Algérie

Avec pratiquement 80% de vieux bâtis



Alger, Oran et Constantine ne résisteront pas à un séisme Pour les sismologues et les spécialistes de l’urbanisme, les grandes métropoles du pays, Alger, Oran ou Constantine, assises sur pratiquement 80% de vieux bâtis et parsemées de nouvelles constructions anarchiques pour la plupart, sont tellement vulnérables qu’elles ne résisteront pas à une secousse de grande intensité. En conclave,hier, au forum d’El-Moudjahid, les experts en génie parasismiques et les urbanistes reviendront avec acuité sur la problématique du vieux bâti et les effets des risques majeurs sur l’Algérie, avec comme arrière-goût le triste tremblement d’El-Asnam un certain 10 octobre 1980. Vingt sept après, le pays n’a pas encore pansé ses blessures qu’une inondation est venu submerger Bab El-Oued dans son sommeil le 11 novembre 2001 et un autre séisme frapper Boumerdès le 21 mai 2003 avec son lot de victimes et dégâts matériels importants. Notre pays se trouve ainsi confronté à un sérieux problème en matière de construction et d’habitat de base, soulignera d’emblé le Pr. Chelghoum de l’USTHB, expert en parasismique. Depuis, un arsenal juridique est mis en place pour prévenir ces risques qui font maintenant partie de notre vécu quotidien puisque de petites répliques sont enregistrées par-ci par-là. Pour la directrice de la construction et de la recherche au ministère de l’Habitat, Aït Mesbah, la loi 04/20 du 25 décembre 2004 sur la prévention des risques majeurs a été un véritable cadre qui a permis, d’une part, d’asseoir la maîtrise du risque sismique et, d’autre part, d’intégrer ces risques dans le Plan de développement et d’aménagement urbain (PDAU). D’autres structures, qui ne sont pas des moindres, sont venues pour accompagner tout ce travail de prévention en profondeur, avec la mise en place notamment du système national de gestion de crise, des plans d’intervention et d’assistance à l’échelle local, en attendant la création de la délégation nationale du risque majeur, genre de centre de pilotage des opérations de prévention sur tout le territoire national. Le président du CRAAG, M. Iles, ne l’entend pas de cette oreille, lorsqu’il préconise de passer en urgence du stade quantitatif (batteries de textes) au stade qualitatif du moment où l’activité sismique est, d’après lui, quasi permanente. «Il n’est pas question seulement du code parasismique, mais il s’agit, selon lui, en fait, d’un acte quotidien de tous les acteurs intervenant dans l’acte de bâtir, à commencer par le maçon jusqu’au maître de l’ouvrage. Selon lui, il est presque indispensable de trouver des aspects contraignants pour réduire ces risques. Certes, reconnaît-il, les grands agrégats existent; néanmoins, il est temps d’aller sur le terrain pour mesurer ces risques. En face de lui, le spécialiste en génie parasismique Belazougui remonte à 1985, l’année de la création du CGS par décret après le terrible séisme d’El-Asnam. Ce n’est qu’au dernier séisme de Boumerdès que les choses sont devenues, à ses yeux, sérieuses, avec la loi du 25 décembre 2004. Toutefois, il regrette le fait que la délégation nationale des risques majeurs, véritable coordinateur des efforts multisectoriels, ait pris autant de retard qui a fait que l’Etat ne s’est pas manifesté à temps pour démolir les constructions sans permis et qui risque de nous faire retomber dans l’anarchie urbanistique. S’y ajoutent d’autres outils de prévention des risques, à savoir la loi du 26 août 2003 qui instaure l’obligation d’assurance risque ou catastrophe, le centre national d’aide à la décision qui attend d’être créé, ainsi que les expériences hautement acquises de la protection civile, de la DG des forêts, de l’agence spatiale nationale, le CRAAG, l’organisme national de météorologie et l’agence nationale de l’hydraulique. A ce jour, rétorque l’adjointe de Noureddine Moussa, seules deux études de vulnérabilité ont été entreprises par la wilaya d’Alger pour délimiter la carte d’aléa sismique de la métropole. Trois autres métropoles -Oran, Annaba, Constantine- ont formulé elles aussi la demande pour diagnostiquer leur vieux bâti qui accapare 80% de leurs espaces. «Loin et même très loin des performances du pays du Soleil levant où leurs systèmes de réduction des risques majeurs coûtent pas moins de 750 millions de dollars», regrette le président du CRAAG.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)