Nasser HannachiL'expression artistique et culturelle est au point mort à Constantine. Tous les regards, et les actions, sont braqués sur le 15 avril 2015, date à laquelle la ville inaugurera la grande manifestation universelle baptisée «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Depuis la ratification de cettedésignation adoptée par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alesco), les projets ont été activés pour la réalisation, la réhabilitation ou la mise à niveau des infrastructures de base. Les chantiers lancés tournent pour certains à une cadence effrénée alors que d'autres piétinent. Les préparatifs de la manifestation mobilisent tous les efforts et les attentions. L'activité culturelle est, elle, portée à bouts de bras pour juste donner le change et ne pas laisser voir que Constantine a tourné le dos à la culture pour s'occuper exclusivement des chantiers culturels. Mais dans les faits, toutes les intentions sont focalisées sur ce rendez-vous en vue de le réussir, avec l'idée de donner à la cité millénaire ce coup de starter vers une pérennité culturelle rayonnant dans les onze communes, avec Cirta comme locomotive. Les chantiers battent leur plein, à des rythmes différents toutefois... Le mois d'avril avance à grand pas.Cette conjoncture a ainsi rangé l'activité culturelle dans un contexte voué en grande partie aux grilles institutionnalisées que les offices n'ont pas voulu gelées afin de ne pas donner l'impression que la culture est complètement à l'arrêt. Mais l'audience n'a pas vraiment suivi : les délocalisations des scènes et les tracas liés au transport ont fait que l'année culturelle à Constantine soit «semi sabbatique» pour ne pas dire plus... malgré les mises sous les feux de la rampe des manifestations inscrites et bien subventionnées par le ministère de la Culture.Le musée, dont les espaces n'ont pas été concernés par les opérations de lifting, continue par contre d'accueillir ses fidèles visiteurs d'autant que la période des vacances scolaires est propice aux visites. Il ne fait aucun doute que les gestionnaires ont tout simplement voulu braver le désert culturel qui s'abat tout naturellement sur la ville en raison des remue-ménages. Théâtre fermé, maisons de la culture en réhabilitation, salles de cinéma attendant depuis des lustres des lendemains meilleurs,... esplanades dépourvues de la moindre activité artistique. Le décor est planté. Il est minimaliste. Les chantiers culturels ont chassé la culture. Et ce ne sont pas ces substituts provisoires consistant à transporter les manifestations du chef-lieu extra muros, au Khroub par exemple, qui y ont changé quelque chose.La culture de proximité, qui est la première action vers sa socialisation, peine à s'imposer et attirer le public aux quatre coins de la région. Même les artistes, comédiens et amateurs ou professionnels de lettres affichent un léger repli et une froideur vis-à-vis des actions. Eux aussi attendent le jour «J» pour rayonner et «exulter» dans les douze municipalités. On retient son souffle avant le grand rush du 15 avril 2015. Le compte à rebours est enclenché. C'est le leitmotiv qui est émis au quotidien par les responsables locaux, qui iront loin dans leur démarche. Ils misent sur l'implication des citoyens pour réussir à tout prix la manifestation et redonner à Cirta sa juste valeur en la matière.Mais combien de temps la propagation de ce flash durera-t-elle ' En clair, c'est l'occasion culturelle du siècle à ne pas rater. La culture se respire au quotidien. La borner dans une étendue, le temps que les officiels foulent le tapis rouge, serait une mise à mort des arts et des lettres. Les responsables en sont conscients et d'ores et déjà ils mettent en relief la notion de pérennité, assortie de proximité. Pour demeurer dans cette optique, la réalisation des six annexes de la culture dans les municipalités est une aubaine qui permettra une relance du secteur. L'indépendance avec laquelle ces futurs fondements seront régis redonnera aux agglomérations excentrées un autre visage de l'exercice culturel. C'est l'un des objectifs des responsables qui veulent rapprocher la culture du citoyen. Ce n'est pas encore gagné. La nécessité de puiser dans des compétences pluridisciplinaires est une condition sine qua non pour asseoir des équipes dynamiques au diapason des cultures du monde à promouvoir dans chaque endroit. N'est-ce pas un droit sans conditions de déguster diverses animations littéraires, cinématographiques, théâtrales, musicales...'Dans un autre chapitre, l'éducation et les segments relevant de la direction de la culture concourent rarement pour porter la culture aux devants des écoliers,collégiens et lycéens partout où ils se trouvent. Pour l'heure, tout ce qui est entrepris se limite aux efforts pour concrétiser l'accord entre le ministère de la Culture et le ministère de l'Education sur la relance de la lecture en milieu scolaire, que tout le monde a cru acquise depuis au moins trois années. Il n'en est rien. On en est encore au stade de la réflexion. In fine, le rapprochement de la culture du citoyen reste un discours qui cherche toujours sa traduction dans les faits. Croisons les doigts pour que le 15 avril soit le jour de naissance d'une dynamique Plusieurs infrastructures seront inaugurées. Il faudra juste les exploiter, pas en tant qu'espaces qui accueilleront des activités culturelles, mais en tant que pôles qui feront rayonner la culture en la portant partout où elle aura un consommateur, aussi hypothétique soit-il. N. H.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 25/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com