Algérie

AZIZ TOUMI



AZIZ TOUMI

Il vient de publier un livre, recueil de poèmes et d'alexandrins racontant sa ville, sa région, son pays lui qui vit derrière la mer.M'Chedallah a de tout temps enfanté des érudits. Elle a aussi donné à la science beaucoup de ses enfants. Dans le domaine littéraire et en ces temps modernes Toumi Aziz occupe une place de choix. Dernièrement il vient de publier un livre, recueil de poèmes et d'alexandrins racontant sa ville, sa région, son pays lui qui vit derrière la mer sur le versant nord. L'oeuvre qui est tantôt autobiographique tantôt biographique est enchevêtrement de périodes allant de la tendre mais combien misérable enfance jusqu'à l'âge adulte et le déracinement à la quête d'un bout de pain.Le combat au départ inégal tournera à l'avantage de l'orphelin de Maillot qui finira par s'imposer; son oeuvre en est la concrétisation. Aziz Toumi est né en 1944 au village Ath Allaouche, dans la commune de M'Chedallah. La galère débutera tôt. Orphelin à l'âge de 17 mois, chassé de chez lui à 12 ans, Aziz Toumi, vivra son enfance dans la ville de Bouira puis dans les ruelles d'Alger, ville sous la botte des paras de Bigeard. Ni le froid ni la prison pour un bout de pain n'atténueront la détermination du maillotin. Il goûtera aux côtés de ses frères à la joie d'une indépendance amplement méritée. L'auteur dans bon nombre de ses poèmes montre que la misère d'ici (Algérie) est de loin moindre de celle de là-bas (France). Cette idée est comprise dans l'avant-propos de son livre, l'auteur, docteur d'Etat en lettres françaises, enseignant à l'université de Lille pendant une trentaine d'années avant de prendre sa retraite, résume son acte: «J'ai voulu écrire cette oeuvre, parce que les yeux ont vu la souffrance. Je me suis fait une fausse idée, dans ce pays où l'on ne cesse de clamer la liberté, à tout vent, j'aurais ma part de raison, celle qui m'a été ôtée par les colons. Dans le pays d'où je viens j'y ai vécu une humanité sinistrée», dira-t-il.Il poursuivra un peu plus loin en disant: «la grande histoire est que j'ai cru, avec force, sans illusion aucune, avoir été parmi les égaux. Je pouvais croire à ma part de justice, enfin. Je me le répétais sans cesse. Or, le nombre d'années passées dans ce pays honoré par mes parents et grands-parents était une joie à chagrin. J'ai vu la plupart de mes compatriotes. Je les ai vus s'entasser dans des caves, dans des mansardes froides, sans chauffage, l'hiver. Je les ai vus dans des gourbis, faits de tôle de voitures. Je ne m'attendais pas à cette horrible chose. On me disait, quand j'étais enfant, mon père et mon grand-père qui avaient fait la guerre, 1914 et 1940, que la France était juste. J'écoutais, les yeux grands ouverts, comme si c'était la plus belle musique du monde...» Au-delà de l'expérience personnelle Aziz Toumi dresse un tableau de cette France, source des maux de tout Algérien et algérienne pendant et après l'occupation. L'auteur raconte cette dualité (France-Algérie) en y apportant un grain de poésie alliant l'art d'écrire à un contenu des plus réalistes. Dans ses poèmes, l'Algérie, le combat pour la liberté, les atrocités du colonialisme, la valeur des hommes et femmes de sa région sont autant de dénominateurs communs. Dans un poème intitulé «Le serment de la nuit coloniale» page 55 l'auteur rend un hommage sublime à ce jour où le soleil de l'indépendance éclaira de toute sa splendeur la patrie et exprime sa détermination innée en lui pour courir après la liberté. «Huit ans que notre âme était ainsi effrayée, sa splendeur la patrie.L'Indépendance fut trop chèrement payée». Puisant dans le traditionnel et la culture populaire qui fait appel aux témoignages des sages et des «gouals ou diseurs», il raconte en vers sa rencontre avec un sage «Dix ans ont meublé mon esprit, formé ma plume, Argenté mes noirs cheveux comme un blanc d'écume,.../...Mais, j'avais promis par un serment solennel, De poursuivre d'un pas d'acier les criminels,.... Aziz Toumi vient de montrer le génie algérien à travers des poèmes qui racontent l'histoire d'un homme au milieu de sa région à une époque coloniale qui a marqué plus d'un esprit. L'association de deux intellectuels, de vrais: Fethi Riah et Aziz Toumi a permis la mise à jour d'un recueil dont la place est au musée de l'histoire de ce pays. Voilà le genre d'oeuvres que notre ministère de la Culture doit promouvoir.Les poèmes sont la réalité crue d'une région qui a consenti des milliers de martyrs pour retrouver sa liberté. Aziz a lui préservé les faits pour les raconter aujourd'hui à la nouvelle génération qui voyait en cette France un symbole mais qui en fait n'est qu'une entité coloniale. Ce constat est mentionné avec art et finesse dans les poèmes «la Révolution des glorieux», ou en racontant la misère et la dure vie de la Nuit coloniale dans le chapitre IV «le joug colonial», puis les exactions vécues ou entendues dans le chapitre V «les Seigneurs du mal».




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