Algérie

Awal en tamazight, vous le savez, veut dire « mot, parole », mais par - delà, aux temps jadis, engagement moral d?accompagner le verbe par l?acte, comme l?enseignaient de sages ancêtres du territoire. Vint par la suite, beaucoup plus tard, l?ère de notre dictature républicaine, héritée de 1962. Là, autant le sens des mots que leur portée en termes d?« agir communicationnel », dirait le philosophe allemand Habermas, ont été refaçonnés pour nous cacher le soleil derrière un tamis, comme on dit. Les torrents de discours à sens unique de nos dirigeants et leurs attachés en communication y pourvoient ; cependant que sur bien des esprits algériens, la grossière propagande peut de moins en moins agir avec l?efficacité de la piqûre hypodermique. De plus, bien des esprits demeurent debout pour dire que la comédie ne peut plus continuer. Il en est ainsi de l?ancêtre vivant du combat pour les droits humains, l?avocat Ali Yahia Abdennour. Interdit in extremis de conférence (dûment programmée pourtant) à la Maison de la culture de Tizi Ouzou lors de la commémoration de la Journée des droits de l?homme, Me Ali Yahia vient d?essuyer un nouveau refus de son expression par le wali de Tizi Ouzou. Ce n?était pas le bendir d?un meeting qu?il aurait chauffé le sage, parce que ça n?est ni de son esprit ni de son style. Par contre, il aurait pu - et c?est ce qu?a dû craindre Ahmed Ouyahia, le chef du wali -, que l?homme aux cheveux blanchis ne mette en circulation, in vivo dans une salle, ses idées, déclarant que sans le travail de la justice et de la recherche de la vérité, toute parodie de « réconciliation nationale » ne pourra servir que des objectifs de trompeuse politique politicienne, dont pourraient capitaliser des dividendes des dirigeants et un clan de l?oligarchie au pouvoir ; sans que la nation algérienne en sorte réconciliée avec elle-même par le travail de deuil. L?interdiction d?expression en conférence publique infligée au président de la Ligue algérienne des droits de l?homme - à l?aurore de l?année 2005 - signifie aussi que nos dirigeants, les plus réfractaires aux principes des droits humains, redoublent de férocité contre tout élan de construction d?un autre entendement des réalités du pays. Juste avant le « silence ! » infligé à l?avocat, il a dit (Le Soir d?Algérie, 30 décembre) : « Affronter le réel est le seul chemin possible pour préparer un avenir meilleur. La menace du pouvoir a la vertu d?obliger les démocrates à s?unir pour aider au retour de la liberté qu?il faut libérer, car elle seule fera le reste. »
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