Algérie

Azazga : Hommage au chahid Mohand Selhi



Une stèle immortalisant le nom du martyr Selhi Mohand, dit «Oulhadj», a été inaugurée jeudi dernier au centre de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) de la ville d'Azazga, à 37 km à l'est de Tizi Ouzou.Une cérémonie de baptisation de l'établissement a eu lieu, après l'écoute de l'hymne national, le dépôt d'une couronne de fleurs, en présence de dizaines de femmes et d'hommes de cette région natale du chahid et d'Alger, des étudiants stagiaires du CFPA et de la famille du martyr, notamment ses filles et ses neveux. Présentés dans une vaste salle du centre archicomble, les témoignages, notamment des deux filles du martyr et de son neveu, d'un représentant de la DFP (direction de la formation professionnelle) de Tizi Ouzou, de Mohand Saïd Chekini, ancien wali et ancien condamné à mort pendant la guerre de Libération nationale.
Selhi Mohand, dit Oulhadj, est né en 1917 à Cherfa n'Bahloul (Azazga). Il entra à l'école primaire de Azazga jusqu'à l'obtention de son CEP en 1929. Il passa brillamment le concours des bourses en 1930 et entra en classe de 6e au collège de Blida (actuel lycée Ibn Rochd) où il accomplit une scolarité remarquable marquée durant tout son cursus scolaire par des prix d'excellence. C'est dans ce collège qu'il fit connaissance de Ali Boumendjel, avec qui il restera ami jusqu'à leur arrestation et leur assassinat en 1957 par les forces coloniales. Il obtint, très jeune, son baccalauréat, série mathématiques élémentaires, en 1936 et se lança dans la préparation aux grandes écoles, au grand lycée Bugeaud (actuel lycée Emir-Abdelkader) pour étudier les mathématiques supérieures et les mathématiques spéciales. Il réussit brillamment son entrée à l'Ecole polytechnique de Paris comme ?Grand admissible? mais la mention ?musulman? ne lui ouvrait pas le droit d'accès à cette école qui n'était réservée qu'aux seuls Français de souche.
En 1939, il interrompit ses études jusqu'en 1945 à cause de la Seconde Guerre mondiale. Il reprit ses études à l'école des Mines de Nancy et devint ingénieur en 1947, puis obtint un poste au Gouvernorat général à Alger, au service de l'industrie et des mines.
Il démissionna en 1956, le général Lacoste lui ayant proposé le poste d'administrateur, et rejoignit directement la société Shell avant d'être rejoint par Ali Boumendjel. Pour ses activités de militant très actif, adhérent de l'UDMA de Ferhat Abbas et des Scouts musulmans algériens (SMA), tout comme son frère Saïd, il fut mis en garde, lors d'un séjour en métropole, qu'il risquait de se faire arrêter s'il rentrait en Algérie. En effet, en février 1957, lors d'un déplacement professionnel à Oran, il se fit arrêter par les parachutistes français au moment même où la bataille d'Alger débuta.
Les forces coloniales reprochaient à Selhi Mohand ses activités militantes et révolutionnaires. Il avait, entre autres missions, celle de lancer une Radio-FLN qui émettrait à partir de Clos Salembier à Alger. Selhi Mohand était aussi accusé de tenir à Azazga des réunions clandestines avec de grands militants. Mohand Selhi, tout comme Ali Boumendjel, furent arrêtés et conduits à la tristement célèbre ferme Perrin de Birkhadem, où ils furent torturés à mort et leurs corps ne seront jamais retrouvés.
La fille du martyr rappellera que Mohand Selhi et son frère aîné étaient engagés très tôt dans le mouvement national, alors que la maison de leur père à Cheurfa (Azazga) abritait des réunions clandestines avec des chefs historiques pour préparer l'adhésion et la mobilisation de la population à la future lutte de Libération nationale. La maison familiale abritera de multiples réunions clandestines auxquelles participaient Hocine Aït Ahmed, Amar Ould Hamouda, Si Tahar Belkacem (Chaâra), Si Rezki Sari, Ahmed Zaïdat, Saïd Mehlal, Si Ouali Benaï et Amar Ath Chikh. Le neveu du martyr apprendra à l'assistance que Abane Ramdane avait exhorté Mohand Selhi à rester à Shell et à se perfectionner dans la spécialité du pétrole en vue de pouvoir aider le pays dans ce domaine à l'indépendance nationale. Les forces coloniales avaient mis un terme au parcours militant et professionnel de Mohand Selhi mais ne purent empêcher l'accès à l'indépendance nationale.


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