Algérie

Aya, la petite vendeuse de galettes Jijel



Au-delà même de la pauvreté et du besoin qui la contraint à faire ce petit boulot pour gagner quelques sous et aider sa famille, la présence de Aya, une fillette âgée d'une dizaine d'années à peine, sur la corniche, a agrémenté les randonnées estivales des visiteurs de ce haut lieu du tourisme jijelien.«Je m'appelle Aya », nous a-t-elle lancé quand nous lui avons demandé son prénom. «Si vous avez besoin de galette, appelez Aya», a-t-elle encore enchaînée. Vendeuse de ce pain traditionnel sur la corniche, plus exactement dans la localité de Taza, à quelques centaines de mètres avant l'arrivée à la célèbre plage des Aftis, cette fillette, visiblement marquée par une vie qui est loin d'être radieuse, est omniprésente sur la route. Ses nombreux va-et-vient entre la maison où on lui prépare les galettes à vendre et ce tronçon de la RN 43 ne semblent nullement l'éprouver. Son visage continuellement exposé aux rayons intenses du soleil, a fini par devenir basané. A sa mine, l'on devine que la petite Aya ne mène pas une vie généreuse, loin s'en faut, même si elle semble s'adonner à c'ur joie à son métier.
Sans qu'elle ne le laisse transparaître, elle renvoie pourtant le sentiment du fond de son innocence, d'un désir enfoui de mener une vie semblable à celle des autres enfants qui jouissent de vacances en bord de mer, au lieu de bondir d'un trottoir à l'autre pour vendre ses galettes. Mais d'où vient cette fillette qui se promène sur la route tel un petit ange aux allures cool, mais qui est aussi une vendeuse dans l'âme' Tantôt elle dit qu'elle vient de Bordj Bou Arréridj, et tantôt elle confesse qu'elle est de Boussaâda. En dépit de notre insistance pour en savoir plus sur cette petite fille et ses liens avec cette corniche dont elle ravitaille toute une clientèle en galettes, elle n'en dira pas plus. Est-elle recrutée par des tierces ou fait-elle ce petit job pour aider sa famille ' Accompagnée de quelques autres filles de son âge, elle s'en va, après avoir ciblé d'autres clients, sans plus prêter attention à notre présence ou à nos interrogations. L'histoire de Aya est, cependant, liée, selon des riverains, aux traditions nomades de sa famille. D'origine tzigane, de nombreux groupes de cette communauté se sont installés, depuis de longues décennies, ici et ailleurs dans certaines localités côtières.
Au début, elles vendaient du sable du temps quand cette pratique était tolérée, avant de se convertir à d'autres activités pour subsister. Vendre des galettes est naturellement un moyen pour Aya de venir en aide à sa famille. L'expérience qu'elle s'est forgée en s'adonnant à ce boulot auquel elle s'adonne durant toute l'année, a fait d'elle une vendeuse habile et audacieuse qui vient à bout sur les réticences de ses clients. Son bonheur qui se lit, d'ailleurs, sur l'innocence de son visage juvénile, est de vider rapidement son panier. Même si ce commerce anodin qu'elle pratique est inscrit au registre du travail des enfants, Aya a acquis une réputation assez particulière sur ce tronçon de la corniche. Beaucoup parmi les randonneurs et les estivants chuchotent que jamais ils ne passent par là sans goutter à ses galettes.


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