Algérie

AXA Algérie au pas de la porte d'un secteur des assurances au bord de la crise



Les résultats sur 9 mois publiés pour le secteur de l'assurance présentent quelques anomalies qui trahissent une compétition mortelle public-privé. Conséquence : la pratique de la ristourne et du paiement différé pour capter des clients s'est dangereusement élargie dans un métier où les bons risques sont «monopolisés» par le secteur public. Axa Algérie arrive sans s'ajuster à cette réalité «critique». Analyse d'un spécialiste du secteur.

AXA Algérie a lancé la semaine dernière une nouvelle gamme de produits avec grand renfort de communication. Elle concerne les deux filiales dommages (IARD) et assurance des personnes. Dans l'assurance dommage, le corporate, gisement d'affaires sous-assuré en Algérie, Axa Algérie se tourne vers les professionnels avec une offre «assurance multirisque professionnel permettant de bien protéger l'activité» des entreprises. Le leader français de l'assurance, associé à la BEA et au FNI (Fonds national d'investissement) en Algérie, «compte sortir au plus vite du piège de l'assurance automobile dans lequel les autres assureurs privés ont été confiné au bout du compte» explique un spécialiste du secteur. Le pronostic est cependant réservé sur la percée des produits AXA sur le marché de l'assurance dommage. «Le marché est miné. Les assureurs publics sont assis sur un monopole de fait des bons risques. Les grands comptes publics sont assurés chez les compagnies publiques qui peuvent se permettre de casser les tarifs des primes sur les autres produits, notamment l'assurance automobile». AXA Algérie qui arrive avec des modèles marketing standards «va découvrir à ses dépens le fonctionnement délétère du secteur». La guerre des tarifs dans l'assurance automobile conduite par la SAA, la CAAR et la CAAT «a propagé des pratiques nouvelles ces dernières années dans le secteur : l'assurance à découvert. Près de 50% du chiffre d'affaires de certaines compagnies est réalisé sur des primes à paiement différé, notamment dans le secteur professionnel. Cela conduit souvent à des litiges, à des frais financiers et à l'obligation de faire des provisions pour couvrir des risques d'impayés». AXA Algérie n'a pas prévu de s'aligner sur ses pratiques «endogènes» et va souffrir «bien au-delà que prévu» pour se faire une place dans l'assurance dommage, estime le spécialiste. Le secteur est d'ailleurs dans l'attente de la publication des premiers chiffres d'exploitation de «l'ogre AXA» à la fin du premier semestre 2012. Le développement de l'assurance des personnes, sur lequel mise AXA Algérie à travers sa nouvelle gamme d'offres, nécessite un délai de maturation. Il ne peut pas tirer la croissance de l'activité dans le terme des cinq prochaines années»

DES RESULTATS DU SECTEUR JUGES AVEC «CIRCONSPECTION»

Cette précarité du secteur de l'assurance dans lequel se déploie l'acteur AXA Algérie ne transparait pourtant pas au prime abord dans la publication des comptes du secteur pour 2011. Le chiffre d'affaires du secteur des assurances a augmenté de 8,6% à 67 milliards de DA à fin septembre 2011 par rapport à la même période de 2010, selon le Conseil national des assurances (CNA). Le chiffre d'affaires du secteur atteindrait les 86,3 milliards (mds) de DA à 2011, en hausse de 7% par rapport à 2010, selon les prévisions de clôture du CNA. La branche automobile, qui génère plus de la moitié des rendements du secteur, a progressé de 7,8% par rapport aux trois premiers trimestres de 2011 avec un CA de 33,7 mds DA, selon le CNA. Il reste que les compagnies publiques d'assurance affichent un montant des indemnités payées au titre de l'assurance automobile en baisse par rapport à 2010. Ce qui est une anomalie comptable qui laisse les observateurs du secteur circonspects au sujet de la profitabilité de l'activité. «Les garanties émises sont- elles réellement couvertes ? Telle est finalement la vraie question de la solvabilité de l'assurance. Elle ne se pose pas seulement pour les assureurs publics, mais pour tous les acteurs du secteur. Même la CCR, le réassureur public des compagnies d'assurance fait désormais problème dans le contexte de défiance qui monte dans la filière. La CCR n'a pas de garantie de l'Etat ont constaté des assureurs privés lors d'une réunion du secteur. «Il existe un vrai risque système dans un tel contexte. L'Etat n'est pas garant en dernière instance des couvertures émises par le secteur et pour la garantie desquels ils engagent d'importants frais de réassurance auprès de la CCR». Les prévisions de clôture du CNA situent la production des sociétés de dommages à 8%, alors que l'assurance des personnes qui a avancé de 26% en 2010 devrait reculer de 1,5% en 2011(6,9 mds de DA de primes) à cause de la séparation obligatoire d'avec l'IARD. Le marché algérien des assurances est aujourd'hui composé de vingt compagnies.




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