Algérie

Baba Merzoug et les nouveaux harkis



El Djazaïr El mahroussa (la protégée) l'était-elle grâce aux performances d'une redoutable arme placée sur les hauteurs de La Casbah ' Baba Merzoug, un canon géant de sept mètres pouvait projeter un projectile de 80 kg et semer ainsi la terreur dans les navires de la chrétienté qui osaient s'attaquer aux «barbares» d'Alger. Feu Belkacem Babaci, natif de La Casbah et président de l'association éponyme, en était tombé amoureux au point où il ne ratait pas une occasion d'ameuter les avertis et les profanes sur l'objet de son désir. Comme il l'avait déjà fait sur l'unique chef corsaire algérien, Raïs Hamidou, il en fera presque un objet fétiche, d'où les mythes qui vont entourer Baba Merzoug.Voulant joindre le geste à la parole, il va réclamer son rapatriement ? il ira même dans le port de Brest, au nord-ouest de la France, où il est érigé au ciel ?. On le comprend, l'arme si particulière est un symbole de la prise d'Alger. En vain, malgré de multiples démarches, le «captif» de 191 ans n'est toujours pas rentré chez lui. Au demeurant, cette question alimenterait les querelles algéro-françaises. À moins d'une décision politique de haut niveau, la polémique ne se tarira pas de sitôt. Un premier pas sur les biens algériens volés a été fait avec la restitution des crânes des premiers résistants algériens. Un moment fort d'émotion, oui ça l'était. Mais à l'heure où les héritiers de nos ennemis d'hier se font de plus en plus ouvertement arrogants, le challenge prend une autre tournure. L'on se réveille à l'injustice faite aux collaborateurs, les harkis, qu'ils veulent réhabiliter pour services (sévices) rendus à l'?uvre civilisatrice de l'empire colonial. Au détriment de leur pays d'origine, bien évidemment.
Cependant, à focaliser sur la restitution de Baba Merzoug, l'on court le risque d'occulter tous les autres «biens mal acquis» par madame la France, jusqu'à notre mémoire. Nos repères identitaires malmenés, dénaturés ne se suffisent pas de discours creux de circonstances, puants la démagogie. On n'a pas, au jour d'aujourd'hui, connaissance d'une liste exhaustive des objets culturels, cultuels ou autres confisqués. Garder les choses en l'état arrange bien les affaires d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée ' Et d'ailleurs, pourquoi faire tant de bruit du patrimoine réclamé qui serait entre de bonnes mains, dans des enceintes dédiées, enregistré, fiché, entretenu par un personnel qualifié et aux petits soins. Baba Merzoug serait bien là où il est, qu'il y reste !
À propos de mémoire, cette réalité bouleversante de La Casbah d'Alger jonchée de détritus, qui ne finit pas de mourir, dans la saleté, l'indifférente. Et c'est d'ailleurs le cas de toutes les Casbah d'Algérie. Nous vivons aujourd'hui un paradoxe, les plus vindicatifs, qui crient sur le mal fait par la France à l'Algérie, sont les premiers à se jeter dans ses bras. Ces nouveaux harkis couleront des jours heureux de fin de vie. Combien sont-ils parmi ceux des anciens hauts responsables de l'Etat qui nous ont gouvernés (ou bernés) à se balader dans les boulevards prestigieux de Paris et d'autres grandes villes. De surcroît, ils n'ont rien à craindre de la justice française, sommée ? politiquement ? d'assurer leurs arrières et leurs fortunes acquises sur le dos des Algériens. Il n'y a pas que Baba Merzoug à rapatrier. Nous osons y croire.
B. T.
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