Algérie

Awal (2)



Blad Mickey, disait la nokta populaire pour qualifier le régime de gestion des affaires publiques sous Chadli des années 1980. Ajustant ainsi au Président son costume. Lui qui a seriné des discours à tirades « pour un avenir meilleur ». Le rire du peuple exorcisait ainsi « sa peine à vivre », dirait le regretté Rachid Mimouni. Comme quoi les mots en cette Algérie gardent encore le sens des ancêtres : awal est aussi parole devant être à l?aune de la réalisation de l?engagement pris publiquement. On ne sait pas si l?ancien Président lit aujourd?hui la presse nationale ; on ne sait pas non plus s?il lui arrive de traverser à pied, ou pas trop vite en voiture, de grandes artères de la capitale. S?il pratique les deux exercices, il doit savoir qu?une boîte appartenant à la parentèle d?un super général mis à la retraite a signé un contrat en exclusivité pour ouvrir du commerce et de l?image aux produits copyright Disney en Algérie : cartons et autres supports d?emballage, mais aussi films, gadgets et tutti quanti. S?il pratique le deuxième exercice, il a dû voir comment les personnages du génial créateur, icônes de l?American way of life, habitent déjà des trottoirs huppés de la capitale. Avant, précise le manager de l?entreprise algérienne, que cette industrie du divertissement n?ouvre des manifestations itinérantes gratuites dans le réseau scolaire national, histoire de rencontrer à la source le plus de chérubins possible, pour élargir la clientèle d?avenir. D?aucuns diront bien sûr, et à juste raison, que ce nouveau monde d?images sur les sacs d?emballage est tout de même plus vivant que les hideux sacs noirs polluant l?espace algérien. En tout cas, le président Chadli aura ainsi pris sa revanche sur le sarcasme populaire : blad Mickey, ce n?est pas de sa seule faute, d?autres chefs d?orchestre à la rapacité de gain d?argent et de comédie du pouvoir autrement plus redoutables lui ont succédé. Tenez, justement, dans l?actualité de ces temps-ci, il pourrait aussi montrer du doigt Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement qui, sans rire, nous remet son numéro de « dialogue » avec l?organisation des archs. Mais, bon Dieu, dans cette Algérie où tout embryon de représentation démocratique (parti, association, collectif d?étudiants, syndicats autonomes, etc.) est soit instrumenté, soit cassé dans l??uf, quel est l?ancrage réel de cette structure fétiche et quelle nouvelle farce veut-on nous jouer encore ?


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