En plein processus d'aménagement, la ZI de Tafraoui jette les bases d'un futur pôle économique multisectoriel dans la région sud d'Oran. Mais c'est aller trop vite en besogne que de dire qu'un tel pôle existe déjà ou est imminent, tant l'œuvre en est encore à ses premiers coups de pinceau. C'est une entreprise hyper-coûteuse et de longue haleine. Pour l'heure, l'un des éléments manquants du tableau : une connexion routière répondant aux normes. Cela n'a pas échappé aux pouvoirs publics qui ont déjà conçu une solution. Mais celle-ci a besoin d'une décision d'en haut pour sortir de l'engrenage infernal de la budgétisation.
En plein essor depuis l'implantation de l'usine FIAT, qui joue dès lors un rôle d'entraînement allant bien au-delà de la petite sphère liée au réseau de sous-traitance de la construction automobile, la Zone industrielle de Tafraoui aux contours géométriques encore ouverts ne peut plus s'accommoder avec la configuration routière obsolète qui la connecte à la métropole. Une vieille petite route à double sens, usée jusqu'au corps de chaussée qui dessert, sur son passage, le patelin d'El-Hamoul et d'innombrables hameaux épars, accessible par une bretelle à partir d'un échangeur en pont sur la RN4 reliant Oran à Oued Tlélat. Tel est jusqu'ici le passage obligé pour rallier la ZI de Tafraoui, mais également des dizaines d'entités industrielles et de plateformes logistiques pignon sur rue installés tout au long de l'axe qui se prolonge jusqu'aux frontières avec la wilaya d'Aïn Témouchent via Tamzourah. La situation était déjà compliquée mais avec l'arrivée de FIAT elle est devenue tout simplement intenable. Et, en tout cas, encore plus handicapante pour la dynamique économique induite sur son sillage par l'émergence d'un grand parc industriel en devenir. Il fallait donc rectifier le tir par la mise en place d'une voie d'accès appropriée afin de fluidifier le trafic de transport de marchandises et le mouvement de va-et-vient vers ce nouveau pôle. Un acte qui aurait dû être accompli antérieurement dans le cadre d'une étude globale d'aménagement d'une nouvelle ZI comprenant, cela s'entend, le module accessibilité.
Etude ficelée et une demande en inscription
Devant le fait accompli et pour parer au plus pressant, une étude a été confiée au CTTP (Organisme national de contrôle technique des travaux publics) pour concevoir une liaison autoroutière directe entre la ZI de Tafraoui et la RN 4, et par effet d'interconnexion l'Autoroute Est-Ouest (AEO) et la pénétrante du port d'Oran. L'étude est désormais ficelée et approuvée localement et la wilaya a par le biais de la direction des Travaux publics (DTP), officiellement sollicité, sur la base d'un dossier transmis à sa tutelle (le ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base), l'inscription de l'opération, pour un coût estimatif de l'ordre de 3 milliards de DA, avec comme intitulé officiel du projet : « Dédoublement de la RN-108 à partir de l'échangeur El Hamoul /RN-4 jusqu'aux frontières avec la wilaya d'Aïn Témouchent ». Longue de 12 km, cette nouvelle liaison autoroutière est projetée à partir de la RN-4 dans l'optique d'une meilleure interconnexion de la Zone industrielle de Tafraoui avec le réseau routier local et inter-wilayas, notamment les grandes voies de transport que sont l'Autoroute Est-Ouest et la pénétrante portuaire. L'étude d'avant-projet définitif (APD) étant finalisée. La section aura pour point de départ la bretelle à hauteur de l'échangeur El Hamoul/Tafraoui sur la route nationale n°4 et s'étendra sur 12 km en tracé autoroutier neuf contournant le village d'El-Hamoul et les patelins épars pour aboutir jusqu'à la Zone industrielle de Tafraoui, avec comme objectif principal la fluidification du trafic de transport de marchandises et partant la réduction du temps de déplacement. En fait, l'étude prévoit deux variantes.
La première, la plus avantageuse en termes de coût, consiste à dédoubler et à réadapter la RN-108 en conservant le même tracé qui prend départ de l'échangeur d'El-Hamoul sur la RN4.
Trois milliards de DA pour une voie autoroutièredédiée à la ZI de Tafraoui
Autrement dit, il s'agit dans ce premier cas d'une approche «simpliste» qui suggère la reconfiguration du profil de l'ancienne route à double voies, en section autoroutière «2 fois 2 voies » sur une dizaine de kilomètres. La deuxième variante, la plus onéreuse financièrement mais la plus pertinente fonctionnellement, propose la réalisation d'un nouvel échangeur en pont avec une bretelle qui dessert via une autoroute en tracé neuf, à l'effet de contourner le village d'El-Hamoul, en guise de raccourcis réservé aux poids lourds et les véhicules lents à destination de la ZI de Tafraoui sur 13 km. L'importance du montant estimatif du projet (300 milliards de centimes) est due à deux éléments. D'une part, l'expropriation de terres agricoles (propriétés privées si bien qu'il existe également des EAI et EAC à base d'arrêtés de concession de droit de jouissance situées sur l'emprise du tracé autoroutier). Et de l'autre, la nature marécageuse d'une bonne partie des terrains à travers desquels devra passer (inévitablement) l'itinéraire en raison de leur proximité avec la Grande Sebkha d'Oran. L'alternative d'une combinaison par tronçons entre les deux variantes est également prise en ligne de compte par le maître d'œuvre. Classée route nationale, la voie reliant Oran à Aïn Témouchent via l'échangeur d'El-Hamoul à partir de l'Autoroute Est-Ouest est un laboratoire grandeur nature des effets de dégradation.
C'est aussi un bien triste cas d'école du non-entretien routier. Tous les péjoratifs ne suffisent pas pour décrire la RN 108.
La RN-108: une route nationale aux relents d'un chemin rural
Tout y est: déformations de chaussée, orniérage à grand rayon, faïençage, fissuration, tassement, affaissement de rive, usure de la bande de roulement, traverses, ondulations, absence de drainage, formation de bourbier sur l'accotement, fluage de remblais, nids de poule... Sur plusieurs dizaines de kilomètres, depuis la bretelle de l'autoroute jusqu'aux limites de la wilaya d'Oran au fin-fond de la localité mi-rurale mi-zone d'activité d'El-Hamoul. Et dire que c'est une voie de communication classée par décret parmi la liste des routes nationales parce que censée remplir un certain nombre de critères. Il n'en est rien sur le terrain. Le contraste est choquant. A tous égards. Le supplice commence dès le petit panneau d'entrée au patelin d'El-Hamoul. A partir de ce point de départ, la route enlève son charmant voile de RN 108 pour exposer au grand public son repoussant vrai visage de piste de tous les maux. Au bout d'à peine 300 m de chaussée en état pathologique complexe, dans la poussière et le vacarme des poids lourds, apparaît la première micro-zone d'ombre : le petit bourg d'El-Hamoul. Une bourgade qui vit en marge du temps, bien loin de ce que l'on appelle la civilisation et la vie décente. On ne peut pourtant même pas parler de banlieue, la ville d'Oran étant à portée de vue. Relevant administrativement de la commune de Tafraoui, l'une des plus pauvres contrées d'Oran, la modeste agglomération d'El-Hamoul est sortie de l'anonymat peu à peu à la faveur de certains grands projets qui ont élu domicile dans sa zone d'activité déstructurée et désarticulée, à l'image de la grande raffinerie oranaise du sucre du groupe Berrahal et le complexe de trituration de graines oléagineuses, raffinage et conditionnement des huiles végétales du groupe SIM.
Mais c'était, sans nul doute, surtout grâce au fameux projet d'usine du constructeur automobile FIAT inaugurée en décembre 2023, dans le cadre d'un partenariat avec le groupe multinational STELLANTIS, que la région de Tafraoui et plus particulierement sa localité d'El-Hamoul ont gagné en notoriété.
Un pôle économique en plein processus d'aménagement
Le futur Pôle économique à vocation industrielle implanté dans la région de Tafraoui-El Hamoul est en plein processus d'aménagement. Composé essentiellement d'une hyper zone industrielle (ZI), sa structure principale, d'une zone d'activités (ZA) et d'une mini-zone d'activités (M-ZA), auxquelles il faut ajouter plusieurs dizaines d'entités industrielles et autres chaînes logistiques éparses, ce Pôle économique Oran-Sud revêt d'un intérêt tout particulier de la part des pouvoirs publics. Dernier fait en date, le lancement des travaux de viabilisation du 4ème et dernier lot, portant la dénomination de « zone D » dans le plan de zoning de la Zone Industrielle de Tafraoui, ainsi que le coup d'envoi de l'opération de viabilisation de l'ensemble de la Zone d'activités avec micro ZA intégrée portant le même nom éponyme de Tafraoui.
Une présentation sur site du master-plan de ce Pôle avec un point de situation sur l'état d'avancement du projet a d'ailleurs été faite en début de semaine écoulée par devant le wali d'Oran, Samir Chibani, par les soins du directeur de l'Urbanisme, de l'Architecture et de la Construction (DUAC), le maître d'ouvrage. S'étendant sur une immense superficie de 576 ha, la ZI de Tafraoui a vu récemment l'entrée en matière des opérations de viabilisation pour son tout dernier maillon, en l'occurrence la « zone D » pour se référer au plan de découpage - ou de zonage - du site, et ce sachant que les trois autres maillons ont été presque achevés : 100% pour les zones A et B et 95% pour la zone D. Couvrant une superficie de 80 ha, la « zone D » est ciblée par des actions de viabilité d'une importante consistance, comportant la voirie, les réseaux AEP et d'assainissement ainsi que les circuits inhérents au système anti-incendie.
Le coût financier de ce 4ème lot de la ZI de Tafraoui est légèrement le plus élevé comparativement aux trois autres sous-sites A, B et C, son devis étant de l'ordre de 860 millions de DA. Et ce, sachant que le devis global de l'opération de viabilisation de la ZI de Tafraoui est estimé à 3,12 milliards de DA.
L'usine FIAT en moteur des rouages
Considérée comme étant le premier jalon, noyau dur et élément structurant, tout à la fois, de cet hyper-parc industriel, l'usine de fabrication automobile FIAT, entrée en production le 11 décembre 2023 et qui compte produire 90.000 véhicules en CKD d'ici 2026, avec un taux d'intégration de plus de 35 %, soit deux ans avant le seuil réglementaire de 30% prévu en 2028, n'en finit pas de drainer sur sa lancée des PME-PMI spécialisées pour mettre en place autour d'elle un réseau de sous-traitance automobile. A l'image de l'usine en cours de construction de fabrication de pneumatiques et bandages, un ambitieux investissement d'une entreprise privée 100% algérienne du nom Sarl El Hadj Larbi industries. A quelques centaines de mètres de là, on assiste à l'émergence à un rythme accéléré d'un ensemble « ZA micro ZA », pour ainsi dire, d'une superficie globale de 92 ha (87 5), dont le projet de viabilisation vient d'entrer dans le vif du sujet la semaine passée. Constituée de 159 lots (entre 900 et 30.000 m² de superficie) chacune, dont 149 déjà attribués et même déjà en plein processus de réalisation pour 5 d'entre eux, la nouvelle Zone d'activité de Tafraoui fait l'objet, elle aussi, d'un consistent projet de viabilisation piloté par la DUAC pour un montant de crédit de 340 millions de DA, avec comme entreprise de réalisation : Eurl Centre Djettou des Routes et bureau d'études, de contrôle et de suivi URBOR. La mini Zone d'Activité annexée au même site, d'une superficie de 5 ha, comprend quant à elle 48 lots, allant de 200 à 500 m². Ces assiettes foncières seront mises à la disposition des jeunes porteurs de startups et PME susceptibles de booster l'économie locale en créant de la valeur ajoutée et de l'emploi.
Posté Le : 07/01/2025
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com