Algérie

Azrou, Ifri, Tizi, trois grottes à valeur historique


Azrou, Ifri, Tizi, trois grottes à valeur historique
Il est le fondateur de la première association de spéléologie à Béjaïa. Hamid Arezki, 73 ans, retraité, n'a pas hésité un instant à partager une partie de son aventure intellectuelle et sportive. Sa passion : la spéléologie et les sports de montagne.Après la fin de la Guerre de Libération nationale, il a été sollicité par la mouhafada de Béjaïa, à l'époque dirigée par Karim Younès, pour une mission de prospection de trois grottes se situant dans la région d'Ouzellaguène (Ifri et Timeliouine). En plus de l'exploration, le but de cette sortie vise également à extraire les ossements des martyrs ayant péri dans ces grottes afin de les inhumer dans le carré des martyrs. «Les trois grottes en question, à savoir celle dénommé Azrou (explorée en 1984), celle d'Ifri et la grotte dite ''de Tizi'', ont servi comme points de repli des postes de commandement (PC) et même de quartier général de l'Armée de libération dans cette région qui a connu d'intenses combats», raconte Hamid Arezki.
Dans son bureau situé près du quartier Sidi Ahmed, cet ancien instituteur préfère nous lire ses notes avant de nous remettre des copies des PV et autres rapports de mission qui retracent son parcours dans cette discipline qu'il garde jalousement sous la forme d'une brochure de spéléologie intitulée Affalu (grotte).
Une véritable mine d'or en termes d'informations scientifiques et historiques sur différentes régions de la Kabylie, à commencer par les Babors, le massif de Gouraya, Agueriou,
Aftis et Ghar Elvaz. D'après les témoignages, note Hamid Arezki, «la grotte Azrou, au nord de Timliouine, a été un PC stratégique qui domine la vallée de la Soummam. Une attaque aérienne a eu lieu courant 1958 à l'aide d'un hélicoptère armé de roquettes. Pas moins de 35 maquisards ont été pris dans le feu de l'action. Nos recherches ont permis la découverte d'une sorte de charnier à l'intérieur de cette cavité». A l'est du même village, à Ifri, une autre mission a été confiée au groupe de spéléologues dirigé par Hamid Arezki.
Une mission qui les a conduits dans une grotte vivante vu la présence de concrétions et composée de plusieurs salles assez spacieuses pour contenir des dizaines d'hommes. «La grotte Ifri ouvre sur une première salle de 40 m de longueur avec une hauteur sous fond de 8 m. Ensuite, elle débouche sur un couloir qui nous a conduits vers une seconde salle d'une longueur de 20 m et une hauteur de 6 m». Selon les données historiques recueillies par les initiateurs de ces expéditions, la grotte peut être un QG de la Wilaya III historique.
Elle a donc le mérite d'avoir abrité plusieurs responsables de la Révolution. «Le 11 novembre 1958, témoigne-t-on, à l'issue d'un affrontement, les maquisards se sont réfugiés dans la grotte. L'armée coloniale a mené une attaque à la grenade, puis a obstrué l'entrée de la grotte après avoir injecté un gaz toxique», rapporte notre interlocuteur. Comme les grottes d'Ifri, celle de Tizi a fait objet d'exploration et même d'un documentaire enregistré par la Radio télévision algérienne (RTA), à l'époque.
En janvier 1988, le maire d'Ighzer Amokrane sollicite les services du club pour tourner un documentaire sur l'histoire du village Tizi qui comptait alors une centaine d'habitants, voulant faire découvrir également la grotte qui porte le même nom. L'idée du maire était de raconter l'histoire de la région et d'engager l'idée d'aménager la grotte en un monument historique et en site touristique. Rien n'est fait à ce jour. Après cette mission, le groupe de spéléologues a officiellement émis le souhait que ces grottes qui souffrent d'abandon soient classées comme monuments historiques et de les mettre en valeur sur le plan touristique, d'autant plus que la région accueille des événements, tel le Festival national de la montagne. Le rêve de voir ces sites valorisés est, à ce stade, une chimère pour Hamid Arezki, qui a eu à son actif plusieurs travaux dans le domaine, dont une expédition avec un groupe mixe algéro-espagnol à Aswel où ils ont passé plusieurs heures sous terre.
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