Avis mitigés chez les opérateurs

Un enthousiasme nourri par les offres promotionnelles certes, mais aussi et surtout par la multiplication des offres d'abonnement prépayées et les packs qui proposent en plus des terminaux GSM à  des prix accessibles à  tous. Autant de facteurs qui ont permis au marché de s'emballer. Depuis, l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) revoit sa réglementation et resserre l'étau autour des trois opérateurs qui se disputent âprement les parts de marché. L'ARPT a dans ce sens publié un nouveau texte destiné à  réglementer ces offres commerciales. La décision n°10 du 7 mars 2012 régente ainsi les durées des offres promotionnelles, les intervalles entre les offres et les modalités de leur contrôle par l'Autorité de régulation. Elle consacre aussi un chapitre spécifique aux obligations des opérateurs en termes de publicité. Toutefois, une disposition nouvellement introduite ne semble pas avoir l'assentiment de tous. L'article 15 du texte en question précise que «les offres promotionnelles accompagnant l'achat d'un appareil téléphonique en accordant un crédit en minutes ou un rabais sur facture sont autorisées pour les offres tarifaires de type post-payé expressément souscrites par contrat et sont strictement interdites pour les offres tarifaires de type prépayé». Premier à  s'en offusquer, Ahmed Hamoui, ancien directeur de l'Agence nationale des fréquences et actuel conseiller télécoms auprès de l'opérateur Nedjma. Il justifie ses doutes quant à  la pertinence d'une telle disposition dans la structure du marché, qui compte 95% d'abonnements prépayés. Du fait de la nouvelle interdiction, cette pléthore d'abonnés se trouve ainsi, selon lui, exclue des offres pack.  M. Hamoui considère aussi que priver les abonnés pré-paid des offres pack signifie restreindre le champ des offres du marché vu que ce sont les packs qui font tourner les offres. Une incohérence qui est aussi palpable dans le fait que les offres pack ont permis de juguler le marché des terminaux GSM, notamment ceux d'entrée de gamme vers les canaux formels et légaux et ont contribué à  réduire le poids des équipements importés illégalement sur le marché. A ces griefs, l'ARPT n'a pas souhaité répondre et aucun responsable n'était disponible, hier, afin de répondre à  nos questions. De leur côté, les opérateurs, premiers concernés par cette mesure, y sont allés de leurs commentaires. De source autorisée, chez Nedjma, on adhère tout naturellement «à la substance des analyses développées par M. Hamoui qui sont fondées et correspondent à  la réalité du marché». Pour sa part, Djezzy, qui est déjà englué dans de fastidieuses négociations avec le gouvernement algérien pour une prise de participation majoritaire, ne se risque à  aucun commentaire. Et il est revenu à  l'opérateur historique Mobilis de soutenir la position de l'ARPT. Le conseiller auprès du PDG de l'opérateur public, Mohamed Daas, nous a ainsi expliqué que la décision de l'ARPT a pour objectif de pousser le marché à  prédominance pré-paid vers la maturité en l'orientant sur les abonnements post-paid. Il s'agit, selon lui, de fidéliser une clientèle et de la fiabiliser grâce à  une gestion plus pointue de la facturation et de la connaissance du client. M. Daas évoque aussi les possibilités d'élargir les offres et les services grâce à  la commercialisation de smartphones et le développement des services data. Il indique que le post-paid offre un ARPU (revenu moyen par abonné) plus important qu'en pré-paid. Cela permet la commercialisation de terminaux GSM de type smartphone avec des recouvrements échelonnés, ce que Mobilis a d'ailleurs fait avec la commercialisation du Blackberry. Aussi, selon M. Daas, avec un pouvoir d'achat plus important des abonnés mobiles, il serait plus intéressant de les fidéliser vers une seule offre, riche en services de Edge, au lieu de les éparpiller sur plusieurs abonnements de base. Cela permettrait de préparer le marché aux meilleures
conditions pour l'introduction de la 3G.