Algérie

Avec les SDF...






Du jour au lendemain de simples citoyens se retrouvent sans emploi et sans domicile fixe. Sétif, à l’instar des grandes agglomérations du pays, n’échappe pas à un tel phénomène touchant même les enfants, premières victimes de la rue. N’étant pour rien dans les querelles et bêtises des adultes, ces innocents bambins méritent un bien meilleur sort et une protection de la société qui ne veut pas les voir. En ce début d’hiver qui s’annonce dur, et rude du côté de la capitale des Hauts Plateaux et de sa région, nous avons jugé utile d’approcher Lynda, Aïcha et Houria, qui sont dans l’attente d’une bouée de sauvetage qui n’arrive pas. Avant la tombée de la nuit, ces vulnérables citoyennes se mêlent à la grande foule, laquelle ne soucie que de son bien-être. « Pour notre survie, nous sommes dans l’obligation de tendre la main, à côté d’une mosquée, d’un magasin, souk où devant les portes des banques et postes», dira une dame n’ayant pas voulu divulguer son identité. La mère de Abderezak, 12 ans et Chaïma, 5 ans, n’ayant elle-même que 35 ans, est marquée par les épreuves endurées. Les murs du Crédit populaire d’Algérie (CPA) et les parages de Aïn El Fouarra où on se sent plus ou moins en sécurité, sont les points de chute de ces occupants de la rue, en proie aux agressions des désoeuvrés et aux caprices du thermomètre qui tombe au dessous de zéro, en ces nuits glaciales. Les responsables de la municipalité et de l’action sociale sont interpellés pour secourir ces citoyens, notamment les enfants incapables de résister à l’hypothermie qui les guette.
Après des années passées à Alger, Houria B. trouve refuge, quotidiennement, sous un lampadaire d’un magasin distant de quelques mètres de la célèbre fontaine. Le visage de la femme qui retrouve sa ville natale en 2008, exprime toute la détresse du monde. «Cela fait des années que je ne dors pas la nuit. Pour éviter une agression ou une mauvaise surprise, je reste éveillée. La levée du jour me permet de faire un petit somme», dira avec une grande pudeur Houria qui cache son désarroi derrière un nikab. En ce début d’hiver, notre interlocutrice n’est protégée que par une vétuste couverture. Des cartons faisant office de «tapis» la protège du froid d’un sol qui tourne le dos à ses propres enfants. Cette humble femme qui a besoin d’une protection sanitaire et sociale, n’a, à l’instar des autres SDF, besoin que d’un petit espace «chaud». Rencontrée plus loin, Aïcha, une jeune femme de 25 ans, vit dehors depuis plus de 8 ans. Le décès de sa mère et le mauvais traitement de sa marâtre, ont forcé la jeune fille à quitter le domicile familial. « La rue nous prive non seulement de notre dignité mais de notre intimité », dit la jeune femme marquée par le temps (Z’man) et l’indifférence d’une société individualiste. Allongée à côté d’elle, un homme fait d’un coin du CPA, son lit. Ne pouvant supporter un mari oisif et empêtré dans de scabreuses affaires de drogue et de mauvaises fréquentations, Lynda, 36 ans, a fini par divorcer. Avec trois filles et un garçon à sa charge, celle-ci ne sait plus où aller depuis l’été 2009. Les autorités de la ville et de la wilaya, pourtant saisis de son cas, n’ont rien fait pour elle. «Je ne demande pas l’aumône mais un toit pour mes enfants dont la scolarité est plus que jamais compromise. L’Etat qui ne ménage aucun effort pour la prise en charge des couches défavorisées, nous oublie. J’ai peur pour la santé et l’avenir de mes gamins», souligne, en éclatant en sanglots, notre interlocutrice, une habituée des arcades de la Banque centrale d’Algérie (BCA), fermée depuis de longues années. En attendant des jours meilleurs et, surtout  une réaction des autorités ayant la charge et le devoir de protéger les plus vulnérables de la société, ces frêles silhouettes, ayant à l’instar de leurs concitoyens droit à une vie décente, vivotent en silence…                           
 


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