La Banque d'Algérie va noter les banques. Souci
d'anticipation de leur vulnérabilité. Après le lancement, le mois dernier, de
deux indices, l'un qui prévoit l'inflation de cours terme, l'autre qui
l'explique, la Banque
d'Algérie poursuit son propre agenda de la modernisation. En vase clos. En
décalage avec les interpellations des créateurs d'activités.
La Banque d'Algérie a annoncé deux
initiatives en un mois. La seconde, la semaine dernière. Les banques
commerciales et tous les établissements financiers seront notés. Le gouverneur
de l'institution, Mohamed Laksaci, a expliqué que le
système de notation de banques qui va démarrer au second semestre de l'année a
pour objectif essentiel de préserver la stabilité du système financier, en
particulier à «renforcer la capacité de détection précoce de vulnérabilité des
banques et établissements financiers» et à «protéger les déposants». C'est le
FMI et le Trésor américain qui ont concouru à la formation des jeunes
inspecteurs qui produiront ce système de notation. La Banque d'Algérie a présenté
à l'ensemble des dirigeants bancaires de la place d'Alger le mois dernier son
nouvel indice prévisionnel de l'inflation à court terme et son modèle
explicatif de la hausse des prix, réalisé par sa direction des études. Mohamed Laksaci en avait d'ailleurs profité pour décréter que, dans
le sillage de l'amendement de loi sur la monnaie et le crédit d'août dernier, la
maîtrise de l'inflation devenait la première mission de son institution. Les
commentaires étaient alors circonspects. L'agenda de la banque d'Algérie
correspond très peu à celui des acteurs financiers et économiques du pays. L'annonce
de ce système de notation, sans doute bienvenue, encore plus avant le krach de
Khalifa Bank, mais peu en phase avec les priorités de
l'heure, ne va pas améliorer le sentiment de désynchronisation de la Banque d'Algérie d'avec les
problèmes de l'intermédiation financière dans le pays.
«Un agenda de Wall Street…»
«L'agenda sur
lequel travaille la Banque
d'Algérie est celui de Wall Street.
Il traque les risques complexes de la titrisation excessive et de la vente à
découvert. Il n'a pas de sens dans le contexte algérien où le taux d'épargne
est l'un des plus élevés du monde, où les entreprises innovantes du privé
souffrent d'un phénomène d'éviction du crédit et où la monétique et la
bancarisation sont squelettiques» affirme Amine Guerdjou,
ancien administrateur de fonds d'investissement en Tunisie, consultant
financier international. Cela dit la notation des banques et des établissements
financiers est toujours bonne à prendre. «En Algérie, elle n'aura pas de
grandes incidences dans le cours terme. La place est binaire. D'un côté les
banques publiques. Leur capitalisation et leurs règles prudentielles les feront
toujours avoir une bonne notation, même avec des créances douteuses avec le
secteur public. De l'autre côté, les filiales et mieux encore, les succursales
des banques étrangères implantées dans le pays, seront toujours observées en
priorité avec la notation de la maison mère. Le double AA de HSBC pèsera
toujours plus que la notation que donnera la Banque d'Algérie à sa succursale algérienne». La
notation des banques comptera dans un système de risque, de concurrence et
d'acteurs plus ouvert. En attendant, les dirigeants des banques espèrent des
réformes qui relancent la machine. Le PDG de HSBC Algérie déclarait l'autre
semaine qu'il «sentait bien» l'avènement dès avant la fin de l'année 2011, «d'un
marché à terme de devises». Une réforme esquissée déjà par le passé qui permet
de réduire les risques de changes, et d'améliorer la disponibilité des devises
au profit des opérateurs. Parmi les autres «dépoussiérages» à la Banque d'Algérie souvent
appelées du vÅ“u des chefs d'entreprises, la levée de la limitation des
exportations de devises en vue de conquérir des actifs à l'étranger. Le
président de Cevital, Issad Rebrab,
ne rate jamais une occasion pour rappeler que l'expansion de son groupe à
l'international est toujours entravée par cette mesure. Sonatrach
qui depuis des années paye ses acquisitions à l'étranger avec des créances non
perçues sur ses clients, est dans la même situation. Comme si, subitement la
mode de la notation déboulait dans le paysage, Cagex
a décidé à son tour de noter les entreprises algériennes. Tout comme la notation
des banques, c'est utile. Mais cela ne répond pas à l'essentiel.
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Posté Le : 28/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com