Algérie - Casbah d'Alger

" Baba Marzoug "Une pièce d’artillerie datant du XVIe siècle



On peut être pour ou contre sa restitution. Cette pièce d'artillerie fait partie d'un patrimoine commun qui a aussi bien sa place à l'arsenal de Brest que sur une grande place de la capitale Algérienne. Il est vrai que de ce côté sud de la méditerranée, ce magnifique trésor en bronze retrouverait sa véritable place. Napoléon avait pris la fameuse statue d'Apollon qui se trouvait sur la porte de Brandebourg à Berlin, elle fut restituée à l'Allemagne ultérieurement. L'art et la culture étant universelle, nous ne pourrons que nous réjouir de voir "Baba Marzoug" retourner au pays et sceller un peu plus les liens d'amitié entre les deux peuples. Ceci étant un point de vue très personnel, nous ouvrons nos colonnes à ceux qui pourraient penser le contraire. H.B


Tout au long du moyen âge, les Barbaresques sont les maîtres incontestés de la Méditerranée occidentale, les royaumes chrétiens devant faire face à de nombreux actes de piraterie le long de leurs côtes. En 1509, le rapport de force commence à s’inverser. Le roi Ferdinand d’Aragon fait occuper Oran puis Alger (Al-Djazaïr). Les autorités arabes se voient contraintes de signer un traité dans lequel elles renoncent aux actes de piraterie et reconnaissent l’autonomie d’Alger.

En 1529, le célèbre corsaire turc Aroudj, plus célèbre sous le nom de Barberousse, parvient à déloger les Espagnols avant de prendre le pouvoir comme souverain d’Alger. Sous son impulsion et celle de ses successeurs, la ville se fortifie considérablement. Elle devient la capitale des corsaires turcs et province extrême orientale de l’Empire Ottoman. Pour fêter la fin des travaux de fortification de la ville en 1542, le pacha Hassan fait fabriquer un énorme canon par un fondeur vénitien.
Longue de 7 mètres et d’une portée exceptionnelle de 4 872 mètres, la pièce d’artillerie est baptisée “Baba Marzoug” (Père Fortuné).
Dirigée vers la pointe Pescade, servie par quatre artilleurs, elle interdit à tout navire ennemi l’accès à la rade d’Alger. La piraterie bat à nouveau son plein.
En 1682, les Barbaresques capturent une frégate de la marine royale française et réduisent, comme à leur habitude, l’équipage en esclavage.
Louis XIV s’en offusque et réagit en envoyant l’amiral Abraham Duquesne à la tête d’une expédition punitive. Près d’une centaine de navires équipés de bombes incendiaires bombardent la Ville Blanche. La puissance de feu française fait plier le dey Baba Hassan qui capitule. Le révérend père Le Vacher, consul du roi à Alger depuis 1671, se charge des négociations.

Tous les captifs chrétiens sont relâchés. Cependant, un certain Mezzo Morto, riche négociant de la ville,
fomente une révolte. Le dey est assassiné, Duquesne reprend les bombardements. En représailles, le nouveau maître d’Alger inaugure une méthode restée célèbre. Le consul, accusé de traîtrise, est placé devant la bouche à feu de l’énorme Baba Merzoug avant que les artilleurs ne fassent feu en direction du vaisseau amiral ! Depuis ce jour, la marine française a surnommé ce canon la “Consulaire” en mémoire du diplomate martyr. L’armada de Duquesne rentre en France sans avoir soumis Alger. L’amiral d’Estrée tentera à son tour de soumettre a ville en 1688, en vain.

Un siècle et demi plus tard, les puissances occidentales possèdent désormais un armement bien supérieur
aux Barbaresques. Le roi de France Charles X va profiter de la célèbre “affaire de l’éventail” pour amorcer la conquête de l’Algérie et tenter ainsi de redorer un blason quelque peu terni.
En 1827, on rapporte que le dey d’Alger, Hussein Pacha, souffleta le consul de France avec son chasse-mouches lors d’une discussion animée à propos d’une quelconque dette entre commerçants.
Pour laver l’affront, Charles X décide de monter une expédition militaire de grande envergure.
Bien sûr, le roi possède des arrières-vues coloniales et rêve de faire main basse sur l’or accumulé dans
la Casbah.
En mai 1830, une flotte hétéroclite de 675 navires transportant un corps expéditionnaire de 37 000 hommes débarque au large d’Alger, à Sidi-Ferruch, hors de portée des batteries du port et de la Consulaire. Le 5 juillet, la citadelle tombe

Polémique autour d’un monument brestois fiché sur les quais de l’Arsenal
Une pièce d’artillerie datant du XVIe siècle figure parmi les objets saisis par l’armée française lors de la conquête d’Alger en 1830. Érigée voici un siècle et demi sur les bords de la Penfeld, la Consulaire est aujourd’hui le sujet d’une controverse quant à sa restitution à l’État Algérien. Son histoire haute en couleurs mérite d’être redécouverte.

En 1833, l’amiral en chef Victor-Guy Duperré, originaire de Brest, fait transférer le canon dans sa ville natale. Il est érigé face au Magasin Général quai Tourville en “colonne votive” sur un socle en granit de l’Aber-Ildut flanqué de bas-reliefs du sculpteur Seur.

Des gravures enbronze commémorent l’événement. Sur l’une d’elles on peut lire “l’Afrique délivrée, vivifiée, éclairée par les bienfaits de la France et de la civilisation”.
Au sommet du canon, un coq pose une patte sur un boulet, symbolisant la France dominant le monde!
Dès 1912, une pétition d’anciens de l’armée d’Afrique réclamait le retour du canon à Alger, sans succès.
Aujourd’hui, c’est par l’intermédiaire d’un homme d’affaire breton, Domingo Friand, qu’une campagne
en faveur du retour du canon algérois conservé à Brest a été initiée.
Ce dernier souhaite que le canon soit transféré à Alger le plus tôt possible dans le cadre de la signature
d’un traité d’amitié entre nos deux pays.

Le dossier a été transmis au ministre de la Défense Michèle Alliot- Marie qui a opposé un refus poli mais ferme, estimant que “le personnel de la marine manifestait un attachement particulier à ce monument qui commémore la participation des marins à un épisode glorieux de l’histoire de nos armées.”
La diplomatie est souvent capricieuse mais il semblerait bien que “Baba Merzoug” passe encore quelque temps à nos côtés.


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