Algérie

Azazga : après les glissements de terrain La ville retient son souffle



Azazga : après les glissements de terrain
                                    La ville retient son souffle
De notre correspondante : Dalila I.
Danger - La menace est réelle. Les habitants espèrent de tous leurs v'ux que ce glissement arrête d'avancer, alors que la faille dépasse de loin un kilomètre.
En attendant de voir mieux et de lancer des mesures, plusieurs directions ont été appelées à se mobiliser suite aux dégâts enregistrés sur le réseau d'eau potable et celui de l'assainissement, dont le réseau d'assainissement à l'entrée de la maison de la culture, les poteaux d'électricité touchés dont une ligne de 30 000 volts qui a nécessité l'intervention des services de la Sonelgaz.
Même les entreprises privées ont été appelées à la rescousse, dont l'entreprise Bokais qui est intervenue dans le règlement de l'éclatement du réseau d'assainissement sur la route menant vers le village Ighil Bouzal. Il est à noter que les conditions climatiques ne permettent nullement l'intervention des services concernés, une fois celles-ci stabilisées, il sera procédé à la réalisation d'un mur de soutènement et d'évacuation des eaux pluviales et autres travaux de réhabilitation du réseau d'assainissement et d'eau potable ainsi que de travaux à même de limiter ce glissement qui menace d'effondrement d'un bon nombre d'habitations dont la maison de la culture et la poste. Une cellule de crise constituée de responsables de plusieurs directions dont celles de l'hydraulique, des travaux publics, de l'urbanisme et de la Sonelgaz a été mise sur pied pour le suivi de l'évolution de la situation et la prise d'éventuelle décisions à même de répondre à l'urgence de la situation et protection du citoyen.
Par ailleurs, une commission pluridisciplinaire a été dépêchée hier matin sur les lieux pour établir un état des lieux sur cet imminent glissement au niveau de cette localité qui a déjà été classée zone rouge en raison de ce risque de glissements .
Toute la journée, les membres de cette équipe pluridisciplinaire, composée de représentants de la direction de l'urbanisme (DUC), du laboratoire Centre des travaux publics (LCTP) et du Contrôle technique de la construction (CTC) tentaient de dresser un état des lieux exhaustif.Il faut rappeler que cette localité jadis appelée « Alma », ce qui signifie une zone riche en ressources en eau, a déjà subi deux importants glissements en 1973 et 1985. Pourtant, des orientations ont été données pour la prise de mesures préventives, pour parer à ce glissement de terrain qui menaçait toute la région, suite à des études géotechniques réalisées à cette époque. Elle n'ont jamais été prises en compte.
Désarroi de la population
Un énorme désarroi s'est emparé de la population de la localité d'Azazga où la consternation et la peur sont allées crescendo au fil des jours, soit depuis ces innombrables glissements de terrains qui tétanisent désormais une région entière. Ces sentiments sont très perceptibles au sein de la population de cette localité située à moins de quarante kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Depuis la fin du week-end passé, les choses vont de mal en pis. Le gigantesque glissement de terrain qui a fait son apparition gagne de plus en plus d'espace, menace de plus en plus de maisons jusqu'à atteindre le centre-ville.
Peur sur la ville
En arrivant à Azazga, on s'aperçoit que les habitants ont peur : ils ont peur pour leur vie, celle de leurs enfants et de leurs familles, pour leurs maisons et leurs biens. Durant l'après-midi d'hier, au lieu dit Les quatre chemins, à proximité du lieu où se tient le marché, une seule discussion : le glissement qui vient d'affecter toute la partie haute d'Azazga et qui jette le voile sur tout autre sujet. On ne parle ni des élections ni de quoi ce soit d'autre. Sur les murs des commerces, notamment des restaurants, des magasins d'alimentation générale etc, on distingue des fissures provoquées par les effets du glissement. «On peut dire que plus de 60 % de la superficie de la ville est touchée», estime-t-on sur place.
La sagesse l'emporte
Le sentiment de la peur l'emporte ici sur celui de la colère «Peut-on être en colère contre un phénomène naturel '» se demande un vieux dont le visage est traversé par des rides verticales qui témoignent non pas du poids de l'âgé mais peut être d'une vie non vécue. On retient son souffle et on espère que les choses n'empirent pas dans les jours à venir surtout si les intempéries venait à réapparaître. Le mois de mars est en effet une période propice aux glissements de terrains. Cette année particulièrement car la terre regorge d'eau. On se dirige vers l'APC pour en savoir plus sur cette catastrophe qui guette la ville et ses environs. Le P/APC n'est pas là . En ce moment même se tient une réunion de coordination au niveau de la daïra, nous apprend-on, réunion à laquelle prennent part, outre les deux responsables cités plus haut, les présidents de comités de quartiers et les services techniques de l'APC . «De toute façon, rien ne peut être fait dans l'immédiat. Il faut d'abord achever l'opération d' évaluation des dégâts avant de pouvoir agir», nous dira notre interlocuteur qui préfère garder l'anonymat.
Coupures d'électricité, de gaz et d'eau
«Nous vivons sans gaz, sans électricité et sans eau depuis deux jours», nous ont indiqué des habitants du village Tala Oukouchah. «C'est particulièrement éprouvant de vivre sans électricité avec en sus une peur au ventre de voir nos maisons emportées». En outre, par mesure de sécurité, la Sonelgaz a dû couper le gaz dans certains endroits. Le glissement a aussi rompu la canalisation d'approvisionnant du château d'eau du village Tacherouft, situé à trois kilomètres de la ville, qui se trouve desservi par citerne en eau potable depuis environ un mois.
Les dégâts à revoir à la hausse
Les dégâts occasionnés par le glissement, qui a particulièrement touché la partie nord de la ville sont inestimables en ce moment puisque la situation risque de s'aggraver d'un moment à un autre. La première évaluation effectuée par les services de la daïra et de l'APC d'Azazga fait état d'une coupure de la RN 71 qui assure la liaison entre cette localité et la daïra d'Azeffoun, au niveau du chemin menant vers le village Zane et le chemin menant vers le village Cheurfa au niveau du siège de l'OPGI, ainsi que des chemins qui desservent les villages Ath Bouhini, Agouni Guizane, Tala Oukouchah et Ighil Bouzal. La zone sur laquelle sont implantées la nouvelle maison de la culture d'Azazga qui n'a pas encore ouvert ses portes et les subdivisions de l'Hydraulique et de l'Algérienne des eaux (ADE), est particulièrement touchée par un affaissement de terrain sur une cinquantaine de mètres de long. Même l'école des Beaux arts se trouve menacée au lieu dit Les Chalets. En tout, on répertorie près d'une vingtaine de sites touchés.
La solidarité encore et toujours
Cette pratique séculaire et ancestrale qu'est la solidarité villageoise et citoyenne est toujours au rendez-vous. Comme durant la tempête de neige qui a bloqué toute la Kabylie, dont la région d'Azazga, cet élan s'est vite manifesté. Les habitants conscients du fait que c'est une catastrophe naturelle qui a frappé de plein fouet leur localité ont toutefois déploré «l'absence» des autorités locales qui ont laissé les familles «délogées » par le glissement se débrouiller comme elles peuvent en logeant chez des proches, alors que c'est aux services de l'APC de s'en occuper «Heureusement que la solidarité existe encore chez nous, et qu'on laisse jamais tomber les nôtres. Qu'a fait l'APC pour ces infortunées familles qui se retrouvent aujourd'hui sans abri '», déplorent les habitants d'Ighil Bouzal. La seule chose que ces services ont peut-être fait, c'est l'arrêt de délivrance des permis de construction depuis des années. Les constructions ne sont pas autorisées sur ces terres considérées instables. Malheureusement, les citoyens bravent tous les interdits et ne prennent jamais compte des appels incessants de la direction de l'urbanisme qui interdit toutes constructions sur ces terrains. Mais, ils n'ont guère le choix. Ils n'ont pas où construire leurs propres maisons.
Evacuations
Aux environs de la ville, quatre familles du village Ighil Bouzal où habitent plus d'une vingtaine de familles, ont dû quitter leurs habitations menacées d'effondrement et se sont réfugiées chez des proches. Même le chemin menant vers ce village a été bloqué à la circulation pour garantir la sécurité des riverains. Le spectacle et des plus désolants. D'autres habitations menacées d'effondrement ont aussi été recensées au niveau de la cité Les Sources et il sera procédé à l'évacuation des habitants si la situation venait à empirer. D'autres sites ont aussi été touchés notamment sur la RN 12 du côté de Bazourane, la cité AADL non loin de la poste qui a été inaugurée récemment, le village Gouchah, village Tadert au niveau de la cité Hocine Oukassi. D'autres sites ont aussi été touchés dont le village Rabta, Agouni Guizane au lieu dit Les Amrane où quatre familles ont été évacuées.


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