Avec l'adoption des dernières mesures pour essayer de circonscrire la pandémie de Covid-19, le gouvernement reconnaît, à demi-mot, l'échec de la stratégie arrêtée depuis mi-mars dans la lutte contre cette maladie.Une épidémie qui en 4 mois, depuis la déclaration officielle du premier cas, aura contaminé des dizaines de milliers de citoyens et dépassé en quelques jours le cap des 1000 décès. Il y a là de quoi préoccuper la majeure partie des citoyens qui restent suspendus aux communiqués laconiques officiels diffusés chaque jour par les médias. De simples bilans macabres des contaminations et des guérisons, sans autre explication, qui, quand ils ne suscitent pas davantage d'inquiétude chez quelques-uns, confirment pour la plupart que le pays est entré de plain-pied dans une phase de déconfinement, et que la vie sociale peut reprendre le plus normalement.
Faut-il alors s'étonner devant de telles carences en matière de communication et de sensibilisation de la population que l'épidémie connaisse un tel rebondissement du fait du relâchement de la vigilance presque générale, conséquence première de ce déficit en matière de communication officielle. Les autorités exécutives, et en premier le chef de l'Etat lui-même, se sont voulues rassurantes en annonçant sur tous les toits de nos douars et déchras, la création de comités d'experts, de conseils scientifiques de suivi de cette maladie, confiés à des personnalités de renom, reconnues souvent internationalement, sans que cela ne soit suivi de résultats.
Pas la moindre information, pas la moindre image de ces personnalités n'a été diffusée sur les chaînes de radio, de télé ou dans la presse écrite... On en viendrait même à douter que ce ne sont là que de simples effets d'annonce destinés à la consommation interne. Tout comme on en vient à supposer que même si ces personnes, censées faire autorité en médecine et dans la recherche médicale, aient accepté la sollicitation des autorités algériennes, pourquoi jusqu'à présent pas le moindre conseil ou recommandation émanant de ces instances n'a été diffusé aux Algériens à travers les médias et les réseaux sociaux.
Bien au contraire, certaines voix du milieu médical se sont élevées pour en contester leur composition. Pas la moindre apparition de ces personnes qui aurait pu rassurer, convaincre et persuader les citoyens de la nécessité de se prémunir face à une maladie qui, loin de connaître le moindre reflux, donne au contraire l'impression, comme disent les médecins, d'évoluer à «bas bruit».
Dans ces conditions, on comprend mieux le coup de gueule du président de l'Ordre national des médecins, le seul à prendre la parole en dehors des cénacles officiels, pour alerter la population et demander des autorités à faire en sorte que ces responsables désignés rendent des comptes d'abord aux Algériens, à l'opinion publique nationale. Tout comme il persiste à mettre le doigt là où ça fait mal, les dysfonctionnements du système sanitaire et des structures dédiées à la lutte contre la Covid-19 sur le manque scandaleux de moyens, comme la pénurie d'oxygène en salle de réanimation, l'absence d'équipements pour le personnel soignant et surtout de tests de dépistage...
Alors, face à autant de problèmes si élémentaires, l'annonce de la mise à la disposition du ministre de la Santé d'un avion de la Présidence pour ses missions d'inspection à travers les wilayas paraît si dérisoire. Un jour viendra où des enquêtes indépendantes dévoileront l'ampleur qu'aura eu cette pandémie sur les Algériens. En attendant, il faut se préparer, de l'avis des experts de l'Organisation mondiale de la santé, à la venue de la seconde vague de la Covid-19 en octobre ou en novembre, alors que chez nous, l'on n'a pas encore fini avec l'actuelle.
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Posté Le : 12/07/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : www.elwatan.com