Algérie

Azzefoun



Azzefoun
Mon fils, je t'interdis d'aller prier dans cette mosquée. L'imam est un extrémiste. Viens prier ici avec nous dans la mosquée du quartier.»Ces paroles sont celles d'un père de famille rencontré l'été passé lors d'un séjour touristique dans la coquette ville balnéaire d'Azzefoun dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon ses dires, cette dernière décennie a vu la floraison de mosquées, imposantes de taille et d'équipements, dans les petits villages environnants. Elles seraient plus spacieuses et mieux équipées que celle de la bonne vieille mosquée du chef-lieu de la ville. Toutefois, notre interlocuteur a tenu à préciser que le nombre de ces villages est pour le moment restreint, trois ou quatre. La majorité des habitants sont encore attachés à la pratique tolérante et pacifique de l'islam de leurs ancêtres.Ce phénomène de construction d'infrastructures cultuelles gigantesques est caractérisé par la disproportion avec le faible nombre de villageois censés les remplir. «Le taux de remplissage de ces grandes mosquées est dérisoire, sauf lors des vacances d'été avec les salafistes algérois qui affluent en masse», nous dira ce jeune pratiquant, militant d'un des deux partis démocrates implantés dans la région. Selon les citoyens qui ont prié dans ces mosquées de luxe, ce sont les prêches incendiaires de leurs imams officiels qui en font la popularité.Payés avec l'argent du contribuable et émargeant au budget de l'Etat, ces imams salafistes n'hésitent pas à reproduire en toute impunité les stéréotypes du discours haineux et rétrograde. Le chef-lieu de la commune (et de la daïra) cerné par ces mosquées animées par le courant extrémiste semble répondre à une stratégie minutieusement élaborée quelque part en Algérie, voire dans un pays «frère». Par le biais de rabatteurs, ces imams attirent des adolescents du centre-ville, des illettrés sans niveau scolaire, des retardés mentaux, des universitaires frustrés et psychologiquement coincés, ainsi que des commerçants bedonnants.Tous arborent la tenue salafiste : barbe (ou barbichette), kamis saoudien, pantalon court et sandales. Ils n'hésitent pas à effectuer la dizaine de kilomètres à pied, en voiture ou en fourgon pour s'abreuver des discours de haine et du djihad. Conséquence logique de ce travail de fond, inconnue jusque-là dans la région, cette tenue, symbole du wahhabisme sectaire, s'affiche avec ostentation. Dans l'un de ces villages, les salafistes imposent aux habitants la présence à la «halqua» dirigée par l'imam entre les deux dernières prières de la journée. Les absents sont passibles de remontrances et les réfractaires mis à l'index. L'inquisition serait-elle en marche à pas feutrés, en attendant qu'elle explose comme une bombe ' A l'instar de leurs «frères» d'Alger qui les parrainent, ces salafistes wahhabites de la région d'Azzefoun ni ne saluent ni ne discutent avec des personnes étrangères à leurs convictions : une véritable secte.




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