Il devient clair qu'il serait temps de s'attabler autour de propositions. A condition, bien entendu, que lesdites propositions soient cohérentes, autrement dit, en adéquation avec les revendications de la rue. Il n'est pas question que des partis prétendument issus de l'opposition s'expriment, par exemple, au nom de cette dernière, loin d'être dupe et qui ne se laissera pas récupérer au pied levé.En se fourvoyant avec le système au lieu de militer pour faire valoir et renforcer ce que la rue a arraché, seule, comme la reconquête de la parole et des espaces publics, certains partis politiques ont aggravé leur perte de crédibilité. C'est quand même incroyable que des chefs de parti qui n'ont jamais servi, y compris leurs militants et qui ont, au contraire, toujours travaillé pour leur propre compte se réveillent aujourd'hui en réalisant qu'une Algérie qui aurait pu avoir foi en eux, mais qui y a renoncé, à son corps défendant, aurait besoin d'émissaires qui la représentent.
Certes, les algériens ont besoin de porte-parole qu'ils aimeraient pouvoir choisir librement. Personne ne dit que le dialogue est nuisible à la santé du pays. Seulement, il exige, pour être effectif, que les personnes qui y vont soient non seulement irréprochables moralement, mais aussi en totale rupture avec le système. Une rue qui en est à près de 5 mois de mobilisation, qui travaille au triomphe des libertés et porte à bout de bras les injustices dont sont victimes les populations conditionnées à obéir et à ne jamais protester, est une rue engagée. Elle exige qu'on le soit à son égard. Les uns et les autres y vont doucement, mais sûrement. Reste, hors du coup, une minorité à laquelle incomberait la mission de convaincre la majorité. C'est loin d'être évident et loin d'être gagné.
Les dérapages des forces de l'ordre n'arrangent pas l'affaire. Il n'y a pas une manifestation où la police ne procède pas à des arrestations qu'elle estime de rigueur. On arrête, pour des raisons incohérentes et surtout de façon inadmissible et condamnable, comme si les coups étaient indispensables. Au point où l'on ne souhaite plus qu'un retour urgent au calme.
M. B.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 10/07/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Malika Boussouf
Source : www.lesoirdalgerie.com