Algérie

Bab El-Oued (2001), Boumerdès (2003) et Ghardaïa (2008)



Les Algériens ne savent rien des plans Orsec La catastrophe qui a touché et endeuillé la ville de Ghardaïa pose une nouvelle fois la problématique de la sécurité des villes contre les phénomènes naturels... Les populations ne savent rien des plans Orsec auxquels elles ne sont pas associées et aucune donnée n’est disponible sur les actions prises pour protéger les villes. Dès la survenue des inondations, qui ont fait 33 morts à Ghardaïa, des dizaines de blessés et des dégâts matériels considérables, il devenait évident que l’ampleur de la catastrophe naturelle était telle qu’elle avait vite pris au dépourvu les responsables locaux. De leur aveu même, tel que rapporté par nos confrères, les autorités locales n’étaient tout simplement pas prêtes à faire face à des événements qui survenaient dans un temps record. Bien que la population soit occupée avant toute chose à résister avec l’aide des autorités locales aux séquelles des inondations, elle doit cependant se demander si, quelque part, il n’y avait pas moyen de limiter les dégâts. Cela rappelle les inondations de Bab El-Oued, de novembre 2001, lors desquelles le discours officiel a préféré expliquer par la volonté divine une catastrophe dans laquelle l’absence de contrôle de la croissance de la ville avait, pourtant, une grande part. Depuis, un programme commun entre le gouvernement algérien et la Banque mondiale a été lancé, dans le cadre d’un accord de coopération portant sur «la réduction de la vulnérabilité aux catastrophes naturelles en milieu urbain». Assorti d’une enveloppe financière de près de 89 millions de dollars, ce projet devait renforcer la capacité de l’Algérie à faire face aux catastrophes naturelles et à les gérer, tout en introduisant des mesures préventives à long terme. Il était censé préparer le gouvernement algérien à être capable de répondre rapidement aux catastrophes naturelles, en finançant des études, la formation du personnel des agences nationales de protection civile, la météorologie et la gestion des ressources en eau. Le projet devait aussi assister le gouvernement dans l’acquisition de l’équipement nécessaire aux opérations de recherche et de sauvetage ainsi qu’aux évacuations sanitaires. Une autre composante du projet devait financer la reconstruction d’urgence telle celle de nouvelles maisons pour ceux qui ont perdu leur domicile au cours des inondations de Bab El-Oued. Enfin, le projet devait investir dans les travaux hydrauliques et le reboisement, afin de limiter l’érosion des sols et de prévenir d’éventuelles inondations. Ce programme, entamé en août 2002, devait déboucher sur le réaménagement de la partie Est d’Alger, et notamment les communes de Bab El-Oued, El-Biar et celle de Bouzaréah traversée par le Frais vallon, l’oued qui abrite encore une voie express, ainsi que certaines zones à risque. On ne sait ce que ce programme est devenu ni quel est son taux de progression. Cela est pourtant nécessaire à connaître, d’autant qu’il devient de plus en plus évident que le gouvernement algérien ne veut plus faire appel à l’expertise de la Banque mondiale, et ce, au moins depuis 2004. Et une telle expérience aurait gagné à être menée à son terme avec toute la capitalisation en aval qui aurait permis aux instances concernées de tenter des schémas de prévention similaires dans d’autres villes du pays. Se pose, d’autre part, la question des plans Orsec qui sont des plans d’urgence devant être déclenchés par les autorités locales pour, soit prévenir les catastrophes, soit réagir immédiatement, et organiser les secours et les aides aussi bien au niveau d’une wilaya qu’interwilayas. Ces plans, lorsqu’ils existent préalablement à la catastrophe, en version actualisée et en adéquation avec le niveau de croissance des agglomérations, sont méconnus du public. La population, lorsqu’elle sait ce qu’est un plan Orsec, ne sait pas comment il doit se dérouler ni ce qu’elle doit faire alors. Autant de procédures simples et salutaires qu’elle n’apprend qu’à la dernière minute ou alors trop tard. C’est là que se démontre l’écart entre l’administration et la population, dans la mesure où l’on a rarement vu un wali ou un maire inviter les représentants de la société civile ou les comités de quartier pour leur expliquer la marche à suivre en cas de catastrophe naturelle. La population est rarement associée à l’élaboration des plans d’évacuation de la ville en cas d’inondation ou d’incendie majeur, ce qui n’est pas du ressort seulement des services de sécurité et de la Protection civile, mais aussi de toutes les catégories sociales, les médecins, la directeurs d’établissements éducatifs, les parents d’élèves, les associations, les agents de sécurité, etc. Amine B.


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