Algérie

Avoir la culture de l'effort


En ces temps où le vocabulaire vernaculaire des Algériens est truffé de « hittiste » et de « harraga », nous poursuivons, comme annoncé, nos réflexions sur la bénédiction accordée au travail dans la sunna mohammadienne. Puissent ceux qui se gargarisent de propos religieux à longueur de journée méditer les paroles prophétiques à propos de l'activité professionnelle. En outre, tous les métiers sont nobles, le Prophète réprouve le mépris et le dédain que les uns et les autres peuvent manifester envers certains travaux et certaines activités. Ainsi, enseigne-t-il à ses compagnons que la dignité de l'être humain réside dans le travail quel qu'il soit, et que le déshonneur et la perte de la face consistent à quémander l'assistance d'autrui. C'est cela qui honteux et méprisable :« Mieux vaut pour l'un d'entre vous de prendre une corde et d'aller fagoter puis ramasser une cordée de bois qu'il transportera sur son dos, puis qu'il vendra, de sorte que Dieu lui épargne le déshonneur de tendre la main à untel qui lui fera l'aumône ou la lui refusera. »Mais il se trouve qu'au moment même où l'on fait du travail productif la clé de toute reconnaissance sociale, l'accroissement de la productivité pose le douloureux problème du chômage.Ce fléau doit être pris sérieusement en compte par tous les acteurs politiques sociaux et économiques ainsi que les intellectuels théoriciens des modes de vie modernes. Nous ne pouvons pas nous résoudre dans une posture fataliste en nous disant que nous avons tout essayé, et qu'il faut subir ce fléau endémique devenu un drame de masse. Il est déterminant dans l'exclusion de franges entières de la société des circuits de la production des raisons sociales et, par delà, de la « dignité ». La réponse des pouvoirs publics à ce problème crucial est en principe une priorité absolue. En attendant, la solidarité doit être de mise tout le temps. Elle doit être agissante et opérationnelle en ces temps d'entraide et de partage qu'implique le jeûne du mois de ramadhan. Mais la solution réside davantage dans la culture de l'effort qu'il faut savoir instiller et ériger en mode de vie. Il n'est pas normal qu'un pays qui regorge de ses richesses du sol et du sous-sol s'accommode du désespoir de ses fils et de ses filles. Enfants de l'Algérie en proie à l'abattement et à la démoralisation. Mais au-delà du constat et de la parole maintes fois ressassée, c'est encore une fois une énorme révolution qui doit s'opérer dans les mentalités pour peu que l'horizon n'apparaisse plus opaque. Une reprise en main de la destinée des jeunes Algériens doit être effectuée. Ils ont à s'ébrouer, se relever et aller travailler avec courage et détermination. Car ce n'est que du « dedans », comme le dit François Mauriac, qu'une âme jeune et probe peut trouver le salut. C'est l'engagement du citoyen pour son pays pour y élaborer une société prospère, fraternelle et solidaire. Cela est dans le même ordre d'idées que ce qui est induit par la parole attribuée en premier à John Fitzgerald Kennedy : « Ne vous demandez-vous pas ce que fait votre pays pour vous. Mais plutôt interrogez-vous sur ce que ferez pour votre pays. »Nous aurons encore une suite à ces réflexions dans la prochaine chronique.
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