Avoir l''il sur les algorithmes

Dans un papier publié sur le site www.opinion-internationale.com, l'expert Omar Seghrouchni, « fondateur de StragIS et spécialiste des architectures des systèmes d'information », livre un panorama des différents arsenaux juridiques mis en place par de nombreux Etats pour généraliser la collecte des données numériques. A la fin de son papier, il avertit pourtant que « les acteurs premiers de la surveillance de masse ne sont pas ceux à qui l'on pense toujours... Si la surveillance assurée par l'Etat est sujette à un certain encadrement législatif, celle déclinée par le privé peut se révéler inquiétante ». Il explique, en effet, qu'aux côtés des Etats, mus par des considérations de sécurité et de surveillance, la collecte massive de données personnelles est également l'objet de dispositifs mis en place « par les compagnies d'assurances, les sociétés d'autoroutes, de taxis, les fournisseurs d'énergie, les plateformes de santé, les applications de réservation de restaurants, les compagnies aériennes, les consortiums de cartes de crédit... sans oublier Facebook, Google, Twitter... ». Poussant plus loin son analyse, il fait remarquer que la puissance de ces dispositifs n'est pas tant dans le seul accès aux données, mais elle se situe, à ses yeux, « dans l'interprétation de l'interconnexion de ces différentes données ». Cette force viendrait, en effet, de « la maîtrise des algorithmes utilisés pour analyser ces données en grand volume, communément appelé big data ». Partant de là, il considère peu opportun de se soucier de la protection de données personnelles, mais plus important de regarder du côté de l'encadrement des algorithmes mis en ?uvre pour faire le travail de recoupement. « Il ne suffit pas de fermer ou réduire le débit du robinet des données, il faut s'assurer de la potabilité de l'eau qui coule », explique-t-il.