Des émeutes sociales ont été violemment réprimées au Marocet en Tunisie. Après l'Egypte et l'Algérie, on peut dire que c'est l'alertesociale générale.En Tunisie, la contestation dure depuis des semaines dansle bassin minier de Gafsa et, apparemment, les pouvoirs publics n'ont pastrouvé la bonne méthode pour organiser le dialogue social. Un manifestant a ététué vendredi par balle à Redeyef et plusieurs ont étéblessés dans la répression policière d'un mouvement qui n'a cessé de durcir. C'estle deuxième décès enregistré dans la région minière de Gafsa, en proie à unecontestation sociale sans précédent dans une Tunisie très surveillée. Lacontestation révèle une autre image sociale d'un pays qui affiche des taux decroissance élevés et qui est donné en exemple par les institutions financièresinternationales. Ce décor social est celui des inégalités et du chômage quitouche de nombreux diplômés.Au Maroc, le même phénomène est enregistré. Et legouvernement semble choisir la diversion commode en s'en prenant avec virulenceà la chaîne Al-Jazira accusée de désinformation. Pourtant,la chaîne qatarie n'a pas inventé ce qui s'est passé à Sidi Ifni, où deviolents affrontements ont opposé des chômeurs aux forces de l'ordre. Legouvernement marocain affirme que le bilan de ces affrontements n'est «que» de 44blessés « légers». Mais il est contredit, non par Al-Jaziramais par le Centre marocain des droits humains (CMDH), qui fait état d'un bilanplus lourd, entre «un et cinq morts». Il faut d'ailleurs vivement souhaiter quele gouvernement ait raison car il n'y a rien de réjouissant à ce qu'il y aitdes morts dans une simple manifestation de chômeurs.Les évènements de Redeyef et deSidi Ifni sont des indicateurs de plus d'une contestation sociale qui semblefaire un long arc de cercle de la Mauritanie à l'Egypte. Les plus pauvres ont tendance à neplus se résigner et à manifester ouvertement leurs colères. Que cela arrivemême dans des pays à la «tradition policière» éprouvée est un signe qui netrompe pas.La Mauritanie est sans doute le maillon social le plus risqué. Elle adéjà connu des émeutes l'automne dernier et les experts considèrent que l'année2008 sera celle de tous les dangers. La flambée des prix des produitsalimentaires, lourdement ressentie par les pays maghrébins, pourrait en effetavoir de très graves effets pour la Mauritanie qui importe 70% de ses besoins.Pour ceux qui pensaient que l'émeute n'était qu'algérienne,il faut bien élargir la vision. Elle s'étend à l'ensemble des pays du Maghreb. Elletouche également l'Egypte, où les contestataires essayent aussi d'inventer denouvelles formes d'action pour éviter l'émeute qui conduit inéluctablement à larépression. Au pays des pharaons, la crise du pain subventionné comportait untel danger que le gouvernement a dû mettre l'armée et la police à contributionpour fabriquer le pain et le distribuer.Le nord de l'Afrique donne une image frappante d'unité dansl'ébullition sociale, organisée parfois, désordonnée le plus souvent. Il fautbien chercher un dénominateur commun à ce phénomène. Sans doute faut-il letrouver dans la faiblesse du dialogue social dans des pays où le souciobsessionnel du contrôle politique, voire policier l'emporte sur l'impératifd'avoir une représentation politique et sociale authentique. Les signaux sontau rouge. Il y a bien avis de tempêtes sociales dans l'ensemble des pays dunord de l'Afrique.
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Posté Le : 09/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com