Algérie

Bachar Al-Assad intransigeant: «Plutôt mourir que partir»


La crise syrienne est partie pour durer. Alors que les assassinats de civils continuent dans un pays en pleine désorganisation, en dépit des appels à la retenue de la communauté internationale, la Ligue arabe a annoncé la tenue jeudi prochain au Caire d'une nouvelle réunion pour examiner la situation dans le pays, au moment où le régime de Bachar Al-Assad refuse d'appliquer le plan de paix arabe. C'est actuellement l'impasse totale, à un moment où les appels de la communauté internationale se multiplient pour l'arrêt des violences et le départ du régime en place. Une solution arabe au conflit est envisagée, mais elle reste bloquée par l'intransigeance du Président syrien de discuter une telle alternative.

C'est face à cette impasse, et alors que la répression des civils continue, que les ministres arabes des Affaires étrangères vont se réunir jeudi une nouvelle fois, une semaine après la rencontre de Rabat, pour examiner la situation en Syrie, a annoncé hier dimanche à la presse le secrétaire général adjoint de l'organisation, Ahmed ben Helli. «Le conseil de la Ligue arabe tiendra une session extraordinaire jeudi au niveau ministériel sous la présidence du Qatar» pour examiner la crise en Syrie, a-t-il ajouté. Le comité ministériel sur la Syrie - qui réunit le Qatar, l'Egypte, Oman, le Soudan, l'Algérie et le secrétaire général de la Ligue, Nabil Al-Arabi, va se retrouver au quartier général de la Ligue arabe mercredi pour préparer la réunion de jeudi. Les ministres des Affaires étrangères arabes doivent discuter des prochaines étapes, après que la Ligue eut rejeté dimanche une demande de Damas d'amender le projet d'envoyer une délégation de 500 observateurs en Syrie. «La Ligue est résolue à résoudre la crise syrienne dans un cadre arabe, afin de mettre fin à la violence et aux meurtres et de répondre aux ambitions du peuple syrien pour le changement et les réformes politiques et économiques», a souligné la Ligue arabe dans un communiqué.

Une position qui ne semble pas plaire à Damas, pour laquelle «la main de l'étranger» reste de mise. Ainsi, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a accusé dimanche certains membres de la Ligue arabe d'utiliser l'organisation comme un «outil» pour parvenir au Conseil de sécurité de l'ONU. «On ne peut pas prendre des décisions précipitées. Ce qu'il faut, c'est une réflexion rationnelle car certains dans le monde arabe utilisent la Ligue arabe comme un outil pour parvenir au Conseil de sécurité», a-t-il estimé. Selon lui, la proposition «de la Ligue arabe comporte des articles reflétant les positions non équilibrées adoptées par certains Etats membres depuis le début de la crise», a-t-il précisé, après le rejet par la Ligue arabe dimanche d'une demande de Damas d'amender le projet d'envoyer une délégation de 500 observateurs en Syrie. «Ce protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe de très amples prérogatives, voire impossibles, pouvant aller jusqu'à la violation de la souveraineté nationale», a-t-il souligné. «Cela est sans précédent dans l'histoire des organisations régionales qu'une organisation travaille contre l'intérêt d'un de ses membres», a-t-il dénoncé. Quant à l'ultimatum donné par la Ligue arabe et qui a expiré samedi sans réponse de la Syrie, il, a déclaré que «Nous en Syrie, ne considérons pas que l'ultimatum est une question importante ; le contenu est ce qui est important, et parvenir à un accord avec la Ligue arabe est ce qui compte». De son côté, le président syrien Bachar Al-Assad s'est dit prêt à mourir plutôt que de quitter son poste. Il s'est dit prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères. Dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, Bachar Al-Assad affirme que «mon rôle de président est dans l'action, pas dans des discours ou du chagrin».

«La seule solution est(...) de chasser les bandes armées, d'empêcher l'entrée d'armes et de munitions depuis des pays voisins, d'empêcher le sabotage et de faire respecter la loi et l'ordre». Il a souligné que «la Syrie ne s'inclinera pas» en dépit des pressions croissantes de l'Occident et des Arabes et la multiplication des appels à son départ. Il s'est dit aussi «tout à fait» prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères - «cela va sans dire et c'est indéniable».

Pour autant, l'après-Bachar est activement préparé par l'opposition. Le Conseil national syrien (CNS), regroupant la majorité des courants de l'opposition, a annoncé hier dimanche un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime et la tenue d'élections d'une assemblée constituante à l'issue d'une période transitoire d'un an. Selon ce projet diffusé sur son site Internet, le CNS proclame que «la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l'objectif de ce Conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l'opposition et des mouvements dirigeant la contestation». Le Conseil affirme vouloir «préserver la nature pacifiste de la révolte» et dit souhaiter «Å“uvrer à construire un Etat civil, démocratique et pluraliste, avec un système parlementaire», ajoute le CNS, qui prévoit l'égalité des citoyens, la séparation des pouvoirs, la protection et la garantie des droits des minorités. Selon ce projet, le Conseil «dirigera le pays avec l'institution militaire pendant la période transitoire afin de préserver l'unité et la sécurité du pays». Un gouvernement temporaire sera formé et sera chargé d'organiser des élections libres au bout d'un an, sous une supervision arabe et internationale, pour désigner une assemblée constituante avec pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution, ajoute le texte. La nouvelle Constitution sera soumise à un referendum. Et une fois adoptée, des élections législatives seront convoquées dans un délai de six mois.


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