légué en héritage, on a du mal à penser qu'il est mort à 42 ans, si jeune», dit-il encore. Ce qui le désole encore plus, c' est que depuis sa disparition physique en 1998, la polémique sur les commanditaires et les exécutants qui sont derrière son assassinat a dominé les débats, alors que son héritage et son patrimoine artistique et culturel sont les plus importants à ses yeux. «Si demain on apprend qu'il a été tué par X ou Y, fondamentalement, cela changerait quoi ' On va en parler pendant un mois ou deux puis on va passer à autre chose. Qu'est-ce qui va rester de lui ' Ce ne sont pas les noms de ses assassins mais bel et bien son ?uvre.Le film que je suis en train de préparer va mettre en valeur l'homme et le poète. Si Matoub était resté dans le chaâbi, il aurait effacé tout le monde. Des maîtres tels que Boudjemaâ El Ankis et Amar Ezzahi l'ont dit : ??Si Matoub chantait le chaâbi, il nous aurait tous mis au placard, car Il avait tous les potentialités du chaâbi'', conclut Bachir Derrais.


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